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  Le service de presse du site de Makimuku (ville de Sakurai, préfecture de Nara) tente de rivaliser avec celui de Gossakaito et nous gratifie de deux articles en deux jours ! En plus plein de sensationnalisme, en relation avec le mythique Yamatai, la non-moins mythique Himiko, le tout saupoudré de pratiques rituelles.
  Car oui, la préfecture de Nara est un (des nombreux) candidats sérieux pour être le mythique royaume du Yamatai.

  On vient de retrouver sur le site de Makimuku un... trou (il n'y a pas d'autre mot) de taille conséquente (4,3 m du nord au sud, 2,2 m d'est en ouest et 80 cm de profondeur : peut-on encore appeler ça un silo ? en plus, il semble que ça n'en sois pas un) du milieu du IIIè siècle CE, qui contenait 2000 noyaux de pêche disposés dans des paniers en bambous.



2000 noyaux de pêche ! Est-il nécessaire de préciser que c'est la première fois que l'on retrouve autant de noyaux de pêche dans un même ... trou ?
  Les conditions de conservation sont telles que la chair a été préservée dans un cas et que l'on a pu établir la présence d'individus immatures (mince, je parle comme une anthropologue... une pêche pas mûre, donc), on peut ainsi raisonnablement penser qu'il ne s'agissait pas de déchets de consommation et donc, l'explication préférée des archéologues lorsqu'ils ne comprennent pas l'utilité d'un acte, artefact, bâtiment... a pu être avancée : il s'agit d'un dépôt rituel !
  Dans l'Antiquité chinoise (et donc également japonaise), la pensée Shenxian professait que les pêches avaient un pouvoir particulier procurant longue vie et protection contre les forces du mal. Le doute n'est donc plus permis !

  Ajoutons à cela le fait que nous sommes à Nara, un des possibles candidats au titre de Yamatai, dont la reine Himiko était une sorcière, et nous pouvons logiquement conclure qu'il s'agit là des pêches de Himiko elle-même ! Les dates correspondent ! Bon, le raccourci journalistique est excusable, il faut bien vendre...

  D'un point de vue un peu plus scientifique, on peut noter que le trou recoupe les restes d'un très grand bâtiment, qualifié de palais, et qu'il aurait donc été creusé après son abandon.

  Le lendemain, dans le même journal, le Comité d'Éducation de la ville de Sakurai annonçait la découverte d'un fragment de cloche en bronze (instrument rituel s'il en est, j'avoue que même moi, sur ce coup, je ne trouve pas grand chose à redire à ça...), daté du IIè siècle CE et d'une habitation d'une puissante famille de la fin du Vè siècle ou du début du VIè siècle CE (ce type de résidences semble assez rare dans la région de Nara pour cette période).
  Le fragment de cloche mesure 3,7 cm de long pour 3,2 cm de large et 3 mm d'épaisseur, mais la cloche dont il provient devait mesurer environ 1 mètre de haut (incroyable tout ce qu'on peut faire dire à un bout de bronze de 10 cm²...).



  Cette découverte peut être rapprochée de celle d'un autre fragment de cloche en bronze, trouvé en 1972 sur le même site, à environ 100 mètres. Des analyses doivent être effectuées avant de pouvoir affirmer qu'il s'agit de la même cloche.
Ishino Hironobu, conservateur du musée archéologique préfectoral de Hyogo et responsable des fouilles en 1972, parle de rituels liés à l'établissement et à l'abandon du palais : la cloche aurait été volontairement brisée lors de la fondation d'un palais, et les pêches enfouies lors de son abandon. D'autres fragments de cloches brisées ont été découverts dans la même ville, sur les sites de Wakimoto et de Daifuku, datés du début du IIIè siècle CE, ce qui pourrait être un indice d'une pratique récurrente : les cloches sont brisées et la majorité du métal est réutilisé par la suite.
  Le site de Makimuku a déjà livré un certain nombre d'artefacts qualifiés de rituel : des instruments en bois en forme d'épées, de la vaisselle en céramique miniature et même un arc recouvert de laque noire. Les instruments en bois et la vaisselle sont retrouvés brisés, et on pense qu'il s'agit d'une destruction volontaire pendant un rituel ou après sa réalisation.

  L'autre découverte, donc, est celle d'un fossé, pavé de pierres d'une largeur de 4,5 mètres. La profondeur conservée est de 80 cm. Il est interrompu sur 8 mètres pour donner accès à l'espace qu'il enclot et a été fouillé sur 16 mètres au nord de cette interruption et 6 mètres au sud. L'habitation se situe à l'est.





  On connaît, à proximité immédiate, un kofun (tombe en tumulus *très* spectaculaire) contemporain qui pourrait être la tombe du propriétaire de cette résidence (ce que l'on ne pourra bien évidemment jamais prouver, sauf si les experts las vegas viennent récupérer des cellules épithéliales fossiles sur la céramique à l'intérieur de l'habitation et comparent l'ADN à celui des os que l'on n'a certainement pas retrouvés dans le kofun compte tenu de l'acidité du sol japonais...) (mais ne sous-estimons pas les experts las vegas : ils ont déjà fait beaucoup plus fort, et avec beaucoup moins de matériel).

  Au moins, vu que l'habitation date du Vè siècle, on ne va pas parler de Himiko pour cette découverte ci. Enfin, il y a toujours la possibilité de parler de ses descendants... par son frère. Elle, elle n'en a pas eu.
  Voilà bien le travers de l'archéologie des périodes historiques : on court après les textes. On aurait pu penser qu'on serait relativement tranquilles au Japon, vu que l'écriture n'a pas été introduite avant l'adoption du bouddhisme au VIè siècle, mais c'était sans compter sur les voisins chinois, très forts en écriture, vu qu'ils l'ont inventée (avec l'état, le moyen-âge, l'administration...) à une époque où certains d'entre nous n'avaient même pas encore entendu parler du concept d'agriculture. Voisins chinois, donc, qui ont fourbement laissé trainer une référence à un "pays des wa" dans une chronique du IIIè siècle.

「Going south by water for twenty days, one comes to the country of Toma, where the official is called mimi and his lieutenant, miminari. Here there are about fifty thousand households. Then going toward the south, one arrives at the country of Yamadai, where a Queen holds her court. [This journey] takes ten days by water and one month by land. Among the officials there are the ikima and, next in rank, the mimasho; then the mimagushi, then the nakato. There are probably more than seventy thousands households. (115, tr. Tsunoda 1951:9)」

  Donc, le Yamatai, là, c'est au Japon.
邪馬台 veut dire 「le pays des chevaux maléfiques」, c'est vrai que les chevaux maléfiques sont une spécialité bien connue du Japon. (on peut toujours avancer que les chinois ont pris des caractères au hasard pour retranscrire les sons d'un nom étranger... )

C'est la même chronique du Wei Zhi qui parle aussi de la reine Himiko.

「The country formerly had a man as ruler. For some seventy or eighty years after that there were disturbances and warfare. Thereupon the people agreed upon a woman for their ruler. Her name was Himiko [卑彌呼]. She occupied herself with magic and sorcery, bewitching the people. Though mature in age, she remained unmarried. She had a younger brother who assisted her in ruling the country. After she became the ruler, there were few who saw her. She had one thousand women as attendants, but only one man. He served her food and drink and acted as a medium of communication. She resided in a palace surrounded by towers and stockades, with armed guards in a state of constant vigilance. (tr. Tsunoda 1951:13)」

卑彌呼 peut être traduit par "cri complètement vulgaire". Alors là aussi on peut dire "oui, le chroniqueur pas très sympa a choisi des caractères pour retranscrire un nom étranger". Après tout, ce ne serait pas la première fois que quelque chose de non-chinois serait dévalué dans une chronique chinoise. Elle étaient écrites dans ce but. Le même chroniqueur (ou un autre) un peu plus loin appelle un roi coréen Himikuku 卑彌弓呼. La même chose, sauf qu'on rajoute un arc 弓 au milieu... Troublant quand même non ?

  Et nous voilà avec un pays localisé très vaguement et une reine-sorcière sur les bras...
  En fait, le Yamatai et Himiko, ce sont un peu les Camelot et Arthur japonais. De très fortes présomptions d'une existence réelle, 98% de légendaire rajouté par dessus et aucune localisation possible.
  La polémique est pas près de s'arrêter, dommage que les gens du IIIè siècle aient pas pensé à faire des panneaux en pierre gravée avec écrit "Bienvenue au Yamatai" et "le Yamatai vous remercie de votre visite"...


Articles du Yomiuri :

邪馬台国の有力候補地とされる奈良県桜井市の纒向(まきむく)遺跡で、3世紀中頃の穴から桃の種約2000個や竹製のかご6点などが出土し、市教委が17日、発表した。桃の種が1か所でこれほど大量に見つかる例はないという。桃は、古代の中国や日本で不老長寿などの効果があると信じられ、祭祀(さいし)に使われたとみられる。同時期に君臨した女王・卑弥呼との関連を指摘する意見もある。

桃の種は、昨年11月に出土した宮殿の可能性がある大型建物跡の約5メートル南の穴(南北4・3メートル、東西2・2メートル、深さ0・8メート ル)から出土した。当時の桃は現在と違う品種で、ピンポン球ほどの大きさ。一部に果肉が残ったものや未成熟のものもあることから、食用ではなく、実をかご などに入れて供えたらしい。

 また同時に、祭祀用の剣形木製品や黒漆塗りの弓、ミニチュア土器なども出土。木製品や土器はほとんどが壊されており、祭祀後に捨てられたとみられる。

 桃は中国が原産で日本では弥生時代に広まった。古代中国の神仙思想では、不老長寿や魔よけに効く特別な力があるといわれ、漢代に信仰を集めた女性の仙人・西王母(せいおうぼ)も不老長寿の仙桃(せんとう)を持ったとされる。

3世紀末の魏志倭人伝には、卑弥呼が「鬼道」で人々の心をとらえたとの記述があり、鬼道が神仙思想を指すとの見方もある。

 一方、今回の調査では大型建物の南を区画する柵の跡が東西28メートルにわたって見つかり、前回調査分を含めると34メートルに達することがわかった。桃の種が出土した穴は、柵跡を一部壊しており、大型建物の廃絶後に掘られたらしい。

 現地説明会は19日午前10時~午後3時。JR巻向駅下車、西へ徒歩5分。

 辰巳和弘・同志社大教授(古代学)の話「桃は神仙思想の象徴。圧倒的な量から、山のように積み上げて国家的な祭儀を行ったことをうかがわせる」


ET



神仙思想に基づく祭祀(さいし)に使われたとみられる大量の桃の種が出土した奈良県桜井市の纒向(まきむく)遺跡。今回の調査では、3世紀の遺構、遺物のほかに、2世紀の銅鐸(どうたく)の破片や、県内では珍しい5世紀末~6世紀初めの豪族居館の一部となる石張り溝も見つかっており、同遺跡の変遷をたどれる重要な成果が得られた。

銅鐸の破片(長さ3・7センチ、幅3・2センチ、厚さ3ミリ)は、復元すれば高さ約1メートルになると推定される。1972年、今回の調査地の西約100メートルで行われた調査でも銅鐸の破片が見つかっており、大きさなどから同一個体の可能性がある。

 当時、調査した石野博信・兵庫県立考古博物館長は「王宮とみられる大型建物を建てる際、銅鐸を壊す祭祀をした。その建物を壊した後、桃を使った祭祀をしたのだろう。王宮の出現と終わりの儀礼にかかわるものが見つかったのは、大変意義がある」と話している。

 また、同市内の脇本遺跡や大福遺跡の3世紀初めの遺構で出土した銅鐸の破片などから、弥生時代の祭祀で使われた銅鐸を壊し、他の青銅器にリサイクルしたことが考えられており、今回も同様とみられる。

一方、調査地西側で見つかった石張り溝(幅4・5メートル、残存の深さ0・8メートル)は、溝が切れた場所(長さ8メートル)を挟んで北側に16メートル、南側に6メートル延びていた。溝が切れた部分が出入り口で、地形から東に遺構が広がるとみられる。

 近くに同時期の古墳があり、その被葬者が住んでいた可能性がある。橋本輝彦・市教委文化財課係長は「居館と墓がセットで考えられるようになった。纒向遺跡一帯を根拠にした豪族はわかっていないが、物部氏など大豪族に次ぐクラスではないか」とみている。

 

 


 




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