berangere: (Default)

Carte du Japon - Emplacement de l'le de Takashima  Le Professeur Ikeda Yoshifumi de l'Université des Ryūkyūs est un pionnier de l'archéologie sous-marine au Japon et le pilier des recherches menées avec le Comité d'Éducation de la ville de Matsu'ura au large de la préfecture de Nagasaki pour identifier les traces de la flotte de l'invasion mongole coulée par un typhon en 1281. Il est à l'origine de la découverte d'un premier bateau mongol (en fait chinois, mais qui faisait partie de la flotte mongole qui de toutes manières était principalement composée de navires coréens. C'est pas comme si y'avait la mer en Mongolie, aussi) en 2011 et avait annoncé en septembre dernier l'identification d'une deuxième épave (avec conférence au Musée Prefectoral d'Okinawa qui faisait à ce moment là une expo sur l'archéologie sous-marine, le hasard fait bien les choses).

 

 

 

 

 

berangere: (jomon doki)
  Au début du mois, le musée du site de Mawaki (真脇遺跡, préfecture d'Ishikawa, ville de Noto) inaugurait la reconstitution du cercle de troncs de châtaigniers dont je parlai déjà l'année dernière. Le cercle, trouvé en 1982 et classé depuis Site Historique d'Importance Nationale, est daté de 800 BCE (Jōmon Final).
  Les troncs mesurent 8 mètres de haut, entre 80 et 100 centimètres de diamètre, ils sont coupés en deux dans le sens de la longueur : l'équipe du musée, associée à des charpentiers de marine de la région, a testé diverses mises en œuvre avec les moyens de l'époque.
  Petite photo pour fêter ça.














Classe hein ? Je veux le même dans mon jardin. Quand j'aurai un jardin.
En fait, si ça se trouve, les troncs mesuraient 50 centimètres et servaient de sièges lors des réunions syndicales de l'époque...
Mais 8 mètres, ça en jette quand même un peu plus.
Reconstitution of Mawaki's Chestnut trees Pilars Circle, Final Jomon (800 BCE)



  Mais en fait, ceci n'est qu'une information annexe. Juste à côté de ce nouveau cercle de troncs de châtaigniers, une nouvelle zone de fouilles a été ouverte depuis l'année dernière, dans laquelle on a trouvé trente-deux (32) bases de poteaux en bois : vingt-et-un (21) en châtaignier et onze (11) en ate no ki (nom du Asunaro en dialecte régional : Thujopsis dolobrata, une espèce de cyprès).
  La plupart de ces poteaux correspondent à la structure de bâtiments (dont certains probablement contemporains du cercle de troncs de châtaigniers retrouvé en 1982) mais sept (7) d'entre eux ont une section semi circulaire et semblent former un cercle d'un peu moins de 5 mètres de diamètre, daté du tout début du Jōmon Final, vers 1.300 - 1.200 BCE. "Semblent" seulement car il manque trois (3) poteaux pour fermer le cercle : ils sont situés en dehors de la zone de fouilles, et l'équipe n'a pas l'air décidée à avancer des théories audacieuses sans avoir toutes les cartes en mains.

  Oui, des cercles de troncs d'arbres, on en connaît une vingtaine, ça n'est pas un de plus qui va révolutionner la vision que nous en avons. Et bien, si l'existence de ce cercle est confirmée par les fouilles de l'année prochaine, il sera en fait le premier cercle de troncs de ate no ki du Japon. Pour être exacte, il serait le premier cercle de troncs d'arbres qui ne soit pas en châtaignier. Comme je viens de le dire, une vingtaine de cercles de troncs d'arbres ont été retrouvés dans l'archipel, essentiellement dans la région du Hokuriku (la zone autour de Mawaki, justement) et, quels que soient leur emplacement, leur taille, leur datation, tous les cercles de troncs d'arbres du Japon sont en châtaigniers. Sauf un, donc.
Illustrations et sources )
berangere: (wadai)
  On a retrouvé à Nishikawatsu (西川津遺跡, préfecture de Shimane, ville de Matsue, quartier de Nishikawatsu) un fossé du Yayoi Ancien (300 BCE) de plus de 30 mètres de long : il est possible qu'il s'agisse d'un fossé entourant un habitat à enceinte.

  La campagne de fouilles de cette année à Nishikawatsu est la dernière d'un plan de fouilles préventives de 5 ans avant la construction d'une route préfectorale. La zone fouillée s'étend sur 2.600m² (280 cette année). Le site est situé à proximité de l'ancien lit d'une rivière (parallèle au fossé en question) qui a permis la conservation de mobilier en bois, dont le plus ancien vase tsubo en bois de l'archipel, qui a déjà fait l'objet d'un article sur ce journal.

  La rivière mesure plus de 6 mètres de large, pour environ 1,5 mètre de profondeur. On y a également retrouvé quinze pièces de mobilier en bois, la plupart en cours de fabrication, dont neuf houes, un manche de hache en pierre et des outils dont on ignore la fonction.

  La fait que les pièces de mobilier en bois soient pratiquement toutes des ratés de production laisse penser que Nishikawatsu était un centre de production : les différentes pièces de mobilier fabriquées sur place étaient ensuite redistribuées vers les villages satellites alentours. Le bois était probablement stocké dans l'eau pour le rendre plus facile à travailler, et les ratés de production étaient simplement jetés dans la rivière.

  Le site a également livré des os divinatoires, un magatama en verre dont je parlais dans l'article précédent et des fragments de dotakus.


Unfinished wooden hoe found inside the river bed, Early Yayoi.

  "Ne devait-on pas parler d'un fossé ?" me direz vous. J'y viens. Ma passion pour le mobilier en bois m'a un peu fait perdre le fil.

  Cette année, une portion de fossé de 12 mètres de long, 2 mètres de large et 0,8 mètre de profondeur a été fouillée. Jusqu'ici, rien de bien exceptionnel, mais ce fragment en prolonge un qui avait été fouillé en 2009, pour former un fossé de plus de 30 mètres de long, probablement destiné à empêcher l'entrée d'ennemis ou d'animaux dans l'habitat.


30 meters long ditch protecting the settlement of Nishikawatsu.

Les sources )

 


berangere: (jomon doki)

   Tottori (!), préfecture habituellement représentée sur ce journal par ses sites du Yayoi, s'est dit qu'il était grand temps d'être formidable au Jōmon aussi. Et nous lui en savons gré !  D'autant plus qu'elle fait ça fort brillamment.

  Trois sites sont fouillés sur la rive sud de l'étang de Koyama depuis le mois d'avril, mais c'est Takazumi Idezoe (高住井手添遺跡, ville de Tottori, préfecture de Tottori) qui retient aujourd'hui notre attention.

  Le site de Takazumi Idezoe s'étend sur 4.000 m² et présente des occupations du Jōmon Ancien (4.000 BCE) au Yayoi Récent (200 CE). Dans le coin nord-est de la zone fouillée on a retrouvé le lit d'une ancienne rivière qui coulait là au Jōmon Final (de 1.000 à 500 BCE environ). Cette rivière a été comblée au tout début de l'adoption de la civilisation Yayoi dans la région. Et qui dit lit d'une ancienne rivière induit souvent "milieu humide anaérobie", particulièrement propice à la conservation des éléments en matières normalement périssables.

  Et cela n'a pas manqué, nous avons de la vannerie ! Dix panier en tout, ce qui correspond au plus grand nombre de paniers découverts sur un site jōmon pour cette préfecture. La vannerie préhistorique japonaise fait l'objet d'une typologie précise (qui cela étonne-t-il ?) à laquelle vous pouvez vous initier en téléchargeant ce pdf, de Yanagihara Shoko, si vous avez comme moi une fascination particulière pour tout mobilier archéologique qui sort de l'ordinaire (ou pour les paniers).

  Je ne résiste pas plus longtemps, voici une débauche d'images :


Remarquez les jolis motifs décoratifs avec les brins plus gros au milieu du tressage.
Il s'agit du panier #8, particulièrement bien conservé vu qu'il ne manque que le fond et le bord.

Le reste sous un cut )

   Dix paniers donc. Selon notre amie Yanagihara Shoko, ils sont tressés avec la technique mojiri ami もじり編み. Ami 編み est un terme générique s'appliquant à tout ce qui est tricot, tressage ou vannerie et mojiri もじり signifie "tordre". Comme on ne voit bien sur les photos, les brins verticaux de la chaîne sont très espacés et les brins horizontaux de la trame sont groupés par deux avec une alternance simple (= un dessus, un dessous, un dessus, un dessous...).
  Les fibres utilisées, de 2 à 3 mm de diamètre, sont du cyprès hinoki (Chamaecyparis obtusa) pour la chaîne et du jasmin étoilé jaune (Trachelospermum asiaticum) pour la trame. La découverte de ces fibres en grande quantité sur le site laisse penser que les paniers étaient fabriqués sur place.

  Sur ces dix paniers, huit ont été retrouvés en place dans le lit de la rivière qui, elle aussi, comporte des structures intéressantes. Cette rivière a en effet été barrée à deux endroits par des troncs d'arbres de 30 à 50 cm de diamètre afin d'en réguler le débit.


Entourée en rouge entre les deux barrages, la zone où on a trouvé la plupart des paniers.

Encore un cut )
  C'est également dans cette partie de la rivière entre les deux barrages qu'on a retrouvé une quantité importante de fruits à écale (des marrons et des glands), concentrés dans trois endroits, dans lesquels on a retrouvé les paniers.



  Il semble donc que nous soyons en présence d'un site de rinçage des fruits à écale. Contrairement à la châtaigne, le marron et le gland sont riches en tanin et autres substances assez toxiques qui les rendent impropres à la consommation tels quels. Il est nécessaire de leur faire subir un rinçage soutenu pour supprimer les substances astringentes et pouvoir les manger (et accessoirement, l'immersion dans l'eau tue également les parasites).

  À noter que l'occupation yayoi du site comporte un fossé qui a été creusé après le comblement de la rivière, dont la paroi ouest a été recouverte d'écorce d'arbre pour qu'elle soit moins sensible à l'érosion entrainée par l'eau courante. La céramique retrouvée à proximité est du Yayoi Moyen. Dans un autre fossé tout au nord de la zone fouillée, daté du Yayoi Récent, on a retrouvé 30 noyaux de pêche, qui ramènent sur le devant de la scène la théorie prêtant aux pêches un caractère magique.

Les sources ! )
berangere: (Default)
   Jusqu'à présent il était communément admis que l'arbre à laque (Toxicodendron vernicifluum, précédemment nommé Rhus verniciflua) était une espèce allogène au Japon, importée (très tôt il est vrai) probablement de la Chine continentale.

   L'analyse de plus de 5.000 échantillons de branches, brindilles, éclats et d'objets laqués découverts dans l'amas coquillier de Torihama (dont on entend décidément beaucoup parler ces derniers temps...) par l'équipe du professeur Suzuki Mitsuo de l'Université du Tōhoku tendrait à prouver qu'il aurait existé à l'état sauvage sur l'archipel dès le Proto-Jōmon.
   Parmi ces restes végétaux se trouvait une branche d'arbre trouvée pendant la campagne de fouilles de 1984, mesurant 17 cm de long pour un diamètre de 1 cm environ.

   Une observation au microscope d'une coupe de cette branche, réalisée avec le concours de l'Institut de Recherche Multidisciplinaire sur les Forêts de Tsukuba (préfecture de Ibaraki) a permis de déterminer qu'il s'agissait d'une branche d'arbre à laque (Toxicodendron vernicifluum).


L'identification est évidente.
(Je n'en ai en fait aucune idée, mes connaissances en botanique sont proches du zéro. J'ai déjà du mal à distinguer la plupart des pollens entre eux, alors les coupes d'arbres...)

   Une datation au carbone 14 par le Musée National d'Histoire et d'Ethnologie de Sakura (préfecture de Chiba) a situé l'âge de l'échantillon entre 12.700 et 12.600 ans, ce qui correspond bien à la couche Proto-Jōmon du site de Torihama dans laquelle il a été découvert.

  Précédemment, les plus anciens spécimens d'arbre à laque au Japon étaient datés de 6.000 BP (trouvés sur les sites de Sannai Maruyama dans la préfecture d'Aomori et Ondashi dans la préfecture de Yamagata). En ce qui concerne les objets laqués, ceux du site de Kahodo en Chine (notez qu'il s'agit de la prononciation japonaise du nom du site), datés de 7.000 BP ont longtemps été les plus anciens retrouvés au monde. En 2001 toutefois, la découverte d'objets laqués datés de 9.000 BP sur le site de Kakinoshima B sur Hokkaidō a fait tomber ce record. À cette époque déjà la théorie d'une origine indigène de l'arbre à laque avait été avancée.

  Selon Okamura Michio, du Centre de Recherche sur les Propriétés Culturelles de Nara, il est peu vraisemblable que l'arbre ait été importé et cultivé si tôt dans la chronologie Jōmon. Ockham aurait tendance à nous indiquer qu'il est plus probable que l'espèce ait été indigène.

  La NHK a un reportage en ligne ! (pour un temps indéterminé) Le spécimen présenté est beaucoup plus petit que celui dont parlent les articles...

Les sources )



 



berangere: (yajiri)
   La nouvelle est vieille d'un mois, mais j'ai oublié d'écrire l'article...
   Des fouilles sont menées à Kawaraguchibōjū (河原口坊中遺跡, ville de Ebina, préfecture de Kanagawa) depuis 2006 dans le cadre de la maintenance d'une autoroute. Le site est situé sur une légère élévation de 20 à 21 mètres au dessus de la rivière Sagami, sur la rive est, et présente des occupation du Yayoi Moyen à la période contemporaine.
  Les occupations yayois correspondent à un village daté du Yayoi Moyen au Yayoi Récent.

  La dernière campagne a eu lieu d'août 2010 à fin avril 2011 et a concerné l'ancien lit d'une rivière qui coulait au milieu du village au Yayoi Moyen. En raison de la nature du site, de nombreux éléments de mobilier en matières périssables ont été conservés.
  Le mobilier en bois comporte des houes, des pelles, des binettes, des soques, des mortiers et des pilons, des bols sur piédestal, des bols simples, des assiettes, des bords de filets de pêche, des rames et des éléments architecturaux comme des échelles ou des poteaux.
  J'adorerais avoir une photo des bords de filets de pêche, mais en attendant, voici des photos du reste.






mobilier en bois )


  Tout ceci est formidable en soi, mais l'objet principal de cet article est un élément du mobilier lithique, connu sous le nom de "hache en pierre annulaire" : une masse en pierre elliptique avec un trou circulaire la traversant de part en part ("hache" est ici un terme générique : ces objets ne sont en aucun cas tranchants). Jusqu'à présent, on supposait qu'il s'agissait de marteaux mais il existait également une autre théorie selon laquelle ces objets étaient des poids de filets de pêche. Des très gros poids de filets de pêche...
(Une recherche Google Images avec 環状石斧 donne une assez bonne idée de la forme générale de l'objet)

  Au cours des fouilles de cette année, l'une de ces "haches" a été retrouvée emmanchée, ce qui réduit les doutes quant à sa fonction. La hache (qui est donc un marteau) a un diamètre de 9 centimètres et une largeur maximale de 3 centimètres.


marteau en place


marteau en conférence de presse

Encore un peu de mobilier )

berangere: (Default)
article précédent

  Nous avions rapporté il y a quelques mois la découverte exceptionnelle des vestiges de ce qui était probablement un atelier de travail du bois à grande échelle du Yayoi Ancien (300 BCE) sur le site de Tachino (立野遺跡, préfecture de Wakayama, ville de Susami).
  Les fouilles ont eu lieu d'août 2010 à mars 2011, dans le cadre de l'extension de l'autoroute du Kinki. La zone fouillée s'étend sur 8500 m² et le site en lui même est situé dans la portion ouest de cette zone. En plus des troncs d'arbres immergés dans le lit de la rivière, de nombreuses pièces de mobilier en bois, produits finis ou en cours de fabrication, ont été sortis de terre.
  Kawasaki Masahi, responsable des fouilles, indique qu'il s'agit "sans doute possible d'un site correspondant à l'installation d'un groupe humain venu dans le but d'exploiter les abondantes ressources forestières alentours".

  Le fait qu'il s'agit d'un atelier de production de biens destinés au commerce est corroboré par de nombreux indices en plus du nombre très important de pièces retrouvées. Par exemple, de très nombreux arcs ont été sortis de terre (pour la plupart fragmentaires), mais les pointes de flèches qui devraient leur être associées étaient comparativement peu abondantes : s'il s'était agit d'un habitat dont l'économie était centrée sur la chasse, les pointes de flèches auraient été trouvées en quantité importante également. Il semble donc que les arcs n'aient pas été utilisés sur place, mais destinés à être exportés vers l'extérieur du site.



La suite, des photos et la source )

Itazuke

Mar. 3rd, 2011 05:28 pm
berangere: (itazuke)
  La déferlante Kofun continuant de noyer les actualités archéologiques, voici une présentation de Itazuke, qui est peut-être mon site préféré. Il est dans le top 10 en tous cas.
  Itazuke (板付遺跡), site phare de la transition entre le Jōmon et le Yayoi, complètement inconnu des riverains*...

  Situé sur le plateau d'Itazuke (préfecture de Fukuoka, ville de Fukuoka, quartier de Hakata) sur une terrasse basse, le site d'Itazuke est un habitat à enceinte occupé du Jōmon Final au Yayoi Récent. Il est classé Site Historique National depuis 1976 car je ne suis pas la seule à penser qu'il est formidable.
  Le plateau d'Itazuke mesure 650 x 200 mètres environ et est bordé à l'est par la rivière Mikasa et à l'ouest par la rivière Morooka.
















Par ici )


* véridique : je connais plusieurs personnes dans la ville de Fukuoka qui n'en ont jamais entendu parler.
** fouilles de Hashimuregawa, préfecture de Kagoshima.
berangere: (wadai)
  Si les japonais ont adopté de longue date le calendrier grégorien (oui enfin, ils ont quand même des noms d'ères qui correspondent à leurs empereurs et attribuent à chaque année le signe zodiacal chinois qui lui correspond dans le calendrier lunaire chinois), le mois d'avril reste le "début de l'année" dans bien des domaines. il s'agit du début de l'année administrative pour le gouvernement, du début de l'année fiscale pour les entreprises, du mois de la rentrée scolaire, du mois des mutations, du mois où commencent à travailler ceux qui rentrent dans la vie active...
  Nous sommes donc quelque part en fin d'année actuellement. Ce qui explique la multiplication des expositions pour présenter les résultats des fouilles entreprises au cours de l'année dernière. Ça veut peut-être aussi simplement dire "hey, regardez, on a fait des trucs bien : accordez-nous des financements l'année prochaine aussi !"

  Les Centres pour les Propriétés Culturelles Enterrées des préfectures de Shimane et Tottori présentent les résultats des fouilles effectuées sur dix sites (cinq par préfecture) au Musée de la Forêt Yayoi de Izumo du 7 au 13 février. L'exposition concerne environ 300 pièces de mobilier.

  La préfecture de Shimane présente notamment les résultats des fouilles de Zanmochi (dont nous avons parlé cet été, nous sommes à la pointe de l'actualité en permanence), dont la couche d'occupation datée du Ier siècle avant au Ier siècle après a livré une vaisselle (jarre de type tsubo) fabriqué dans le nord de la péninsule coréenne, dans la commanderie chinoise de Lelang (d'accord, l'article de cet été ne portait pas du tout sur cette découverte là). La (relativement) célèbre vaisselle en bois en forme de chope retrouvée sur le site est également exposée.
illustration )

  Pour ce qui est de la préfecture de Tottori, des hameçons en os et divers objets en matières dures animales du site de Aoya Kamijichi (un habitué de ce blog) sont présentés dans les vitrines.

  On peut également admirer (entre autres) le plus ancien plateau de shogi du Japon (mais comme il n'a que 500 ans, il ne rentre pas dans le thème du blog) et la céramique retrouvée dans le plus ancien zenpōkōenfun (tumulus littérallement "avec l'avant carré et le derrière rond") de la région du San'in, qui se situe dans le groupement de kofuns (tumuli) de Motodaka (ville de Tottori), et qui n'est pas assez vieux non plus.

Sankei shinbun )

berangere: (kame)
  Suite a des fouilles réalisées par le centre pour les propriétés culturelles de la préfecture de Wakayama avant l'extension de l'autoroute du Kinki vers le sud, le premier atelier de travail du bois du Yayoi Ancien (300 BCE) de la préfecture a été découvert ! \(^o^)/

  Le site de Tachino (ville de Susami) se situe à l'extrême ouest de la zone fouillée. Il correspond à l'ancien lit d'une rivière dans lequel on a retrouvé un grand nombre de troncs d'arbres.


oui, je voulais bien dire "un grand nombre"

  Les troncs mesurent de 30 à 40 centimètres de diamètre, les branches ont été élaguées et l'écorce retirée. Le tronc le plus long mesure plus de 10 mètres. Il est très probable que les troncs étaient stockés dans la rivière car l'immersion prolongée les rendait plus facile à travailler (sans aucun rapport : les gens qui reconstruisent l'Hermione font pareil) (bon sang, ils ont fait un film avec un type en costume...).

  Au même endroit dans le lit de cette ancienne rivière, on a retrouvé des vaisselles en céramique qui sont du même type que celles retrouvées sur le site de Katada (ville de Gobō), qui sont considérées comme les plus anciennes vaisselles yayois de la préfecture, ainsi que des outils lithiques yayois et un grand nombre de pièces de mobilier en bois.
  Quantité de ces pièces ne sont pas terminées, et les haches retrouvées dans le mobilier lithiques sont toutes de petite taille, de celles qui sont considérées comme utilisées pour le travail du bois. On pense donc qu'il existait le long de la rivière un grand nombre d'ateliers de travail du bois qui produisaient du mobilier à grande échelle : un type de vaisselle de forme naviculaire a été retrouvé en quantité telle qu'il ne peut s'agir d'une production destinée à un seul village. Le directeur du musée préfectoral de Sayamaike (préfecture de Ōsaka), Kuraku Yoshiyuki, pense que le mobilier était probablement exporté par bateau depuis un port à proximité. Il ajoute qu'il s'agit là d'une découverte importante pour la connaissance des origines de la sylviculture de la préfecture de Wakayama.

  Kawasaki Masahi, du centre pour les propriétés culturelles de la préfecture de Wakayama, insiste lui sur la découverte de houes en bois, qui prouvent l'existence très tôt dans la préfecture de villages avec une économie agricole basée sur la riziculture (le site date du tout début du Yayoi Ancien) ; le site est donc important pour la connaissance de l'étendue et de la diffusion de la civilisation Yayoi.
Une carte et les sources )


berangere: (jomon doki)
  Aucune actualité sur le Jōmon ou le Yayoi ces derniers jours, présentons un site dans notre série 「Le Jōmon, ça n'est pas que Sannai Maruyama」, sponsorisée par le mouvement de résistance contre le monopole de Sannai-Maruyama dans les médias occidentaux.


  L'amas coquillier de Nakazato (Tōkyō-to, Kita-ku, Kaminakazato) a été classé Site Historique National en 2000, parce qu'il le vaut bien.


berangere: (Default)
  L'exposition qui a ouvert hier pour présenter les résultats des recherches sur le site de Makimuku a dû réussir l'exploit de ne pas mentionner une seule fois les mots "Yamatai" et "Himiko"*, parce qu'aucun des articles qui la relatent n'y fait allusion.
  On parle même d'un "roi" et non d'une reine, pour évoquer la taille du territoire contrôlé par cette personne, que l'on peut déduire des provenances géographiques diverses des offrandes retrouvées dans la fosse.
  Complément d'information sur les données d'hier : 80% des os d'animaux retrouvés étaient des os de poissons, et 70% de ces os de poissons étaient des os de poissons d'origine marine. Le site est à une petite quarantaine de kilomètre de la mer, ce qui représentait à l'époque une distance assez importante en ce qui concerne l'acquisition de nourriture.
  On apprend également que le mobilier en bois retrouvé était essentiellement fabriqué en cyprès hinoki, qui est un bois très dur, difficile à travailler et peu utilisé pendant la période Yayoi, pendant laquelle le fer, s'il est connu, reste peu répandu. L'utilisation de ce bois suppose l'utilisation d'outils en fer, qui sont une preuve de plus de l'importance du site.

Les sources )

* contrairement au documentaire de ce soir sur la NHK qui présentait clairement le site comme la capitale du Yamatai, même s'il se gardait de conclure sur l'emplacement de ce pays hypothétique.

berangere: (anthropo fun)
  Les fouilles du site de Odake sont enfin terminées.
Petit récapitulatif : Odake, amas coquillier du Jomon Ancien occupé entre 4000 et 3500 BCE, Kureha-machi Nord, ville de Toyama, préfecture de Toyama, habitat (d'où les coquilles, oui, forcément) accompagné d'un cimetière.

  Le décompte final pour les sépulture est de 71 corps ! Dont 2 immatures ! + 4 vaisselles qui ont probablement contenu des corps de périnatals.
L'espace funéraire est situé dans l'est de l'amas coquillier, les corps sont regroupés dans un cimetière d'environ 400 m².
44 des corps avaient les membres inférieurs fléchis (屈葬) et dans 10 des tombes le défunt tient dans ses bras une pierre, dont la taille varie de celle d'un poing à celle d'un crâne (抱石葬, car oui, les japonais ont un nom spécifique pour ce type de tombes).


Sépultures d'adultes dont un tient une pierre


Un immature


  Le cimetière contenait également 11 corps de chiens, ce qui fait de Odake le site du Japon où les associations entre des sépultures humaines et des sépultures canines sont les plus fréquentes.
Yamada Yasuhiro, professeur d'archéologie à l'Université de Shimane, y voit une preuve de la domestication du chien : s'il s'agissait de victimes de sacrifices rituels, il est probable que les chiens auraient été enterrés ailleurs ; il s'agit donc de chiens de chasse.
Sauf bien sûr si le sacrifice rituel avait un quelconque rapport avec le rite funéraire, dans ce cas là, pourquoi ne pas les enterrer dans le cimetière ? non ? Ah, l'éternelle question de la pensée qui sous-tend le geste...

  S'il s'agit de chiens de chasse, leur présence renseigne également sur l'importance (démographique) du village. En effet, avec l'adoption d'un système de chasse passive basé sur les fosses-pièges, l'utilité des chiens baisse. Si le pourcentage de personnes élevant un chien baisse, un grand nombre de chiens implique un très grand nombre de personnes.
Je n'y aurais pas pensé, mais c'est un raisonnement assez logique. Mais qui se base sur l'utilisation moderne que nous faisons des chiens dans la chasse. À l'état sauvage, le loup chasse en meute et poursuit sa proie, comportement qui serait tout à fait exploitable pour rabattre le gibier vers les pièges, comme il semble que ça ait été le cas dans la plupart des sites de chasse où les pièges sont disposés en un réseau serré, qui trompera l'animal qui fuit devant un prédateur, mais sera probablement évité par l'animal dans les autres cas : juste creuser le piège et attendre qu'un cerf maladroit tombe dedans, ce n'est plus de la chasse passive, c'est un optimisme démesuré.


  Dans un autre registre, mais tout aussi intéressant, le site a livré la première pirogue monoxyle jōmon de la préfecture de Toyama, d'une longueur de 2,6 m pour une largeur de 40 cm.


Cherchez la pirogue monoxyle dans ce tas de bois ? (je cherche une
meilleure photo) (ou au moins une avec une flèche indiquant où elle est...)

(si ça se trouve, elle n'est même pas dans ce tas de bois là)

  On a également trouvé des vaisselles en bois (qui portent des traces permettant de retracer les différentes étapes de production), qui laissent penser qu'il devait y avoir une spécialisation d'une partie de la population dans leur fabrication, et qu'elles étaient peut-être l'objet d'une exportation vers l'extérieur du village.
  La vaisselle en céramique, quant à elle, dénote d'une influence à la fois des vaisselles du Kansai et de celles du Kantō.

  Un cimetière important, des tombes de chiens, un amas coquillier énorme sur la côte de la Mer du Japon où ils sont généralement de taille modeste, une spécialisation d'une partie de la population, possibilité de commerce, influences de régions diverses et variées... je sens venir la publication qui présente le site comme exceptionnel et grandiose. Avec des mots comme 「centre économique」, 「plate-forme commerciale」 et 「carrefour culturel」. Vont-ils aller jusqu'à abandonner le projet immobilier pour faire un parc archéologique ?


 

La source (yomiuri) )

 

English translation )

berangere: (yoshinogari)
  Le site de Zanmochi (Nishihayashigi-chō, Izumo-shi, Shimane-ken) est situé sur le tracé de la route nationale 431, et est l'objet de fouilles préventives lors des travaux de réfection de cette route, depuis 2002.
Le terrain est gorgé d'eau, au bord de la rivière Ibi, l'enfer à fouiller mais le rêve pour la préservation des matériaux périssables, les fouilles ont donc livré... des matériaux périssables ヽ(*・ω・)人(・ω・*)ノ

  La découverte concerne une partie du site datée de la toute fin du Yayoi, au IIIè siècle CE. La dernière campagne de fouilles a concerné deux bâtiments dont un avec la base de six poteaux encore en place. Sous les poteaux on a retrouvé un système de soutènement pour empêcher le bâtiment de s'enfoncer dans le sol instable du site : il s'agit de la première fois que l'on retrouve un tel système dans la préfecture de Shimane, mais on connaît des structures similaires (pour la même époque) dans la préfecture de Saga, sur le site de Kawayori Yoshiwara.

zanmochi3

  Le bâtiment mesure 5,2 x 2,5 mètres et comporte une rangée de trois poteaux sur chaque côté. Il s'agit d'un bâtiment de type nunobori (布掘建物) : un fossé est d'abord creusé et les piliers sont placés dans ce fossé pour construire la structure du bâtiment. Les poteaux mesurent 30 centimètres de diamètre et sont conservés sur une longueur de 1 mètre. En dessous sont disposées des cales en bois à l'horizontale : quatre d'entre elles forment un H et deux autres sont placées en travers.

zanmochi1

zanmochi2

  La taille des poteaux et le fait qu'ils soient renforcés par la structure de calage ont mené les responsables du site à penser que le bâtiment était peut-être destiné à accueillir de lourdes charges : il servait peut-être de grenier.
Dans les bâtiments avec plancher surélevé classiques, tous les poteaux sont légèrement inclinés vers l'intérieur. Dans ce bâtiment, seuls deux des poteaux le sont.
  Les archéologues pensent que la structure conservée correspond aux fondations du bâtiment : elle soutenait un plancher surélevé au-dessus duquel d'autres poteaux, plus légers, portaient les murs et le toit. Ce type d'architecture est classique pour la période des kofuns, mais reste rare au Yayoi.

  L'autre bâtiment semble être du même type, mais seul le fossé de fondation est conservé, sur une longueur de 7,7 mètres.

  Compte tenue de la nature du terrain, il était nécessaire de prendre des mesures contre l'enlisement des bâtiments.
Higashiyama Shinji (37 ans) (j'aime la manière dont les articles de journaux japonais indiquent toujours l'âge des gens, ils devraient ajouter "marié, 2 enfants, 4è année de primaire, 2è année de collège"...), responsable des fouilles pour le centre pour l'examen des propriétés culturelles enterrées de la préfecture (de Shimane) s'étonne de la complexité du système de calage employé, et s'émerveille des capacités architecturales des hommes de l'époque, qui ont apporté beaucoup de soin à la construction de ce bâtiment, en s'adaptant aux conditions naturelles.

  Le ton légèrement condescendant avec lequel la plupart d'entre nous considère le travail des Hommes du Néolithique (ou du Paléolithique, ou du Moyen-Âge...) me fait toujours un peu grincer des dents. On a toujours un peu l'impression que les hommes adultes du passé devaient avoir la capacité intellectuelle d'un enfant de 5 ans, chaque réalisation un tant soit peu ingénieuse déclenchant des cris de surprise de la part des adultes pourvus de lois physiques ayant permis de maîtriser la fission nucléaire que nous sommes...

Shimanada Toshio, chef de labo du Laboratoire de recherche sur l'architecture de l'établissement de recherche sur les propriétés culturelles de Nara (Section Histoire de l'Architecture du Japon), se demande quant à lui *pourquoi* ces hommes ont délibérément décidé de construire à cet endroit précis un bâtiment aussi grand, en étant complètement au fait de la qualité du sol. Même en étant conscient que nous ne pourrons jamais répondre qu'au "comment ?", nous continuerons toujours à nous demander "pourquoi ?". Le drame de la vie de tous les scientifiques.

Les sources... )


berangere: (kame)
Le centre pour la recherche sur les propriétés culturelles archéologiques de la préfecture de Shimane a annoncé ce jour la découverte de la plus vieille jarre en bois de l'archipel sur le site de Nishikawatsu (ville de Matsue).

Il s'agit d'une jarre tsubo (jarre de stockage qui peut présenter un col, et dont la panse est généralement globulaire) d'une hauteur de 17 centimètres et d'un diamètre maximal de 19 centimètres.

L'objet a été découvert au fond d'un fossé d'enceinte et daté du Yayoi Ancien (IIIè siècle avant). Il a été fabriqué à partir du tronc massif d'un arbre qu'on a taillé pour lui donner l'aspect d'un tsubo avant d'évider l'intérieur. Le travail a été interrompu avant que l'intérieur ait été complètement creusé.

On a également trouvé sur ce même site un magatama en verre daté du Yayoi Récent (IIIè siècle, après). Les magatamas sont des perles recourbées en forme de griffe qui existent sur l'archipel (et sur la péninsule coréenne) dès le Jomon. Ils sont classés en différents types selon la forme exacte de la perle. On connaissait déjà cinq magatamas en verre mais c'est la première fois qu'on en trouve un ayant cette forme caractéristique en J.


La perle, bleue cobalt, mesure 1,7 centimètre de long et 1,1 centimètre de large. Ces perles en forme de J sont caractéristiques des préfectures de Kumamoto et Kagoshima (sur l'île de Kyushu). Visite diplomatique ?

sources : http://osaka.yomiuri.co.jp/inishie/news/20100224-OYO8T00791.htm
http://www.chugoku-np.co.jp/News/Sp201002250077.html
berangere: (Default)
Le musée du site de Mawaki (ville de Noto, préfecture de Ishikawa) a annoncé le 17 février le projet de reconstitution du cercle de troncs de châtaigniers daté du Jomon Final dont les vestiges ont été trouvés sur le site.
Il s'agit d'un cercle de 10 troncs de châtaigniers, mesurant 7 mètres de diamètre.

Dans le cadre de la mise en valeur du site, le musée avait déjà procédé à la reconstitution de quatre tombes en fosse avec sol en bois : il s'agit de tombes datées de la phase d'occupation Jomon Moyen du site. Une planche de bois était déposée au fond des fosses funéraires.
Ces reconstitutions seront accessibles au public à partir du mois de mars. Les responsables du chantier pour la reconstitution du cercle de châtaigniers ont prévu de le terminer en 2011.
Les châtaigniers ont déjà été abattus et des expériences ont été menées quant à la manière de les mettre en œuvre.

Actuellement, le musée expose les vestiges des troncs retrouvés en fouilles, ainsi que des répliques en trois dimensions de ces mêmes troncs.
Jusqu'au 22 mars, il est également possible d'y voir des reconstitutions de foyers ouverts du Jomon Moyen, accompagnés des pots en terre qu'ils ont permis de cuire.
Le musée propose des conférences tous les jours à 13h00, l'entrée est gratuite, sur réservation.


Il est possible de suivre l'évolution du chantier à cette adresse : http://mawakiisekijoumonkan.soycms.net/blog/

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