berangere: (rizière)

En raison de son incroyable popularité, notre série "La préhistoire d'Okinawa n'est pas un mythe" devient hebdomadaire ! Quoi qu'en pensent les sceptiques, les preuves de son existence s'accumulent et des gens font même des conférences sur sites pour répandre la bonne nouvelle.

 
carte de localisation du site  Le site de Kiyūna agaribaru nu bataki (喜友名東原ヌバタキ, Kiyūna, ville de Ginowan, préfecture d'Okinawa) a fait l'objet d'une cinquième campagne de fouilles par le Comité d'Éducation de la ville de Ginowan cet été, de juin à début septembre, avant la construction d'un immeuble d'habitations. Il s'agit d'un site d'habitat daté des alentours de 500 BCE, à la toute fin de la Période des Amas Coquilliers Moyen (ce qui correspond en gros au Jōmon Final, mais comme la préhistoire d'Okinawa existe avec plusieurs centaines de kilomètres d'eau entre elle et la civilisation Jōmon, elle a le droit d'avoir sa propre terminologie). Les précédentes campagnes ont permis d'identifier vingt-et-une (21) habitations, des foyers extérieurs et des silos / fosses. Le mobilier comporte des vaisselles locales (de type Kayauchibanta et Uzahama), des vaisselles importées de Kyūshū du Yayoi Initial (datées de 2670 BP), des outils lithiques, des coquillages percés et des écofacts (des graines).

Le site est donc particulièrement intéressant parce que 1- il s'agit d'un site archéologique, tous les sites archéologiques sont intéressants ; 2- il permet d'obtenir des indices sur les relations entre Okinawa et le Japon ; 3- ces informations concernent une période de transition entre deux (2) civilisations sur l'archipel japonais, et les transitions sont toujours des périodes amusantes.

 

Cette année, la campagne de fouilles a permis de mettre au jour six (6) habitations, une dizaine de foyers-fosses et des zones de passage (des chemins entre les habitations).

Comme la plupart du temps pour la civilisation Jōmon et la civilisation des Amas Coquilliers, les habitations sont semi-enterrées, creusées dans le sol géologique. Le site est situé dans un endroit ou le sol géologique n'est pas particulièrement épais et dans plusieurs habitations, le creusement atteint la roche mère. Dans cette partie d'Okinawa, la roche mère est du calcaire des Ryūkyū, qui présente une surface très irrégulière. Dans les habitations où cet horizon a été atteint, la roche a été aplanie, probablement par percussions répétées avec d'autres blocs de roche, ce qui a dû représenter un travail conséquent. Après cette préparation, une couche de terre a été déposée sur la surface aplanie. Ce type de sol d'habitation avec dépôt volontaire d'une couche de terre est une hariyuka.

 

 

 

 

 

 

berangere: (anthropo fun)
Carte et photos seront uploadées plus tard.

   Il est grand temps de commencer à parler un peu d'Okinawa. Malgré une activité archéologique assez importante, surtout compte tenu de la taille de l'île, la presse n'est pas terriblement prodigue en actualités. Mais ça ne peut pas faire de mal de parler de découvertes qui datent un peu, après tout, ceci est un site sur l'archéologie, nous sommes quelque part spécialisés dans les choses qui datent un peu. J'ai choisi un site avec des os jōmons*, parce que, c'est évident, tout le monde a envie de lire un article sur des os jōmons.

   Le site de Bugeidō (武芸洞遺跡, Teruda utaki baru, Maekawa-aza, Tamagusuku-ōaza**, ville de Nanjō et donc, préfecture d'Okinawa) est situé dans une grotte mesurant 25 m (Est-Ouest) par 30 m (Nord-Sud) et 4 m de haut au maximum. La grotte a deux accès, un à l'est et un à l'ouest et est située à proximité de plusieurs autres sites dont le plus célèbre est la fissure de Minatogawa dans laquelle on a retrouvé les restes d'hommes fossiles logiquement nommés "Hommes de Minatogawa" (ce sujet ne sera probablement jamais traîté sur ce site, compte tenu de l'âge des vestiges).
   Le site de Bugeidō a été l'objet de plusieurs campagnes de fouilles (toujours sur des secteurs très limités de quelques mètres carrés) entre 2007 et 2009.
   Il est (relativement) célèbre car il a été le premier site du Sud d'Okinawa dans lequel on a trouvé une unité stratigraphique contenant des tessons de vaisselle tsumegatamon, datée du Jōmon Ancien vers 4.000 BCE. Il comporte également les vestiges d'un foyer associé à de la vaisselle omonawazentei du Jōmon Moyen (2500-2000 BCE) et une sépulture avec coffrage en pierre associée à des tessons de vaisselle uzahama et nakabaru du Jōmon Final (500 BCE).

   Une centaine de tessons tsumegatamon ont été trouvés en relation avec plus de trois cents (300) fragments d'os d'animaux brûlés et divers éléments de mobilier lithique dont une hache avec le tranchant poli.

   Dans une autre zone de la grotte, les fouilles ont révélé la présence d'une sépulture avec coffrage en pierre. La sépulture tire partie du relief naturel de la grotte, qu'elle complète avec des blocs de calcaires afin de créer un coffrage complet de 240 x 115 cm. Elle était fermée grossièrement par des pierres de couverture plates et recouverte de terre.
   Le corps était déposé dans le coffrage en décubitus ventral***, la tête vers le Nord-Est, légèrement tournée vers la droite. Le squelette est parfaitement conservé malgré une notable dispersion des os des mains et des pieds. Il s'agit d'un homme d'une quarantaine d'années.
  Le mobilier funéraire (car il y en a) comporte un tridacnide (Tridacnidae) posé sur le corps à hauteur de la poitrine, un cellana mazatlandica percé d'un trou juste en dessous des cervicales et un autre près du pied gauche. Enfin, douze (12) perles qui constituaient probablement un bracelet ont été retrouvées autour de l'ulna et du radius gauche. Il s'agissait alors de la première découverte d'un bracelet de perles en place.
   Il semblerait que la sépulture ait été fermée une première fois, puis rouverte pour déposer des éléments du mobilier funéraire, ce qui expliquerait la dislocation des os des pieds et des mains, aux articulations particulièrement labiles
  À noter qu'en plus du squelette complet, la sépulture contenait aussi les restes épars et fragmentaires de deux autres. Il semble donc que le même coffrage ait été utilisé successivement pour plusieurs inhumations.

   Il existe d'autres exemples de sépultures dans des coffrages de pierres sur Okinawa : sur le site de Momenbaru (Toguchi, village de Yomitan), dans l'amas coquiller de Nakakawabaru (Tokeshi, village de Yomitan), sur le site de Ōkubobaru (Tokeshi, village de Yomitan), sur le site de Azamabaru (Mashiki, ville de Ginowan) ou sur le site de Kanikubaru (Ujidomari, ville de Ginowan). Il s'agit essentiellement de sites de bord de mer. La sépulture avec coffrage de pierres découverte à Bugeidō est la première à l'être en contexte troglodyte.

Source: 山崎真治 藤田祐樹 西秋良宏 2009 平成19・20年度南城武芸洞遺跡発掘調査の概要, 沖縄県立博物館美術館紀要 2: 5-18.

* la terminologie de la chronologie pour les périodes préhistoriques dans l'archipel des Ryūkyū sera probablement abordée plus tard sur ce site. Vraisemblablement à plusieurs reprises. Très certainement dans des articles rangés sous le tag "je râle".
** je me rends compte qu'il va également falloir un article sur les terminologies géographiques propres à Okinawa, qui n'aura peut-être pas droit au tag "je râle". Peut-être.
*** oui, ceci est un oxymore.



English translation )
berangere: (anthropo fun)
  En raison du sol volcanique, les os sont rarement conservés sur les sites japonais. On les trouve presqu'exclusivement dans les amas coquilliers formés autour des habitats, essentiellement sur la côte pacifique de l'archipel. Les amas coquilliers sont beaucoup plus rares de l'autre côté, vers la Mer du Japon (mais ils existent, hello, Odake), nous avons donc peu d'ossements humains pour toute cette zone.
  Voila pourquoi le site de Sotomeyachi (五月女萢遺跡, préfecture d'Aomori, Goshogawara-shi) est assez exceptionnel : il a livré des sépultures contenant des os, et il n'est même pas un amas coquillier ! Bon, il est tellement près de la mer que des coquillages se sont mélangés au sable du sol pour former un milieu beaucoup moins acide, et beaucoup plus propice à la conservation des os et autres matières dures animales.

  Le site comporte 103 fosses, dont 80 sont probablement des tombes (on espère trouver d'autres ossements à l'avenir). Il est daté du Jōmon Récent et du Jōmon Final (occupation de 1000 à 300 BCE).
  Les ossements ont été retrouvés dans trois fosses : l'une d'elle contenait un adulte complet, dont le crâne montre des extractions volontaires de dents, une autre contenait le crâne d'un enfant d'une dizaine d'années et une troisième un adulte incomplet. Une autre fosse a livré des dents associées à un instrument en jade et des traces d'ocre : il s'agit probablement d'une sépulture avec mobilier funéraire.
En dehors de ces éléments funéraires, on a également retrouvé la trace d'une voie de circulation, des fragments de dogūs (figurines en terre cuite), de sekibōs (sceptres en pierre), des tessons de vaisselles en céramique, jetés dans ce qui semble être un dépotoir.

  Malgré la taille réduite de la collection, au vu du manque de données ostéologiques pour cette région, il s'agit d'une découverte importante et des analyses ADN sont prévues. Chaque squelette permettra un jour d'avoir une vision plus précise des populations jōmons.

Illustrations et sources )
berangere: (jomon doki)
  Au début du mois, le musée du site de Mawaki (真脇遺跡, préfecture d'Ishikawa, ville de Noto) inaugurait la reconstitution du cercle de troncs de châtaigniers dont je parlai déjà l'année dernière. Le cercle, trouvé en 1982 et classé depuis Site Historique d'Importance Nationale, est daté de 800 BCE (Jōmon Final).
  Les troncs mesurent 8 mètres de haut, entre 80 et 100 centimètres de diamètre, ils sont coupés en deux dans le sens de la longueur : l'équipe du musée, associée à des charpentiers de marine de la région, a testé diverses mises en œuvre avec les moyens de l'époque.
  Petite photo pour fêter ça.














Classe hein ? Je veux le même dans mon jardin. Quand j'aurai un jardin.
En fait, si ça se trouve, les troncs mesuraient 50 centimètres et servaient de sièges lors des réunions syndicales de l'époque...
Mais 8 mètres, ça en jette quand même un peu plus.
Reconstitution of Mawaki's Chestnut trees Pilars Circle, Final Jomon (800 BCE)



  Mais en fait, ceci n'est qu'une information annexe. Juste à côté de ce nouveau cercle de troncs de châtaigniers, une nouvelle zone de fouilles a été ouverte depuis l'année dernière, dans laquelle on a trouvé trente-deux (32) bases de poteaux en bois : vingt-et-un (21) en châtaignier et onze (11) en ate no ki (nom du Asunaro en dialecte régional : Thujopsis dolobrata, une espèce de cyprès).
  La plupart de ces poteaux correspondent à la structure de bâtiments (dont certains probablement contemporains du cercle de troncs de châtaigniers retrouvé en 1982) mais sept (7) d'entre eux ont une section semi circulaire et semblent former un cercle d'un peu moins de 5 mètres de diamètre, daté du tout début du Jōmon Final, vers 1.300 - 1.200 BCE. "Semblent" seulement car il manque trois (3) poteaux pour fermer le cercle : ils sont situés en dehors de la zone de fouilles, et l'équipe n'a pas l'air décidée à avancer des théories audacieuses sans avoir toutes les cartes en mains.

  Oui, des cercles de troncs d'arbres, on en connaît une vingtaine, ça n'est pas un de plus qui va révolutionner la vision que nous en avons. Et bien, si l'existence de ce cercle est confirmée par les fouilles de l'année prochaine, il sera en fait le premier cercle de troncs de ate no ki du Japon. Pour être exacte, il serait le premier cercle de troncs d'arbres qui ne soit pas en châtaignier. Comme je viens de le dire, une vingtaine de cercles de troncs d'arbres ont été retrouvés dans l'archipel, essentiellement dans la région du Hokuriku (la zone autour de Mawaki, justement) et, quels que soient leur emplacement, leur taille, leur datation, tous les cercles de troncs d'arbres du Japon sont en châtaigniers. Sauf un, donc.
Illustrations et sources )
berangere: (toro)
  L'actualité archéologique ne suspend pas son vol pendant les semaines où je n'ai pas le temps de la relater... Heureusement que je me concentre uniquement sur deux civilisations, ça limite les articles en retard.
   Donc, il y a bien une semaine et demie, le centre de recherches sur les propriétés culturelles enterrées de l'Université de Ehime annonçait la découverte de nombreuses habitations de plain-pied datées de la fin du Jōmon Final (800-700 BCE) sur le site de Bunkyō (文京遺跡, campus de Shirokita, quartier de Bunkyō, ville de Matsuyama, préfecture de Ehime). C'est la première fois que l'on retrouve ce type d'habitations pour cette période dans la préfecture.

   Il s'agit de la 45è campagne de fouilles (premières fouilles en 1975) sur le site de Bunkyō (hello, chantier-école idéalement placé sur un campus), qui correspond à un village important de la plaine de Matsuyama, du Jōmon jusqu'au Kofun. La zone fouillée cette année depuis mars s'étend sur 1.400 m², à 80 mètres environ au nord des vestiges d'un très grand village du Yayoi. On y a trouvé les vestiges de dix (10) habitations de plain-pied, plus ou moins circulaires.
   Ces habitations sont nombreuses dans l'est du Japon et sur Kyūshū pour cette période, mais très rare dans le Chūshikoku (région qui, comme son nom l'indique, rassemble le Chūgoku (中国) et Shikoku (四国), pourquoi n'ai-je pas simplement cité ces deux régions au lieu d'expliquer sur deux lignes une contraction dont le but est de gagner de la place ?). En fait, les habitations du Jōmon en général sont rares dans la préfecture de Ehime et cette découverte permet de combler un peu le désert de données auquel nous sommes confrontés.

  Comme j'ai tardé à taper ce compte-rendu, l'article dont il est tiré a été supprimé du site du journal.
Mais il y a ici un pdf des documents fournis pendant la conférence sur site de la semaine dernière. Et ici une représentation des habitations sur le plan de fouilles.

berangere: (jomon doki)

   Tottori (!), préfecture habituellement représentée sur ce journal par ses sites du Yayoi, s'est dit qu'il était grand temps d'être formidable au Jōmon aussi. Et nous lui en savons gré !  D'autant plus qu'elle fait ça fort brillamment.

  Trois sites sont fouillés sur la rive sud de l'étang de Koyama depuis le mois d'avril, mais c'est Takazumi Idezoe (高住井手添遺跡, ville de Tottori, préfecture de Tottori) qui retient aujourd'hui notre attention.

  Le site de Takazumi Idezoe s'étend sur 4.000 m² et présente des occupations du Jōmon Ancien (4.000 BCE) au Yayoi Récent (200 CE). Dans le coin nord-est de la zone fouillée on a retrouvé le lit d'une ancienne rivière qui coulait là au Jōmon Final (de 1.000 à 500 BCE environ). Cette rivière a été comblée au tout début de l'adoption de la civilisation Yayoi dans la région. Et qui dit lit d'une ancienne rivière induit souvent "milieu humide anaérobie", particulièrement propice à la conservation des éléments en matières normalement périssables.

  Et cela n'a pas manqué, nous avons de la vannerie ! Dix panier en tout, ce qui correspond au plus grand nombre de paniers découverts sur un site jōmon pour cette préfecture. La vannerie préhistorique japonaise fait l'objet d'une typologie précise (qui cela étonne-t-il ?) à laquelle vous pouvez vous initier en téléchargeant ce pdf, de Yanagihara Shoko, si vous avez comme moi une fascination particulière pour tout mobilier archéologique qui sort de l'ordinaire (ou pour les paniers).

  Je ne résiste pas plus longtemps, voici une débauche d'images :


Remarquez les jolis motifs décoratifs avec les brins plus gros au milieu du tressage.
Il s'agit du panier #8, particulièrement bien conservé vu qu'il ne manque que le fond et le bord.

Le reste sous un cut )

   Dix paniers donc. Selon notre amie Yanagihara Shoko, ils sont tressés avec la technique mojiri ami もじり編み. Ami 編み est un terme générique s'appliquant à tout ce qui est tricot, tressage ou vannerie et mojiri もじり signifie "tordre". Comme on ne voit bien sur les photos, les brins verticaux de la chaîne sont très espacés et les brins horizontaux de la trame sont groupés par deux avec une alternance simple (= un dessus, un dessous, un dessus, un dessous...).
  Les fibres utilisées, de 2 à 3 mm de diamètre, sont du cyprès hinoki (Chamaecyparis obtusa) pour la chaîne et du jasmin étoilé jaune (Trachelospermum asiaticum) pour la trame. La découverte de ces fibres en grande quantité sur le site laisse penser que les paniers étaient fabriqués sur place.

  Sur ces dix paniers, huit ont été retrouvés en place dans le lit de la rivière qui, elle aussi, comporte des structures intéressantes. Cette rivière a en effet été barrée à deux endroits par des troncs d'arbres de 30 à 50 cm de diamètre afin d'en réguler le débit.


Entourée en rouge entre les deux barrages, la zone où on a trouvé la plupart des paniers.

Encore un cut )
  C'est également dans cette partie de la rivière entre les deux barrages qu'on a retrouvé une quantité importante de fruits à écale (des marrons et des glands), concentrés dans trois endroits, dans lesquels on a retrouvé les paniers.



  Il semble donc que nous soyons en présence d'un site de rinçage des fruits à écale. Contrairement à la châtaigne, le marron et le gland sont riches en tanin et autres substances assez toxiques qui les rendent impropres à la consommation tels quels. Il est nécessaire de leur faire subir un rinçage soutenu pour supprimer les substances astringentes et pouvoir les manger (et accessoirement, l'immersion dans l'eau tue également les parasites).

  À noter que l'occupation yayoi du site comporte un fossé qui a été creusé après le comblement de la rivière, dont la paroi ouest a été recouverte d'écorce d'arbre pour qu'elle soit moins sensible à l'érosion entrainée par l'eau courante. La céramique retrouvée à proximité est du Yayoi Moyen. Dans un autre fossé tout au nord de la zone fouillée, daté du Yayoi Récent, on a retrouvé 30 noyaux de pêche, qui ramènent sur le devant de la scène la théorie prêtant aux pêches un caractère magique.

Les sources ! )
berangere: (jomon doki)
  Si le Jōmon est une civilisation qui s'étend sans conteste sur l'ensemble du Japon actuel, il faut reconnaître qu'il y a quand même des endroits où il se fait discret. Le site de Niwagafuchi (庭ヶ渕遺跡, quartier de Kagami, ville de Kōnan, préfecture de Kōchi) , fouillé depuis le mois de juillet, n'est par exemple que le quatrième habitat jōmon découvert dans cette préfecture. Et le premier daté de la deuxième moitié du Jōmon Final.
  Le site s'étend sur 400 m² et est fouillé dans le cadre d'opérations de sauvetage avant la construction d'une route par la municipalité. L'habitat est sis sur une terrasse de la rivière Sannagawa et est occupé de la fin du Jōmon Final au début du Yayoi Ancien (1.200 - 500 BCE). Deux mois de fouilles ont permis la collecte de plus de 8.000 pièces de mobilier céramique et lithique. Les structures comportent des pierres rougies par le feu et des concentrations de charbon de bois, laissant supposer la nature domestique du site.

   Et ce site semble bien plus intéressant que ne le laissait supposer l'entrefilet d'une ligne auquel il a d'abord eu droit dans le journal local :

  2011年08月26日18時18分
香南市教委は26日、同市の庭ケ渕遺跡で縄文晩期後半とみられる住居跡が見つかったと発表。縄文の住居跡は高知県内4例目で晩期後半は初。

   C'est un peu court, jeune homme ! Mais s'en apercevant probablement, le même journal a complété les informations le jour suivant, bientôt relayé par les quotidiens nationaux ET.... le site a même eu droit à un reportage dans le journal télévisé local, que vous pouvez visionner actuellement ici. Je n'ai aucune idée de la manière dont je pourrais sauvegarder la vidéo et l'inclure définitivement dans cet article.

   Pourquoi une telle couverture médiatique ? (d'accord, on est loin de "Makimuku en prime time sur la NHK pendant 2 heures", mais quand même). Déjà, comme précisé au-dessus, "premier site de la fin du Jōmon Final de la préfecture". Ensuite, le site couvre la transition du Jōmon au Yayoi, et il semblerait que je ne sois pas la seule à trouver l'articulation entre deux civilisations captivante. Mais surtout, le mobilier se révèle particulièrement intéressant. Jugez plutôt :
- deux tessons de vaisselle du type kōretsumon (孔列文土器), avec des petits trous alignés sous le bord. Ce type de vaisselle est caractéristique de la fin du Jōmon Final et il s'agit seulement de la troisième découverte de ce type dans la préfecture (la première pour la plaine de Kachō). Il semblerait que la céramique kōretsumon se soit développée dans l'est de l'île de Kyūshū (préfecture de Miyazaki) sous l'influence d'une céramique provenant de la péninsule coréenne. Elle est très bien représentée sur l'île de Kyūshū, mais très rare sur l'île de Shikoku.
- un tesson de vaisselle du type nagatake (長竹式土器), avec un décor de lignes incisées, caractéristique de la région du Hokuriku.
- un tesson de vaisselle du type kizamime tottaimon (刻み目突帯文土器), caractéristique de l'ouest du Japon.


À gauche le tesson nagatake, à droite les deux tessons kōretsumon

  Tout ça sur un site qui n'a même pas un fond de cabane ! Une telle abondance de provenances pour le mobilier en céramique oblige forcément à mentionner le très célèbre "réseau jōmon", nom donné à l'ensemble très étendu des relations commerciales entre les peuples sur l'archipel japonais pendant la civilisation Jōmon. Pour certains, c'est ce même réseau, très développé, qui a permis la diffusion rapide de la civilisation Yayoi sur l'archipel.
  En parlant du Yayoi, la céramique du Yayoi Ancien collectée sur le site est de type ongagawa, qui est probablement le type de céramique le plus répandu pour cette période.

Une vue du chantier et les differentes sources )

 

 


berangere: (Default)
   Les dogūs !
   Figurines en terre cuite, symboles de la civilisation Jōmon s'il en est. Bien plus représentatives que les vases à décoration compliquée du Jōmon Moyen que l'on voit partout et qui (donc) ne sont produits qu'au Jōmon Moyen, on trouve des dogūs du Proto-Jōmon au Jōmon Final, dans toutes les préfectures d'Okinawa à Hokkaidō. Sauf Tokushima.
  Sauf Tokushima ! Et bien ce n'est plus le cas ! Le site de Niimi (新居見遺跡, quartier de Niimi, ville de Komatsushima, préfecture de Tokushima) a offert à la préfecture de Tokushima sa première dogū !


  Datée du Jōmon Final, seule la partie inférieure a été retrouvée : le tronc et les jambes. Elle mesure 7,6 cm de haut et 2,5 cm dans sa plus large épaisseur. Des lignes incisées départagent les jambes et le tronc et les jambes et les pieds. De l'ocre rouge a été retrouvé à l'emplacement du nombril. Une étude aux rayons X a démontré que la tête (disparue), les jambes et le tronc étaient modelés séparément puis assemblés.
  Il semblerait que le ventre et les fesses rebondies de la statuette dénotent le désir de représentation d'une femme enceinte. À en juger par la photo, je dirais qu'elle est dans son premier mois...
  Elle a été trouvée au mois de mars au cours de fouilles de sauvetage avant la construction d'un autoroute, qui ont débuté en septembre 2010. La zone fouillée couvre 5.300 m² et les unités stratigraphiques supérieures comportaient une occupation du Kofun Récent, avec un tumulus et un groupe de tombes plus modestes.




  La première dogū de Tokushima sera exposée du 21 au 24 juillet au cours d'une expo-flash intitulée "Fouilles Tokushima 2011" (même le titre est flash) au centre de coordination des propriétés culturelles enterrées de la ville de Itano.

Source )
berangere: (Default)
  C'est l'été ! Bon, d'accord, pour le moment, c'est tsuyu, mais dans quelques semaines on verra courir partout des enfants avec autour du cou leur cage à insectes grouillante de crissements qui donnent une envie irrémédiable de se gratter... Déjà, rien que d'écrire cet article ça me gratte de partout...

  Brefle, voici un article de circonstance sur la découverte d'un Nokogiri Kuwagata (Prosopocoilus inclinatus) entier sur un site du Jōmon Final (800 - 500 BCE).
  Le site de Akitsu (秋津遺跡, ville de Gose, préfecture de Nara) est surtout célèbre pour son occupation de la période des kofuns car on y a retrouvé des palissades en bois très bien conservées. Ce site a donc également une occupation jōmon, et les mêmes conditions qui ont permis la conservation des palissades kofuns ont fait qu'on a pu retrouver, au pied d'un chêne du Japon (Quercus acuta) au bord d'une rivière*, un coléoptère parfaitement conservé. Il s'agit de la première fois que l'on retrouve un insecte de ce type conservé dans son intégralité pour la civilisation Jōmon : les découvertes d'insectes plus petits sont plus fréquentes.

  L'insecte mesure 63,5 mm de long (dont 22,5 cm pour la mandibule : il s'agit d'un mâle) et ne présente pas de différence avec les insectes actuels.
  Il est exposé jusqu'au 12 juin au musée attaché au Kashikoken (橿原考古学研究所, Laboratoire de Recherches Archéologiques de Kashihara, qui doit être le laboratoire le plus actif du Japon OU le seul qui investit dans un service de presse, vu qu'il est cité dans 50% des articles de ce site, ou presque).



ça gratte ?
Une autre photo et une source )

* entendons-nous bien : le chêne et la rivière étaient là au Jōmon, pas actuellement.

berangere: (jomon doki)
  Le site de Kashihara (橿原遺跡, préfecture de Nara, ville de Kashihara, quartier de Unebi, Jōmon Final) a été fouillé entre 1938 et 1941. Un rapport de fouilles a été publié en 1961. 1225 pièces de mobilier, incluant de la vaisselle et d'autre objets en céramique et du mobilier lithique ont été classées Importantes Propriétés Culturelles en 2002.

   620 pièces de vaisselle en céramique ont été réexaminées depuis 2003. L'important travail de typologie céramique réalisé depuis les 70 dernières années a permis de conclure que 24% des vaisselles présentaient des traits caractéristiques des régions extérieures au Kinki, du Tōhoku à Kyūshū. En fait, plus de 20% des vaisselles sont similaires à celles que l'on trouve dans les régions du Tōhoku et du Hokuriku.
  Une telle abondance de vaisselles aux caractéristiques exogènes est très rare dans la région du Kinki, où même les sites ne présentant que 10% de vaisselles extérieures restent exceptionnels.
  L'argile utilisée pour la fabrication de ces vaisselles est locale, ce qui laisse supposer leur fabrication sur place par des populations immigrantes. Le site de Kashihara semble être un centre important du bassin de Nara au Jōmon Final, connaissant un afflux abondant de personnes extérieures à la région.

  Les os des animaux et des poissons retrouvés en fouilles ont également été l'objet d'une nouvelle étude. Le mobilier comporte plus de 6.000 pièces osseuses (os, fragments d'os et dents) dont 4.448 ont pu être attribuées à un genre et une espèce précise.
16 espèces de mammifères ont été identifiées, dont une très grande majorité de sangliers (Sus scrofa, 2517 pièces) et de cerfs (Cervus nippon, 1731 pièces). On note également un nombre conséquent de macaques (Macaca fuscata, 27 pièces), de lièvres (Lepus brachyurus, 25 pièces) et d'écureuils volants (Petaurista leucogenys, 17 pièces).
  12 espèces de poissons ont également pu être identifiées : des poissons d'eau douce comme la carpe (Cyprinus carpio) et le poisson-chat (Silurus asotus) mais également 10 espèces de poissons marins : dorade (Pagrus major), pagre tête noire (Acanthopagrus schelegelii), bar (Lateolabrax japonicus), fugu (tetraodontidae)...
  La présence de ces poissons marin confirme l'hypothèse que le village de Kashihara était un centre commercial important ayant des liens avec les établissements en bord de mer. On remarque que l'importation de poissons marins vers les sites à l'intérieur des terres de poursuit dans le bassin de Nara pour les périodes suivantes et ils se trouvent en quantité importante sur les sites du Yayoi et jusqu'à la période de Asuka (592 - 710 CE).

Source )
berangere: (yajiri)
  La ville de Suzuka (préfecture de Mie) a classé "propriétés culturelles municipales" un couteau en pierre jōmon et une vaisselle yayoi.

  Le couteau en pierre a été trouvé sur le site de Hirata (平田遺跡, quartier de Hirata ville de Suzuka) en 2004, lors de fouilles avant l'aménagement d'une zone résidentielle. Il a été trouvé dans le fossé d'une tombe avec tumulus quadrangulaire entouré d'un fossé (方形周溝墓) daté du Yayoi Récent, mais il s'agit d'une pièce de mobilier caractéristique de la première moitié Jōmon Final.
  Le couteau est en schiste, il mesure 392 mm de long, 25,3 mm dans sa plus grande largeur et 22,3 mm dans sa plus grande épaisseur. Il est pratiquement intact et est décoré de trois bandes transversales gravées de croix à une de ses extrémités.


Il est franchement magnifique, je veux le même.

  On pense que ce type de couteaux, comme les épées en pierre ou les bâtons en pierre, n'étaient pas fonctionnels et avaient une utilisation rituelle.
  On a trouvé des couteaux comparables dans 12 sites dans la préfecture de Mie, mais celui-ci est exceptionnel par sa qualité de conservation. Il est stylistiquement particulièrement proche des couteaux retrouvés sur les sites de :
- Shichiminamiura (志知南浦遺跡), ville de Kuwana,
- Morizoe(森添遺跡), ville de Watarai, groupement de Watarai,
- Sone (曽根遺跡), ville de Owase.

  Le couteau en pierre de Hirata est le seul qui soit à la fois entier et décoré.


  La vaisselle a été trouvée sur le site de Yaegaki jinja (八重垣神社遺跡, quartier de Tomiya, ville de Suzuka) en 2008, lors de fouilles avant la construction d'un nouveau bâtiment pour un collège. Elle a été trouvée dans un fossé daté du tout début du Yayoi Ancien. Son diamètre maximal (qui est son diamètre à l'ouverture) est de 134 mm et elle mesure 157 mm de haut. Il s'agit d'un petit tsubo, que l'on a pu remonter dans sa quasi-intégralité. L'ouverture présente un bord ondulé avec quatre pics.

Il y aura une image ici quand Dreamwidth aura décidé qu'il est d'accord pour m'afficher la boite de dialogue

  Il s'agit d'une vaisselle de type Ongagawa. Il y a un décor de lignes incisées à la spatule sur la panse, appelé chinsenmon et essentiellement retrouvé sur les vaisselles du Yayoi Ancien au Yayoi Moyen, caractéristique du Tokai et du Hokuriku, avec une origine de diffusion basée sur le Hokuriku.
  Dans la préfecture de Mie, on trouve des vaisselles comparables sur les sites de :
- Suka (須賀遺跡), ville de Suzuka,
- Nagai (永井遺跡), ville de Yokkaichi.
  Ces sites n'ont livré que des tessons et la vaisselle retrouvée à Yaegaki jinja est la plus complète retrouvée à ce jour dans la préfecture.
  Cette vaisselle a été utilisée dans un cadre domestique pour cuire des aliments.


Source )
Et une plaquette éditée par la ville de Suzuka.

berangere: (Default)
   On a découvert les 「vestiges d'une dépression en forme de fossé」 datés du Jōmon Final (1000 BCE) sur le site de Futenma Shimohara II (普天間下原第二遺跡, préfecture d'Okinawa, ville de Ginowan, Camp américain de Sukeran).
  Il s'agit de la première découverte d'une structure de ce type dans la préfecture, et probablement dans tout l'archipel Amami.
  Le site a livré des traces de vestiges d'un habitat à proximité, et il est possible que cette structure correspondent à une division volontaire de l'espace de l'habitat : il s'agit d'une découverte importante dans le cadre de la compréhension de l'organisation des habitats de cette époque sur Okinawa.

  Une grande quantité de céramique a été découverte à l'intérieur du fossé. La céramique ne présente pas de traces d'utilisation domestique (restes alimentaires) et il est possible qu'elle ait été placée dans la fossé dans le cadre d'une activité rituelle.
  Il s'agit de céramique de type Uzahama (du nom d'un autre site sur Okinawa), et elle est présente dans les trois couches de comblement du fossé. Cette découverte va permettre d'affiner la typologie de la céramique Uzahama en proposant une évolution chronologique. Dans la plupart des sites sur Okinawa, les différents niveaux d'occupation ne sont pas clairement identifiables, à cause des recoupements importants des différentes unités stratigraphiques, dérangées par les occupations successives du même endroit pendant plusieurs millénaires. Retrouver une structure contenant du matériel attribué à une seule époque est très rare.

  Les fouilles ont lieu depuis septembre 2010 et se poursuivront jusqu'au mois prochain. Le Comité d'Éducation Municipal a proposé la préservation du site au Département de Protection d'Okinawa : le site devait devenir un parking pour un hôpital de la marine américaine. S'il est classé, il sera recouvert et le parking sera construit de manière à ne pas endommager les vestiges non encore fouillés.

Source )
berangere: (magatama)
  Le site de Nagatake (長竹遺跡, préfecture de Saitama, ville de Kazo, Ōgoe) est fouillé depuis mai 2010 dans le cadre de travaux pour le renforcement des rives de la rivière Tone. Il comporte, sur 3.300 m², des occupations de la période contemporaine (Edo-Muromachi) au Jōmon Initial (7000 BCE).
  L'occupation du Jōmon Récent et Final est très importante : il n'a pas été fouillé dans sa totalité, mais il s'agit peut-être du plus grand site de la préfecture, tant en surface qu'en densité de mobilier.
  Cette semaine, l'Agence de Recherche pour les Propriétés Culturelles Enterrées de la préfecture a annoncé la découverte d'une boucle d'oreille en argile ajourée, avec un motif compliqué de tourbillon. La boucle d'oreille a un diamètre de 8 centimètres environ, et une épaisseur de 1 à 2 millimètres. Il s'agit de la première fois que l'on découvre une boucle d'oreille aussi ouvragée dans la région, et l'argile, très claire, rarement utilisée dans la préfecture, laisse penser qu'il pourrait s'agir d'une importation.

   Dans la préfecture de Saitama, l'amas coquillier de Shimpukuji (ville de Saitame, quartier de Iwatsuki) a livré un très grand nombre de fragments de boucles d'oreilles, mais dont le diamètre ne dépassait pas 4,5 centimètres. Cependant, on a également retrouvé sur ce site une dogū de forme humaine qui porte de très grandes boucles d'oreilles.
  Dans tout le pays, trois sites seulement comportent des boucles d'oreilles qui ont été classées 「Importantes Propriétés Culturelles」 :
- le site de Shimofuda (préfecture de Tōkyō, ville de Chōfu) : une boucle d'un diamètre de 9,8 centimètres, avec des motifs de pétales de fleurs.
- le site de Ueno-Chiamigaito (préfecture de Gunma, ville de Kiryū) : plus de 170 boucles d'oreilles, dont une avec des motifs de pétales de fleurs.
- le site de Kayano (préfecture de Gunma, village de Shinto) : plus de 557 boucles d'oreilles dont une ajourée, de 7,7 centimètres de diamètre. Certaines des boucles d'oreilles retrouvées sur ce site sont d'une couleur comparable à celles de Nagatake.






Quelques precisions, une autre image, une carte et la source )
berangere: (Default)
  L'amas coquillier de Hobi (保美貝塚)(préfecture de Aichi, ville de Tahara) est célèbre car il comporte des sépultures collectives, et que ce n'est pas une pratique funéraire très courante au Jōmon, où la mode est plutôt à l'inhumation individuelle en pleine terre avec les membres inférieurs repliés. Ou éventuellement à l'inhumation (primaire ou secondaire) en jarre.
  En fait, Hobi comprend :
- deux sépultures collectives, l'une sur la zone 1 et l'autre sur la zone B (respectivement avec un NMI* de 14 et de 6, c'est pas non plus la Chaussée-Tirancourt**),
- 31 sépultures primaires individuelles,
- un mobilier riche avec des dogūs, des outils en pierre, en matières dures animales...

  Les fouilles qui ont permis de mettre au jour ces sépultures datent des années 1960, mais une nouvelle campagne de fouilles est en cours ; elle a commencé le 19 février et prendra fin le 18 mars. Elle est menée par une équipe de 20 chercheurs d'universités différentes (Université de Tōkyō, Université de Kyōto, Université de Nagoya...), archéologues ou anthropologues, sous la coordination de Yamada Yasuhiro, professeur à l'Université de Shimane.
  L'endroit fouillé se situe dans la zone "B", où on a déjà trouvé une sépulture collective précédemment. Le périmètre de fouilles mesure 4 mètres du nord au sud sur 6 mètres d'est en ouest. Dans la partie sud-ouest de cette zone, à une vingtaine de centimètres sous la surface du sol, on a trouvé une banjōshūkotsusō, à proximité immédiate d'une autre sépulture collective et d'une sépulture en jarre. La jarre contenait de nombreux os humains brûlés.
  Les trois sépultures ont été trouvées dans la même unité stratigraphiques et appartiennent probablement à la même période, datée par la typologie céramique du début du Jōmon Final vers 1000 BCE. C'est la première fois que l'on trouve ce type d'association de pratiques funéraires pour cette période.
  À noter qu'à 2 mètres environ au nord-est, on a également trouvé une sépulture individuelle primaire, avec les membres inférieurs repliés. Le mobilier funéraire comprenait une parure de hanches en os de cerfs et une épée en pierre.
  Le mobilier de la zone fouillée quant à lui comportait des pointes de flèches en pierre, des os de sangliers et des haches polies.

  La dernière découverte d'une banjōshūkotsusō remonte à 1984. C'était celle de l'amas coquillier de Ikawazu, dans la même ville. Avec cette découverte, le nombre de banjōshūkotsusōs sur l'archipel passe à onze (11). Toutes ces sépultures ont été trouvées dans la région de Mikawa (préfecture de Aichi).
  Le ministère de l'Éducation, de la Culture, des Sciences (...) va financer des recherches sur trois ans à compter de cette année pour analyser les restes humains récoltés au cours de cette campagne pour déterminer la période à laquelle les os ont été enterré et les opérations qu'ils ont subi, l'âge au décès des individus inhumés, leur sexe, les éventuelles relations familiales, leur régime alimentaire...
  Des fouilles sur une aire plus importante sont également prévues pour cet été.


*NMI : Nombre Minimum d'Individus. Par exemple si on a 4 humérus droits, 4 tibias droits et 6 tibias gauches, on est sûrs qu'il y avait au moins 6 individus au départ. Au moins. Il peut y en avoir eu plus, les 4 humérus n'appartiennent pas forcément aux mêmes types que les 4 tibias. Mais on ne le sait pas, donc on table sur 6.
** qui doit facilement atteindre les 400 individus.

La source )

Itazuke

Mar. 3rd, 2011 05:28 pm
berangere: (itazuke)
  La déferlante Kofun continuant de noyer les actualités archéologiques, voici une présentation de Itazuke, qui est peut-être mon site préféré. Il est dans le top 10 en tous cas.
  Itazuke (板付遺跡), site phare de la transition entre le Jōmon et le Yayoi, complètement inconnu des riverains*...

  Situé sur le plateau d'Itazuke (préfecture de Fukuoka, ville de Fukuoka, quartier de Hakata) sur une terrasse basse, le site d'Itazuke est un habitat à enceinte occupé du Jōmon Final au Yayoi Récent. Il est classé Site Historique National depuis 1976 car je ne suis pas la seule à penser qu'il est formidable.
  Le plateau d'Itazuke mesure 650 x 200 mètres environ et est bordé à l'est par la rivière Mikasa et à l'ouest par la rivière Morooka.
















Par ici )


* véridique : je connais plusieurs personnes dans la ville de Fukuoka qui n'en ont jamais entendu parler.
** fouilles de Hashimuregawa, préfecture de Kagoshima.
berangere: (yoshinogari)
  Contrairement à ce qu'affirment un bon nombre d'article sur le sujet, ça n'est pas la première fois qu'on en trouve, mais ça reste assez rare pour en parler.

  Donc parlons-en.

  Des fouilles sont conduites depuis l'année dernière sur le site de Shimohaneda (préfecture de Shiga, ville de Higashiomi) et on y a déjà trouvé des vestiges de la période kofun.
  Cette fois-ci, il s'agit d'un habitat de la fin du Jōmon Final (500 - 400 BCE environ) qui s'étend sur une zone de 400 m x 400 m environ et comporte des habitations semi-enterrées, des bâtiments à plancher surélevé, des tombes en fosses et des tombes en jarres.
  La plupart des articles de journaux indiquent que c'est la première fois que l'on trouve des habitations semi-enterrées et des bâtiments à plancher surélevé sur le même site du Jōmon Final dans le Kinki alors qu'il y en a à Kannonji Honma (préfecture de Nara, ville de Gose). Mais avec deux sites pour toute une région, on peut tout de même considérer que c'est une configuration rare. De même la cohabitation d'habitations semi-enterrées avec des tombes en fosses et des tombes en jarres ne se retrouve dans le Kinki que sur le site de Kamisato (ville de Kyōto, Nishikyō). En revanche, l'association habitations semi-enterrées + bâtiments à planchers surélevés + tombes en jarres + tombes en fosses, ça, c'est une première pour le Kinki au Jōmon Final (oui, on trouve toujours une configuration pour laquelle on a "le premier", "le seul" ou "le plus vieux" site).



Les tres nombreuses sources et leurs informations contradictoires )
berangere: (anthropo fun)
  Je voulais juste faire une brève sur le fait que le terrain autour de l'amas coquillier de Hazawa a été classé Site Historique Préfectoral, et ça a fini en article complet sur le site...

  L'amas coquillier de Hazawa (préfecture de Gifu, ville de Kaizu, quartier de Nanno) est un site d'habitat occupé de la fin du Jōmon Moyen jusqu'au Jōmon Final, mais ce sont les occupations du Jōmon Récent et Final qui ont fourni le plus de mobilier.
  Le site est exceptionnel car on connaît actuellement seulement deux amas coquilliers dans la préfecture de Gifu : celui-ci et celui de Niwada, situé à deux kilomètres au nord en remontant la rivière Ibi.

  Le site a été découvert en 1910 et le centre de l'amas coquillier (39 m²) a été déclaré Site Historique Préfectoral en 1957. L'ancienne municipalité de Nanno* a acheté les terrains qui se situent autour de l'amas coquillier et a mené des campagnes de fouilles en 1996 et 1997 pour confirmer l'étendue du site (environ 500 m²). L'année dernière, un espace de 3832 m² a été classé Site Historique Municipal. C'est ce terrain qui a accédé au titre de Site Historique Préfectoral cette semaine.


 


* La municipalité de Nanno a disparu en 2005 au cours d'un de ces remaniements administratifs dont le Japon raffole. Plusieurs municipalités adjacentes ont été regroupées pour former la ville de Kaizu.

berangere: (jomon doki)
  Les affaires reprennent.
  Le centre pour les propriétés culturelles enterrées de la préfecture de Tokushima a annoncé que le site de Fukase (ville de Anan, quartier de Fukase) présente une stratigraphie complète avec 5 niveaux d'occupation du Jōmon Ancien au Jōmon Final (plus une occupation du début du Yayoi au tout début du Kofun (300BCE - 200CE) et une occupation Heian - Kamakura (900 - 1200 CE) mais c'est accessoire).
  Les stratigraphies présentant des occupations de toutes les phases de la civilisation Jōmon sont rares (techniquement, il en manque deux, mais ne chipotons pas). Il s'agit de la première découverte dans la préfecture de Tokushima et il en existe seulement 7 dans toute l'île de Shikoku.






























berangere: (tateana)
  Voilà que j'ouvre une section "petites annonces", maintenant...
  La ville de Fukushima recherche des volontaires pour accueillir le public sur son parc historique 「Jo-mopia Miyahata」.
Jo-mopia, contraction hasardeuse de Jōmon et utopia est un parc archéologique situé à l'emplacement du site de Miyahata (qui a été fouillé avant l'installation du parc, bien entendu).


(oui, ils n'ont pas fait les choses à moitié)

  La parc comporte donc, si on en croit le schéma,
[1] une forêt jōmon (縄文の森)
[2] un village jōmon (縄文のむら*)
[3] une pelouse (芝生広場)
[4] des fleurs le long des chemins du parc (園路沿いの花)
[5] un marais (湿地)
[6] une zone multi-activités (多目的広場) (en haut à droite là où il y a le gros point avec un trait qui part vers l'extérieur du dessin)
[7] une station d'accueil (ガイダンス)

  La ville recherche des hommes et des femmes âgés de plus de 18 ans avec un intérêt pour l'histoire. Les candidatures sont à adresser par courrier ou par fax à la section culturelle du Comité d'Éducation de la ville de Fukushima avant le 28 février. La formation commence en mars, et les activités en mai.
 

 

Mainichi )

 




*pour une raison inconnue, 「mura」 (village) est très souvent écrit en hiragana ou en katakana (むら ou ムラ) dans les parcs archéologiques alors que le kanji (村) fait partie de ceux qu'on apprend en première année d'école primaire...
** je rappelle que les os sont rarement conservés sur les sites japonais.

berangere: (itazuke)

La domestication des châtaigniers avait déjà été soupçonnée dans le nord de l'archipel (à Sannai Maruyama, pour ne pas le nommer...) suite à l'observation d'une baisse de la diversité génétique dans les pollens récoltés. Le site de Kannonji Honma à Kashihara (Nara-ken) nous fournit une nouvelle preuve de cette pratique, directe cette fois-ci, puisqu'il s'agit de la découverte d'un "champ" de châtaigniers, à proximité d'un habitat.

Le site est daté du milieu du Jomon Final (vers 800 BCE)et comporte donc un habitat, un cimetière et une aire consacrée à la domestication des végétaux, à environ 300 mètres de l'habitat.
La zone concernée par la sylviculture est un carré de terre de 80 mètres de côté entouré d'un canal. Les fouilles menées en 2008 ont permis de dégager 145 arbres distincts, qu'il s'agisse de souches d'arbres en place ou de bois abattu. 68 individus ont fait l'objet d'analyses qui ont permis de déterminer qu'ils appartiennent à 23 variétés différentes, dont 13 variétés de châtaigniers et marronniers dont les fruits sont comestibles.
Les châtaigniers sont représentés par 40 individus, dont 25 souches en place. Les troncs mesurent environ 50 centimètres de diamètre.
Ils sont concentrés dans une zone de laquelle les autres espèces sont absentes, ce qui induit une déforestation sélective de la part des populations jomons.





osaka.yomiuri.co.jp/news/20100227-OYO1T00372.htm
sankei.jp.msn.com/culture/academic/100226/acd1002262059003-n1.htm

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