berangere: (rizière)

En raison de son incroyable popularité, notre série "La préhistoire d'Okinawa n'est pas un mythe" devient hebdomadaire ! Quoi qu'en pensent les sceptiques, les preuves de son existence s'accumulent et des gens font même des conférences sur sites pour répandre la bonne nouvelle.

 
carte de localisation du site  Le site de Kiyūna agaribaru nu bataki (喜友名東原ヌバタキ, Kiyūna, ville de Ginowan, préfecture d'Okinawa) a fait l'objet d'une cinquième campagne de fouilles par le Comité d'Éducation de la ville de Ginowan cet été, de juin à début septembre, avant la construction d'un immeuble d'habitations. Il s'agit d'un site d'habitat daté des alentours de 500 BCE, à la toute fin de la Période des Amas Coquilliers Moyen (ce qui correspond en gros au Jōmon Final, mais comme la préhistoire d'Okinawa existe avec plusieurs centaines de kilomètres d'eau entre elle et la civilisation Jōmon, elle a le droit d'avoir sa propre terminologie). Les précédentes campagnes ont permis d'identifier vingt-et-une (21) habitations, des foyers extérieurs et des silos / fosses. Le mobilier comporte des vaisselles locales (de type Kayauchibanta et Uzahama), des vaisselles importées de Kyūshū du Yayoi Initial (datées de 2670 BP), des outils lithiques, des coquillages percés et des écofacts (des graines).

Le site est donc particulièrement intéressant parce que 1- il s'agit d'un site archéologique, tous les sites archéologiques sont intéressants ; 2- il permet d'obtenir des indices sur les relations entre Okinawa et le Japon ; 3- ces informations concernent une période de transition entre deux (2) civilisations sur l'archipel japonais, et les transitions sont toujours des périodes amusantes.

 

Cette année, la campagne de fouilles a permis de mettre au jour six (6) habitations, une dizaine de foyers-fosses et des zones de passage (des chemins entre les habitations).

Comme la plupart du temps pour la civilisation Jōmon et la civilisation des Amas Coquilliers, les habitations sont semi-enterrées, creusées dans le sol géologique. Le site est situé dans un endroit ou le sol géologique n'est pas particulièrement épais et dans plusieurs habitations, le creusement atteint la roche mère. Dans cette partie d'Okinawa, la roche mère est du calcaire des Ryūkyū, qui présente une surface très irrégulière. Dans les habitations où cet horizon a été atteint, la roche a été aplanie, probablement par percussions répétées avec d'autres blocs de roche, ce qui a dû représenter un travail conséquent. Après cette préparation, une couche de terre a été déposée sur la surface aplanie. Ce type de sol d'habitation avec dépôt volontaire d'une couche de terre est une hariyuka.

 

 

 

 

 

 

berangere: (Default)


carte gnrale  Ce prétendu site d'actualités est en passe de devenir semestriel… Pour pallier ce dysfonctionnement flagrant, et dans le cadre de notre nouvelle série "L'archéologie d'Okinawa existe, parlez-en à vos amis (ce n'est pas sale)", j'aimerais attirer votre attention sur l'amas coquillier de Nagarabaru daisan.

   Nagarabaru daisan (ナガラ原第三, littéralement "Nagarabaru III") est un amas coquillier situé sur la côte sud de l'île d'Ie (Kawahira, Village de Ie, Préfecture d'Okinawa), environ à deux kilomètres du port d'Ie, dans une zone qui va prochainement être réaménagée pour contrer la pollution maritime due à l'érosion des terres agricoles.

Une récente campagne de fouilles par le Comité d'Éducation d'Ie, débutée en juillet et qui a duré jusqu'à la fin du mois dernier, a permis de dégager quatorze (14) foyers du Jōmon Récent qui ont été utilisés successivement sur une période d'environ mille (1000) ans (2000 – 1000 BCE), associés à une structure en creux avec pavement de pierres qui est interprétée comme une habitation semi-enterrée.

La zone de fouilles mesure 13 par 36 mètres et les vestiges jōmons ont été mis au jour à une profondeur variant entre 2 et 3 mètres en dessous du sol actuel.

Les foyers, situés autour de l'habitation et dans la zone orientale, présentent des aménagements de pierres pour maintenir les pots à cuire. Le village d'Ie compte d'autres sites qui ont livré des habitations semi-enterrées, mais il s'agit de la première fois que l'on trouve un site présentant autant de vestiges d'une activité domestique dans la préfecture pour cette période. Nagarabaru daisan était probablement un habitat permanent, ce qui  argue en faveur de la sédentarité des populations (la question de la sédentarité des populations jōmons sur Okinawa n'est pas encore parfaitement tranchée).

photo gnrale du site  Les vestiges jōmons ont été trouvés en association avec de la céramique Ogidō, ce qui a permis de les attribuer au Jōmon Récent. Le mobilier jōmon comporte également des éléments de parure en coquillage, du mobilier en matières dures animales (os de mammifères marins) et des épines d'oursin gravées, dont la fonction reste pour le moins obscure. Comparé aux autres sites de la même période, le mobilier lithique est limité, ce qui contraste avec l'abondant mobilier en coquillage. Il peut s'agir d'une adaptation de la culture matérielle au fait que l'habitat était situé en bord de mer, ou bien à l'absence de matières premières dans un environnement insulaire.

  

Le site comprend également un petit amas coquillier du Yayoi Récent et les restes de trois (3) individus (deux adultes et un immature) datés du Paléolithique (antérieur à 8000 – 7000 BCE, aucun mobilier n'a été trouvé en association pour confirmer cette datation).

L'amas coquillier yayoi a livré de la céramique yayoi et des concentrations d'imogai (Conidae) caractéristiques de cette période où ces coquillages étaient l'objet d'un commerce intense avec les lointaines îles de l'archipel japonais.

Le mobilier jomon






























 Mobilier jōmon. Les tessons sont de type Ogidō, la pièce de mobilier en bas à droite est en
os de mammifère marin et est décrit comme un kanzashi (pic à cheveux).
Jōmon artefacts. The sherds are from Ogidō pottery, the artefact in the down right corner is made
in sea mammal bones and is described as a kanzashi (hair ornament).
 

 

 

 

berangere: (anthropo fun)
Carte et photos seront uploadées plus tard.

   Il est grand temps de commencer à parler un peu d'Okinawa. Malgré une activité archéologique assez importante, surtout compte tenu de la taille de l'île, la presse n'est pas terriblement prodigue en actualités. Mais ça ne peut pas faire de mal de parler de découvertes qui datent un peu, après tout, ceci est un site sur l'archéologie, nous sommes quelque part spécialisés dans les choses qui datent un peu. J'ai choisi un site avec des os jōmons*, parce que, c'est évident, tout le monde a envie de lire un article sur des os jōmons.

   Le site de Bugeidō (武芸洞遺跡, Teruda utaki baru, Maekawa-aza, Tamagusuku-ōaza**, ville de Nanjō et donc, préfecture d'Okinawa) est situé dans une grotte mesurant 25 m (Est-Ouest) par 30 m (Nord-Sud) et 4 m de haut au maximum. La grotte a deux accès, un à l'est et un à l'ouest et est située à proximité de plusieurs autres sites dont le plus célèbre est la fissure de Minatogawa dans laquelle on a retrouvé les restes d'hommes fossiles logiquement nommés "Hommes de Minatogawa" (ce sujet ne sera probablement jamais traîté sur ce site, compte tenu de l'âge des vestiges).
   Le site de Bugeidō a été l'objet de plusieurs campagnes de fouilles (toujours sur des secteurs très limités de quelques mètres carrés) entre 2007 et 2009.
   Il est (relativement) célèbre car il a été le premier site du Sud d'Okinawa dans lequel on a trouvé une unité stratigraphique contenant des tessons de vaisselle tsumegatamon, datée du Jōmon Ancien vers 4.000 BCE. Il comporte également les vestiges d'un foyer associé à de la vaisselle omonawazentei du Jōmon Moyen (2500-2000 BCE) et une sépulture avec coffrage en pierre associée à des tessons de vaisselle uzahama et nakabaru du Jōmon Final (500 BCE).

   Une centaine de tessons tsumegatamon ont été trouvés en relation avec plus de trois cents (300) fragments d'os d'animaux brûlés et divers éléments de mobilier lithique dont une hache avec le tranchant poli.

   Dans une autre zone de la grotte, les fouilles ont révélé la présence d'une sépulture avec coffrage en pierre. La sépulture tire partie du relief naturel de la grotte, qu'elle complète avec des blocs de calcaires afin de créer un coffrage complet de 240 x 115 cm. Elle était fermée grossièrement par des pierres de couverture plates et recouverte de terre.
   Le corps était déposé dans le coffrage en décubitus ventral***, la tête vers le Nord-Est, légèrement tournée vers la droite. Le squelette est parfaitement conservé malgré une notable dispersion des os des mains et des pieds. Il s'agit d'un homme d'une quarantaine d'années.
  Le mobilier funéraire (car il y en a) comporte un tridacnide (Tridacnidae) posé sur le corps à hauteur de la poitrine, un cellana mazatlandica percé d'un trou juste en dessous des cervicales et un autre près du pied gauche. Enfin, douze (12) perles qui constituaient probablement un bracelet ont été retrouvées autour de l'ulna et du radius gauche. Il s'agissait alors de la première découverte d'un bracelet de perles en place.
   Il semblerait que la sépulture ait été fermée une première fois, puis rouverte pour déposer des éléments du mobilier funéraire, ce qui expliquerait la dislocation des os des pieds et des mains, aux articulations particulièrement labiles
  À noter qu'en plus du squelette complet, la sépulture contenait aussi les restes épars et fragmentaires de deux autres. Il semble donc que le même coffrage ait été utilisé successivement pour plusieurs inhumations.

   Il existe d'autres exemples de sépultures dans des coffrages de pierres sur Okinawa : sur le site de Momenbaru (Toguchi, village de Yomitan), dans l'amas coquiller de Nakakawabaru (Tokeshi, village de Yomitan), sur le site de Ōkubobaru (Tokeshi, village de Yomitan), sur le site de Azamabaru (Mashiki, ville de Ginowan) ou sur le site de Kanikubaru (Ujidomari, ville de Ginowan). Il s'agit essentiellement de sites de bord de mer. La sépulture avec coffrage de pierres découverte à Bugeidō est la première à l'être en contexte troglodyte.

Source: 山崎真治 藤田祐樹 西秋良宏 2009 平成19・20年度南城武芸洞遺跡発掘調査の概要, 沖縄県立博物館美術館紀要 2: 5-18.

* la terminologie de la chronologie pour les périodes préhistoriques dans l'archipel des Ryūkyū sera probablement abordée plus tard sur ce site. Vraisemblablement à plusieurs reprises. Très certainement dans des articles rangés sous le tag "je râle".
** je me rends compte qu'il va également falloir un article sur les terminologies géographiques propres à Okinawa, qui n'aura peut-être pas droit au tag "je râle". Peut-être.
*** oui, ceci est un oxymore.



English translation )
berangere: (anthropo fun)
  Oh ! Un article sur l'archéo jap qui a réussi à faire son chemin jusque sur les sites d'actu anglophones ! Il n'y a pas de raison que les sites francophones soient en reste, même si, pour ma part, je trouve cette découverte bien moins passionnante que, par exemple, celle du site de Odake... Voici donc une présentation de l'événement archéologique japonais interplanétaire de l'année :

   Le site de Mabuni Hantabaru (摩文仁ハンタ原遺跡, préfecture d'Okinawa, île d'Okinawa, ville de Itoman) est en lui-même un site funéraire intéressant du Jōmon Récent (2000 - 1000 BCE) avec une stratigraphie complexe : sépulture collective secondaire avec réductions de corps, tout ce que j'adore. Pour le moment, le NMI* est de 85 individus mais les restes osseux sont toujours en cours d'analyse.
   Il y a plusieurs phases d'utilisation du site. Dans les unités stratigraphiques supérieures, les individus sont enterrés avec des pierres autour de la tête, dans les unités stratigraphiques inférieures, la mode est aux réductions de corps. 80% du mobilier retrouvé (232 pièces en 2009, je n'ai pas trouvé de chiffres plus récent, mais les fouilles se sont poursuivies en 2010) est en os décoré de ciselures.


Non, je n'ai pas d'illustration plus grande...



  Mais ce qui émeut nos amis anglophones (et les journalistes japonais aussi, ne le nions pas !), ce n'est pas la grande quantité d'os retrouvée, ou la qualité du mobilier mais un ulna droit (os de l'avant bras) qui mesure 28 centimètres de long. De la longueur de cet os, on a déduit la taille de l'individu auquel il a appartenu, et il se trouve qu'il devait mesurer 169 centimètres. Taille tout à fait respectable quand on sait qu'à l'époque la taille moyenne des individus mâles est estimée à 158 centimètres. Et voilà donc ce pourquoi le site fait une apparition sur le net anglophone (le net japonais est en émoi également, hein).
  Il est vrai qu'il s'agit du plus grand ulna retrouvé pour les zones de Kyūshū et Okinawa pour cette période, et qu'il est accompagné d'un autre ulna, ayant appartenu à un individu ayant mesuré 164 centimètres. Même en dehors de Kyūshū et d'Okinawa, les os de cette taille restent rares.


"le corps du délit". à droite. à gauche c'est un radius.

  Donc, sur 85 individus, on a deux grands. Je pense que c'est un peu mince pour conclure à l'existence d'un groupe ethnique allogène sur Okinawa à l'époque (si, si, cette théorie circule). Pour information la taille moyenne des hommes français est de 177 centimètres. Comptez le nombre de français que vous connaissez mesurant plus de 187 centimètres et vous verrez que les individus dépassant la moyenne de 10 centimètres ne sont pas monnaie rare.
  Mais on ne peut pas empêcher les gens de s'enflammer. Certains sites parlent même d'une évolution locale depuis l'Homme de Minatogawa, qui correspond aux plus anciens spécimens humains découverts au Japon (à Okinawa), datés de 16.000 BCE. [La population dite jōmon serait arrivée plus tard, en provenance du nord].14.000 ans sans squelettes intermédiaires, c'est un peu léger pour développer une théorie solide. Surtout si on considère que les squelettes de l'homme de Minatogawa retrouvés appartenaient à des individus mesurant entre 150 et 155 centimètres, et donc plus petits que la moyenne des Jōmons... Si vous voulez faire de cet ulna de 28 centimètres le fer de lance d'une théorie concernant l'implication d'un autre groupe ethnique, choisissez-en au moins un avec une taille moyenne plus importante...
  D'autres sites parlent de relations pacifiques et harmonieuses avec d'autres groupes humains étrangers à une époque où les sociétés humaines ne connaissaient pas la discrimination. Je ne vois aucune objection à cela pour la partie "relations avec d'autres groupes humains" : seule une analyse plus poussée des ossements nous permettra de conclure quant aux éventuels liens de parenté entre les différents individus. Mais pourquoi pacifiques et harmonieuses ? Pourquoi pas, remarque. 

  Ce qui me rassure, c'est que les gens en charge du site sont beaucoup plus rationnels. Matsushita Takayuki, qui est directeur du Musée Anthropologique du site de Doigahama (préfecture de Yamaguchi sur Honshū, un autre site paradisiaque pour anthropologues funéraires, que je vous recommande), si il admet le caractère exceptionnel de la taille de ces os, dit qu'elle peut très bien s'expliquer par des variations individuelles. De même il peut s'agir de deux individus venus de l'extérieur, mais il va falloir trouver un nombre conséquent de squelettes présentant les mêmes caractéristiques avant de pouvoir conclure à la présence significative d'une population allogène complète.
  Les résultats des analyses des os du site de Mabuni Hantabaru (de tous les os et pas seulement deux ulnas) seront présentés le 3 septembre au Musée de Doigahama au cours d'un symposium.


NMI : Nombre Minimal d'Individus = On sait qu'ils étaient au moins 85, mais il est très possible qu'ils aient été plus, c'est juste qu'on ne peut pas le prouver.
berangere: (yajiri)
   La nouvelle est vieille d'un mois, mais j'ai oublié d'écrire l'article...
   Des fouilles sont menées à Kawaraguchibōjū (河原口坊中遺跡, ville de Ebina, préfecture de Kanagawa) depuis 2006 dans le cadre de la maintenance d'une autoroute. Le site est situé sur une légère élévation de 20 à 21 mètres au dessus de la rivière Sagami, sur la rive est, et présente des occupation du Yayoi Moyen à la période contemporaine.
  Les occupations yayois correspondent à un village daté du Yayoi Moyen au Yayoi Récent.

  La dernière campagne a eu lieu d'août 2010 à fin avril 2011 et a concerné l'ancien lit d'une rivière qui coulait au milieu du village au Yayoi Moyen. En raison de la nature du site, de nombreux éléments de mobilier en matières périssables ont été conservés.
  Le mobilier en bois comporte des houes, des pelles, des binettes, des soques, des mortiers et des pilons, des bols sur piédestal, des bols simples, des assiettes, des bords de filets de pêche, des rames et des éléments architecturaux comme des échelles ou des poteaux.
  J'adorerais avoir une photo des bords de filets de pêche, mais en attendant, voici des photos du reste.






mobilier en bois )


  Tout ceci est formidable en soi, mais l'objet principal de cet article est un élément du mobilier lithique, connu sous le nom de "hache en pierre annulaire" : une masse en pierre elliptique avec un trou circulaire la traversant de part en part ("hache" est ici un terme générique : ces objets ne sont en aucun cas tranchants). Jusqu'à présent, on supposait qu'il s'agissait de marteaux mais il existait également une autre théorie selon laquelle ces objets étaient des poids de filets de pêche. Des très gros poids de filets de pêche...
(Une recherche Google Images avec 環状石斧 donne une assez bonne idée de la forme générale de l'objet)

  Au cours des fouilles de cette année, l'une de ces "haches" a été retrouvée emmanchée, ce qui réduit les doutes quant à sa fonction. La hache (qui est donc un marteau) a un diamètre de 9 centimètres et une largeur maximale de 3 centimètres.


marteau en place


marteau en conférence de presse

Encore un peu de mobilier )

berangere: (Default)
  L'amas coquillier de Hobi (保美貝塚)(préfecture de Aichi, ville de Tahara) est célèbre car il comporte des sépultures collectives, et que ce n'est pas une pratique funéraire très courante au Jōmon, où la mode est plutôt à l'inhumation individuelle en pleine terre avec les membres inférieurs repliés. Ou éventuellement à l'inhumation (primaire ou secondaire) en jarre.
  En fait, Hobi comprend :
- deux sépultures collectives, l'une sur la zone 1 et l'autre sur la zone B (respectivement avec un NMI* de 14 et de 6, c'est pas non plus la Chaussée-Tirancourt**),
- 31 sépultures primaires individuelles,
- un mobilier riche avec des dogūs, des outils en pierre, en matières dures animales...

  Les fouilles qui ont permis de mettre au jour ces sépultures datent des années 1960, mais une nouvelle campagne de fouilles est en cours ; elle a commencé le 19 février et prendra fin le 18 mars. Elle est menée par une équipe de 20 chercheurs d'universités différentes (Université de Tōkyō, Université de Kyōto, Université de Nagoya...), archéologues ou anthropologues, sous la coordination de Yamada Yasuhiro, professeur à l'Université de Shimane.
  L'endroit fouillé se situe dans la zone "B", où on a déjà trouvé une sépulture collective précédemment. Le périmètre de fouilles mesure 4 mètres du nord au sud sur 6 mètres d'est en ouest. Dans la partie sud-ouest de cette zone, à une vingtaine de centimètres sous la surface du sol, on a trouvé une banjōshūkotsusō, à proximité immédiate d'une autre sépulture collective et d'une sépulture en jarre. La jarre contenait de nombreux os humains brûlés.
  Les trois sépultures ont été trouvées dans la même unité stratigraphiques et appartiennent probablement à la même période, datée par la typologie céramique du début du Jōmon Final vers 1000 BCE. C'est la première fois que l'on trouve ce type d'association de pratiques funéraires pour cette période.
  À noter qu'à 2 mètres environ au nord-est, on a également trouvé une sépulture individuelle primaire, avec les membres inférieurs repliés. Le mobilier funéraire comprenait une parure de hanches en os de cerfs et une épée en pierre.
  Le mobilier de la zone fouillée quant à lui comportait des pointes de flèches en pierre, des os de sangliers et des haches polies.

  La dernière découverte d'une banjōshūkotsusō remonte à 1984. C'était celle de l'amas coquillier de Ikawazu, dans la même ville. Avec cette découverte, le nombre de banjōshūkotsusōs sur l'archipel passe à onze (11). Toutes ces sépultures ont été trouvées dans la région de Mikawa (préfecture de Aichi).
  Le ministère de l'Éducation, de la Culture, des Sciences (...) va financer des recherches sur trois ans à compter de cette année pour analyser les restes humains récoltés au cours de cette campagne pour déterminer la période à laquelle les os ont été enterré et les opérations qu'ils ont subi, l'âge au décès des individus inhumés, leur sexe, les éventuelles relations familiales, leur régime alimentaire...
  Des fouilles sur une aire plus importante sont également prévues pour cet été.


*NMI : Nombre Minimum d'Individus. Par exemple si on a 4 humérus droits, 4 tibias droits et 6 tibias gauches, on est sûrs qu'il y avait au moins 6 individus au départ. Au moins. Il peut y en avoir eu plus, les 4 humérus n'appartiennent pas forcément aux mêmes types que les 4 tibias. Mais on ne le sait pas, donc on table sur 6.
** qui doit facilement atteindre les 400 individus.

La source )

berangere: (toro)
  Suite à l'article sur Ba-ga Mori Kita Shamen, voici une brève présentation (car je n'ai pas trouvé grand chose) du site de Shiudeyama (紫雲出山遺跡).


  Tout comme Ba-ga Mori Kita Shamen, Shiudeyama est un établissement de hauteur sur l'île de Shikoku (préfecture de Kagawa, ville de Mitoyo, quartier de Takuma). Le site est occupé dès le début du Yayoi Moyen, prend de l'importance dans la deuxième moitié de cette période et est abandonné à sa fin.
  Shiude est une montagne ("yama" signifiant "montagne") qui culmine à 352 mètre au-dessus de la Hiuchinada, une partie de la Mer Intérieure située entre la péninsule de Shōnai (préfecture de Kagawa) et la péninsule de Takanawa (Préfecture de Ehime). Le site est installé à son sommet. Il a été découvert en 1947 au cours de travaux d'aménagements du point de vue au sommet de la montagne.

  Des fouilles ont été menées dès 1955 par Kobayashi Yukio.

  Comme c'est le cas à Ba-ga Mori Kita Shamen, le site de Shiudeyama présente à la fois des caractéristiques domestiques et militaires : les vestiges d'habitations, de greniers et de vaisselle en céramique sont accompagnés de nombreuses pointes de flèches et épées en pierre.
  Les pointes de flèches sont très grandes, caractéristique souvent considérée comme une preuve de leur utilisation dans un but militaire et non pour la chasse. Leur forme indique une influence de la région du Kinai.





 La suite par ici )

berangere: (anthropo fun)
  Je voulais juste faire une brève sur le fait que le terrain autour de l'amas coquillier de Hazawa a été classé Site Historique Préfectoral, et ça a fini en article complet sur le site...

  L'amas coquillier de Hazawa (préfecture de Gifu, ville de Kaizu, quartier de Nanno) est un site d'habitat occupé de la fin du Jōmon Moyen jusqu'au Jōmon Final, mais ce sont les occupations du Jōmon Récent et Final qui ont fourni le plus de mobilier.
  Le site est exceptionnel car on connaît actuellement seulement deux amas coquilliers dans la préfecture de Gifu : celui-ci et celui de Niwada, situé à deux kilomètres au nord en remontant la rivière Ibi.

  Le site a été découvert en 1910 et le centre de l'amas coquillier (39 m²) a été déclaré Site Historique Préfectoral en 1957. L'ancienne municipalité de Nanno* a acheté les terrains qui se situent autour de l'amas coquillier et a mené des campagnes de fouilles en 1996 et 1997 pour confirmer l'étendue du site (environ 500 m²). L'année dernière, un espace de 3832 m² a été classé Site Historique Municipal. C'est ce terrain qui a accédé au titre de Site Historique Préfectoral cette semaine.


 


* La municipalité de Nanno a disparu en 2005 au cours d'un de ces remaniements administratifs dont le Japon raffole. Plusieurs municipalités adjacentes ont été regroupées pour former la ville de Kaizu.

berangere: (wadai)
  Si les japonais ont adopté de longue date le calendrier grégorien (oui enfin, ils ont quand même des noms d'ères qui correspondent à leurs empereurs et attribuent à chaque année le signe zodiacal chinois qui lui correspond dans le calendrier lunaire chinois), le mois d'avril reste le "début de l'année" dans bien des domaines. il s'agit du début de l'année administrative pour le gouvernement, du début de l'année fiscale pour les entreprises, du mois de la rentrée scolaire, du mois des mutations, du mois où commencent à travailler ceux qui rentrent dans la vie active...
  Nous sommes donc quelque part en fin d'année actuellement. Ce qui explique la multiplication des expositions pour présenter les résultats des fouilles entreprises au cours de l'année dernière. Ça veut peut-être aussi simplement dire "hey, regardez, on a fait des trucs bien : accordez-nous des financements l'année prochaine aussi !"

  Les Centres pour les Propriétés Culturelles Enterrées des préfectures de Shimane et Tottori présentent les résultats des fouilles effectuées sur dix sites (cinq par préfecture) au Musée de la Forêt Yayoi de Izumo du 7 au 13 février. L'exposition concerne environ 300 pièces de mobilier.

  La préfecture de Shimane présente notamment les résultats des fouilles de Zanmochi (dont nous avons parlé cet été, nous sommes à la pointe de l'actualité en permanence), dont la couche d'occupation datée du Ier siècle avant au Ier siècle après a livré une vaisselle (jarre de type tsubo) fabriqué dans le nord de la péninsule coréenne, dans la commanderie chinoise de Lelang (d'accord, l'article de cet été ne portait pas du tout sur cette découverte là). La (relativement) célèbre vaisselle en bois en forme de chope retrouvée sur le site est également exposée.
illustration )

  Pour ce qui est de la préfecture de Tottori, des hameçons en os et divers objets en matières dures animales du site de Aoya Kamijichi (un habitué de ce blog) sont présentés dans les vitrines.

  On peut également admirer (entre autres) le plus ancien plateau de shogi du Japon (mais comme il n'a que 500 ans, il ne rentre pas dans le thème du blog) et la céramique retrouvée dans le plus ancien zenpōkōenfun (tumulus littérallement "avec l'avant carré et le derrière rond") de la région du San'in, qui se situe dans le groupement de kofuns (tumuli) de Motodaka (ville de Tottori), et qui n'est pas assez vieux non plus.

Sankei shinbun )

berangere: (Default)
  Devant le manque flagrant d'actualités sur le Néolithique japonais (et pourtant, avec 12.000 ans, je ratisse large...), continuons notre croisade dont le thème est 「Sannai Maruyama n'est pas le centre du monde」 (évidemment non, puisque c'est le Mont Fuji, qui doit bien être à 800 kilomètres), sponsorisée par le mouvement de résistance contre le monopole de Sannai Maruyama dans les médias occidentaux.

  Pour la première fois en français et en couleurs : le site de Wadai !

Par ici ! )


berangere: (anthropo fun)
  Quand on sait que le sol volcanique acide du Japon dissout les os en quelques années, on comprend le titre enjoué de cet article.
  Encore faut-il aimer les os, bien entendu. Il se trouve que j'adore les os. humains. l'archéozoologie ne fait pas partie de mes passions secrètes.

  Brefle : "Sensationnel : Découverte de 60 corps datés du Jōmon Ancien !"

  En plus du Jōmon Ancien ! On n'en a presque pas ! ヾ(*~▽~)ノ

  Le site : amas coquillier de Odake, Kureha-machi Nord, Toyama-shi (Toyama-ken), daté du Jōmon Ancien, 4000 - 3500 BCE.

Odake kaizuka
(Pour vous y rendre)

  Il s'agit de fouilles de sauvetage dans le cadre de l'aménagement d'une zone résidentielle de 1000 m² environ, à proximité de la gare de Kureha, qui s'agrandit. Elles ont été menées par la Fondation pour la promotion des propriétés culturelles du mois d'avril à la fin du mois d'août, et sont prolongées pour la première quinzaine de septembre au vu de l'importance du site.

  L'amas coquillier (qui est, en gros, un tas de trucs en calcaire, qui contrebalancent l'acidité du sol encaissant) mesure 50 mètre d'est en ouest et 150 mètres du nord au sud, sur une hauteur de 8 mètres. Il a une forme en fer à cheval et est composé essentiellement de palourdes (Corbicula japonica), de gastéropodes (Viviparidae) et de coquillages de marais. Il comporte en fait 90% de coquillages d'eau douce, 5 sortes de reptiles et 18 sortes d'oiseaux et de mammifères, dont trois chiens entiers et des cerfs et des sangliers démembrés.

  Le mobilier comporte des vaisselles en céramique, des outils en pierre et (
\(^_^)/ ) des outils en matières dures animales !
Des hameçons, des aiguilles en os, des pointes de flèches en os, des épingles à cheveux (?), des bagues, des magatamas (perles en forme de griffe) en défenses de sanglier, des pendentifs en dents animales...


Du mobilier en os !

  Et, donc...  une soixantaine de squelettes
ヽ(*・ω・)人(・ω・*)ノ, pour la plupart complets o(^^o)(o^^)o !
La plupart des tombes sont des inhumations avec les membres inférieurs repliés, mais il existe également des inhumations avec les membres en extension, et dans certaines tombes, le défunt tient une pierre, de la taille d'un poing à celle d'un crâne.


Des os !

  Ce site est exceptionnel. Déjà, il n'y a pas des masses d'amas coquillers sur les rives de la mer du Japon : la plupart sont du côté Pacifique. Ensuite, la plupart des amas coquilliers avec des restes humains sont du
Jōmon Récent ou Final. On a bien l'amas coquillier de Ōta qui a *peut-être* une partie de son occupation qui remonte au Jōmon Ancien, mais il a été fouillé en 1926 et la concision des notes de fouilles rend le matériel peu exploitable d'un point de vue scientifique. On a également plusieurs sites sur Hokkaidō datés du Jōmon Ancien, mais l'état de conservation des os est tel qu'il est quasiment impossible d'en tirer quoi que ce soit de pertinent.
  Tant par le nombre de squelettes que par leur état de conservation ou la qualité des notes de fouilles, l'amas coquillier de Odake est un site de premier plan pour l'étude de la protohistoire japonaise. Il va rapidement devenir une référence pour qui veut se pencher sur les pratiques funéraires j
ōmons.

  En raison des traitements qu'il sera nécessaire de faire subir aux os pour éviter toute détérioration, les recherches sur le matériel osseux ne pourront pas débuter avant le printemps prochain. Entre les recherches sur la taille et la forme des os et des dents, les prises de mesures, les analyses ADN qui permettront de définir le sexe des individus et leurs liens de parenté
(qui déboucheront sur une étude spatiale de l'organisation de l'espace funéraire), les premiers résultats devraient être disponibles dans 3 ans, et exposé au Muséum  National de la Nature et de la Science à Tōkyō.

Les sources ! )





 

 

 


Profile

berangere: (Default)
bérangère

Custom Text

Syndicate

RSS Atom

February 2016

S M T W T F S
 123456
78910111213
1415 1617181920
21222324252627
2829     

Tags

Style Credit

Expand Cut Tags

No cut tags