Suite au séisme du 11 mars, plusieurs articles sont parus concernant des catastrophes similaires ayant eu lieu dans le passé. J'avais moi-même effectué quelques recherches alors, sans juger bon de leur consacrer un article.

La semaine dernière, le journal
Kahoku, journal local basé sur le Tōhoku, publiait un article sur la colline de Sato (Satohama 里浜, île de Miyato, ville de Higashi Matsushima, préfecture de Miyagi) sur laquelle la concentration d'amas coquilliers datés du Jōmon est beaucoup plus élevée que sur les collines alentours sur la même île. Le site connu sous le nom de Satohama kaizuka est en fait une agglomération d'amas coquilliers sur la colline de Sato, occupée du Jōmon Ancien au Jōmon Final. Il est classé Site Historique National. L'endroit est tout de même particulièrement riche en sites archéologiques, avec 59 amas coquilliers découverts sur les îles de la baie de Matsushima.
L'île de Miyato, située en regard de la baie de Ishinomaki, a évidemment beaucoup souffert pendant le raz-de-marée du 11 mars. 90% des habitations situées sur les collines de Muro, Ō et Tsuki, sur la même île, ont été détruites. Cependant, seules 4 habitations sur les 117 installées sur la colline de Sato ont été submergées. Cette colline est située sur le côté de l'île opposé à la baie de Ishinomaki (du côté de la baie de Matsushima, donc) et lors des raz-de-marée, la vague frappe d'abord toutes les îles de l'archipel d'Urato et arrive atténuée sur cette colline.
Cet emplacement particulier lui a peut-être valu sa popularité auprès des populations jōmons. C'est du moins l'opinion de Okamura Michio, grand spécialiste de la civilisation Jōmon dans le Tōhoku, qui précise que de nombreux indices laissent penser que les groupes humains alentours se sont petit à petit déplacés en majorité vers cette colline, qui devait souffrir le moins lors des raz-de-marée.
( La source ) Car les raz-de-marée sont fréquents au Japon. De même que les tremblements de terre, glissements de terrain et autres éruptions volcaniques. Celui du 11 mars était particulièrement violent, mais ce n'est pas la première fois qu'un désastre de cette ampleur se produit à cet endroit.
En 2007, Matsumoto Hideaki présentait pour la première fois le résultat de ses recherches sur le site de Kutsukata (沓形遺跡, Arai, quartier de Wakabayashi, ville de Sendai, préfecture de Miyagi). L'analyse des dépôts recouvrant des rizières yayois de 2000 ans permettait de conclure qu'ils étaient consécutifs à un raz-de-marée. Le site se situait alors à 2 km de la côte car le niveau de la mer était plus élevé (le site est actuellement à 4 km à l'intérieur des terres), mais le raz-de-marée était déjà considérable.
Les données enregistrées lors du raz-de-marée du 11 mars ont permis à Matsumoto Hideaki de pousser son étude plus loin, et il en a présenté les résultats à la Convention Scientifique de Printemps de l'Association Géographique du Tōhoku. La comparaison des types de dépôts (boues, sables, types de sables...) et des distances à la côte lors des deux catastrophes a permis de conclure qu'elles étaient d'ampleur similaire.
La région a également connu un raz-de-marée considérable en 869 (le grand tsunami de l'ère Jōgan). Il semble que le raz-de-marée du 11 mars surpasse celui de 869.
On pourrait remarquer qu'une telle catastrophe se produit environ tous les 1000 ans, mais Matsumoto Hideaki précise qu'il nous est impossible de conclure sur la cyclicité de ces catastrophes avec aussi peu d'éléments. Il est important de noter que la région connaît d'important raz-de-marée espacés de quelques siècles (comme par exemple en 1611, pendant l'ère Keichō) et que leur ampleur n'est pas toujours bien documentée.
( La source ) En juin 2008, une campagne de recherche géologique dans la ville de Minami Sanriku avait permis de retrouver les traces de deux raz-de-marées très important, l'un daté du Yayoi il y a 2000 ans (probablement le même qu'à Sendai) et l'autre daté du Jōmon il y a 3000 ans. Encore une distance de 1000 ans entre les deux événements (ne vous méprenez pas sur le ton de cette phrase, je suis parfaitement d'accord avec Matsumoto Hideaki sur le fait qu'on ne peut pas conclure sur la cyclicité des raz-de-marée).