berangere: (Default)


carte gnrale  Ce prétendu site d'actualités est en passe de devenir semestriel… Pour pallier ce dysfonctionnement flagrant, et dans le cadre de notre nouvelle série "L'archéologie d'Okinawa existe, parlez-en à vos amis (ce n'est pas sale)", j'aimerais attirer votre attention sur l'amas coquillier de Nagarabaru daisan.

   Nagarabaru daisan (ナガラ原第三, littéralement "Nagarabaru III") est un amas coquillier situé sur la côte sud de l'île d'Ie (Kawahira, Village de Ie, Préfecture d'Okinawa), environ à deux kilomètres du port d'Ie, dans une zone qui va prochainement être réaménagée pour contrer la pollution maritime due à l'érosion des terres agricoles.

Une récente campagne de fouilles par le Comité d'Éducation d'Ie, débutée en juillet et qui a duré jusqu'à la fin du mois dernier, a permis de dégager quatorze (14) foyers du Jōmon Récent qui ont été utilisés successivement sur une période d'environ mille (1000) ans (2000 – 1000 BCE), associés à une structure en creux avec pavement de pierres qui est interprétée comme une habitation semi-enterrée.

La zone de fouilles mesure 13 par 36 mètres et les vestiges jōmons ont été mis au jour à une profondeur variant entre 2 et 3 mètres en dessous du sol actuel.

Les foyers, situés autour de l'habitation et dans la zone orientale, présentent des aménagements de pierres pour maintenir les pots à cuire. Le village d'Ie compte d'autres sites qui ont livré des habitations semi-enterrées, mais il s'agit de la première fois que l'on trouve un site présentant autant de vestiges d'une activité domestique dans la préfecture pour cette période. Nagarabaru daisan était probablement un habitat permanent, ce qui  argue en faveur de la sédentarité des populations (la question de la sédentarité des populations jōmons sur Okinawa n'est pas encore parfaitement tranchée).

photo gnrale du site  Les vestiges jōmons ont été trouvés en association avec de la céramique Ogidō, ce qui a permis de les attribuer au Jōmon Récent. Le mobilier jōmon comporte également des éléments de parure en coquillage, du mobilier en matières dures animales (os de mammifères marins) et des épines d'oursin gravées, dont la fonction reste pour le moins obscure. Comparé aux autres sites de la même période, le mobilier lithique est limité, ce qui contraste avec l'abondant mobilier en coquillage. Il peut s'agir d'une adaptation de la culture matérielle au fait que l'habitat était situé en bord de mer, ou bien à l'absence de matières premières dans un environnement insulaire.

  

Le site comprend également un petit amas coquillier du Yayoi Récent et les restes de trois (3) individus (deux adultes et un immature) datés du Paléolithique (antérieur à 8000 – 7000 BCE, aucun mobilier n'a été trouvé en association pour confirmer cette datation).

L'amas coquillier yayoi a livré de la céramique yayoi et des concentrations d'imogai (Conidae) caractéristiques de cette période où ces coquillages étaient l'objet d'un commerce intense avec les lointaines îles de l'archipel japonais.

Le mobilier jomon






























 Mobilier jōmon. Les tessons sont de type Ogidō, la pièce de mobilier en bas à droite est en
os de mammifère marin et est décrit comme un kanzashi (pic à cheveux).
Jōmon artefacts. The sherds are from Ogidō pottery, the artefact in the down right corner is made
in sea mammal bones and is described as a kanzashi (hair ornament).
 

 

 

 

berangere: (anthropo fun)
  Il y a un an presque jour pour jour, je parlai du site de Kitakogane 2 à l'occasion de la découverte d'une tombe (avec des os conservés).
  Kitakogane 2 est un site qui aime faire parler de lui vers la Toussaint, et il revient cette année dans les journaux suite à la découverte de deux crânes de cerfs entourés de nombreuses vaisselles en céramique enterrés dans l'amas coquillier.
  Le site (北黄金2遺跡, Hokkaidō, ville de Date, quartier de Kitakogane) est situé à proximité d'un célèbre amas coquillier (Kitakogane, sans le 2) du Jōmon Ancien qui est classé Site Historique National, et la ville et le Centre de Recherche de la Culture Funkawan, en charge des fouilles, espèrent faire subir le même sort à Kitakogane 2. C'est dans le but de prouver à quel point il est formidable et unique qu'il est l'objet de fouilles depuis l'année dernière.

  La campagne cette année avait pour but de confirmer l'emprise totale du site. Les crânes et les vaisselles ont été retrouvées à 1,7 m sous la surface de l'amas coquillier, les deux crânes alignés (mais si mes souvenirs de mathématiques ne sont pas trop rouillés, lorsqu'on n'a que deux points, il sont très souvent alignés) et les vaisselles disposées autour. Il s'agit de vestiges du Jōmon Ancien (4.000 BCE), peut-être liés à un culte animal afin de faciliter le passage dans l'autre monde des esprits des animaux chassés. Du moins c'est ce que dit Aono Tomoya (39 ans), responsable des fouilles pour le Centre de Recherches de la Culture Funkawan : moi, la pensée qui sous-tend le geste, ça fait bien longtemps que j'ai arrêté de tenter d'y avoir accès. Aono Tomoya (39 ans) pense qu'il sera possible de confirmer la vocation rituelle de ce dépôt grâce à une fouille complète des couches de coquillages l'entourant.

  L'équipe de fouilles a un blog.


Deer skulls and potteries found in Kitakogane 2, Hokkaido, possible remains of an animal cult.

Source )
 

 

berangere: (Default)
  Il y a quelques jours semaines, je rapportais la découverte d'une habitation sur le site de Yuri (ユリ遺跡, préfecture de Fukui, groupement de Mikatakaminaka, ville de Wakasa, Torihama). 
  Je précisai alors que Yuri faisait partie d'un groupement de sites dont le plus connu était l'amas coquillier de Torihama (鳥浜貝塚). Cet amas coquillier est occupé de 10.000 à 3.000 BCE. Il est surnommé "la capsule temporelle jōmon" car la nature humide du terrain a permis la conservation d'un mobilier en matériaux périssables (peignes en laque, paniers, tissus... en tout 1376 pièces de mobilier assez exceptionnelles pour avoir toutes été classées Importantes Propriétés Culturelles Nationales). L'habitat est soudain déserté vers 3.000 BCE et on ne retrouve pratiquement aucun mobilier pour les périodes suivant le Jōmon Ancien.

  Le site de Yuri, situé à peine à 500 mètres à l'ouest de celui de Torihama, prend la relève temporelle puisqu'il a livré des traces d'occupation à partir du Jōmon Moyen. Il semblerait que les habitants de Torihama aient déplacé leur habitat vers Yuri à la suite d'un glissement de terrain, dont on a retrouvé la trace, matérialisée par une couche de plusieurs dizaines de centimètres de pierres de tailles diverses et de débris de bois. Selon Kojima Hideaki, qui a fouillé le site de Yuri en août et septembre pour le Musée Municipal Jōmon de Wakasa-Mikata, la population aurait "profité" de ce désastre pour déménager vers un endroit plus proche du lac, avec une bonne exposition au soleil, plus agréable.



Profitons-en pour proposer une photo plus récente de l'habitation de Yuri, maintenant que la fouille est terminée, ou presque :



La source )

 



berangere: (magatama)
  Décidément, le site de Odake (小竹貝塚, préfecture de Toyama, ville de Toyama, quartier de Kureha nord) n'a pas fini de nous émerveiller. Après avoir remporté le berangère award du site archéologique de l'année 2010, voici qu'il refait parler de lui grâce à l'analyse de son mobilier.
   Petit récapitulatif : Odake est un amas coquillier en forme de fer à cheval sur la baie de Toyama, formé au Jōmon Ancien entre 4.000 et 3.000 BCE. Malgré la proximité de la Mer du Japon, il est composé essentiellement de coquillages d'eau douce provenant de la rivière toute proche. On y a retrouvé 78 squelettes humains (et une pléthore d'os d'animaux, dont des squelettes de chiens ayant fait l'objet de sépultures), du mobilier en bois et en matières dures animales ; mon enthousiasme au sujet de ce site est détaillé dans les autres articles le concernant.

  Les fouilles se sont terminées en octobre de l'année dernière, mais le long travail d'analyse du mobilier et des données ne fait que commencer (Sans parler des squelettes. Ai-je mentionné qu'il y avait des squelettes ?). Le Centre pour les propriétés culturelles enterrées du Comité d'Éducation de la ville de Toyama a annoncé la découverte d'une cinquantaine de fragments de bracelets en coquillages. Il s'agit d'objets brisés et / ou en cours de fabrication : c'est la première fois que ce type de découverte est faite dans la région. Cela implique la fabrication de ces bracelets sur place. Ils sont façonnés dans de grands bivalves (Glycymeris albolineata, Scapharca Satowi et Scapharca Subcrenata), probablement apportés sur la plage toute proche lors des typhons. Ce type de bracelets est courant pendant la période Jōmon, mais ils sont particulièrement caractéristiques des sites de la baie de Sendai et des côtes de la Mer Intérieure. Dans la préfecture de Toyama, il en existe un exemplaire seulement, retrouvé dans la grotte de Ōzakai (ville de Himishi), occupée à partir du Jōmon Moyen. Ils sont simplement fabriqués en évidant l'intérieur de la coquille d'un grand bivalve afin de pouvoir y passer le bras.

  Comme nous n'avons pas encore de photos de ceux de Odake, j'illustre mon propos avec du mobilier de l'amas coquillier de Katsurashima, préfecture de Miyagi,  Jōmon Moyen, grand vainqueur de ma recherche google images:



  Certains fragments brisés en cours de production retrouvés à Odake ont été percés pour pouvoir servir de pendentifs.

  Une exposition présentant les différents coquillages et poissons retrouvés dans l'amas coquillier, qui inclura également ces fragments de bracelets, se tiendra au Toyama-shi Kitadai Jōmonkan du 21 août au 12 février 2012. on aura peut-être des photos après le 21.

Source )

 センターによると、破片などは海にいるベンケイガイやサトウガイなどの二枚貝で約五十点。縄文人は、海岸に打ち上げられた貝を持ち帰って貝輪を製作し、失敗した部分は穴を開けて首飾りにしたとみられ、おしゃれに装飾していた様子がうかがえるという。

 展示は、出土した貝殻を使って貝輪を作る過程の説明や、当時食べていたとされるサザエやオオタニシなど約百点。二十一日には展示解説会を開く。

 同センターは、貝塚に隣接する川の改修工事に合わせて二〇〇八年から土壌を調査。破片などは一〇年十月の調査の出土品から見つかった。

 問い合わせは北代縄文館=電076(436)3664=へ。 

berangere: (itazuke)
  Suite au séisme du 11 mars, plusieurs articles sont parus concernant des catastrophes similaires ayant eu lieu dans le passé. J'avais moi-même effectué quelques recherches alors, sans juger bon de leur consacrer un article.

   La semaine dernière, le journal Kahoku, journal local basé sur le Tōhoku, publiait un article sur la colline de Sato (Satohama 里浜, île de Miyato, ville de Higashi Matsushima, préfecture de Miyagi) sur laquelle la concentration d'amas coquilliers datés du Jōmon est beaucoup plus élevée que sur les collines alentours sur la même île. Le site connu sous le nom de Satohama kaizuka est en fait une agglomération d'amas coquilliers sur la colline de Sato, occupée du Jōmon Ancien au Jōmon Final. Il est classé Site Historique National. L'endroit est tout de même particulièrement riche en sites archéologiques, avec 59 amas coquilliers découverts sur les îles de la baie de Matsushima.

   L'île de Miyato, située en regard de la baie de Ishinomaki, a évidemment beaucoup souffert pendant le raz-de-marée du 11 mars. 90% des habitations situées sur les collines de Muro, Ō et Tsuki, sur la même île, ont été détruites. Cependant, seules 4 habitations sur les 117 installées sur la colline de Sato ont été submergées. Cette colline est située sur le côté de l'île opposé à la baie de Ishinomaki (du côté de la baie de Matsushima, donc) et lors des raz-de-marée, la vague frappe d'abord toutes les îles de l'archipel d'Urato et arrive atténuée sur cette colline.

  Cet emplacement particulier lui a peut-être valu sa popularité auprès des populations jōmons. C'est du moins l'opinion de Okamura Michio, grand spécialiste de la civilisation Jōmon dans le Tōhoku, qui précise que de nombreux indices laissent penser que les groupes humains alentours se sont petit à petit déplacés en majorité vers cette colline, qui devait souffrir le moins lors des raz-de-marée.

La source )


  Car les raz-de-marée sont fréquents au Japon. De même que les tremblements de terre, glissements de terrain et autres éruptions volcaniques. Celui du 11 mars était particulièrement violent, mais ce n'est pas la première fois qu'un désastre de cette ampleur se produit à cet endroit.

  En 2007, Matsumoto Hideaki présentait pour la première fois le résultat de ses recherches sur le site de Kutsukata (沓形遺跡, Arai, quartier de Wakabayashi, ville de Sendai, préfecture de Miyagi). L'analyse des dépôts recouvrant des rizières yayois de 2000 ans permettait de conclure qu'ils étaient consécutifs à un raz-de-marée. Le site se situait alors à 2 km de la côte car le niveau de la mer était plus élevé (le site est actuellement à 4 km à l'intérieur des terres), mais le raz-de-marée était déjà considérable.
  Les données enregistrées lors du raz-de-marée du 11 mars ont permis à Matsumoto Hideaki de pousser son étude plus loin, et il en a présenté les résultats à la Convention Scientifique de Printemps de l'Association Géographique du Tōhoku. La comparaison des types de dépôts (boues, sables, types de sables...) et des distances à la côte lors des deux catastrophes a permis de conclure qu'elles étaient d'ampleur similaire.

  La région a également connu un raz-de-marée considérable en 869 (le grand tsunami de l'ère Jōgan). Il semble que le raz-de-marée du 11 mars surpasse celui de 869.
  On pourrait remarquer qu'une telle catastrophe se produit environ tous les 1000 ans, mais Matsumoto Hideaki précise qu'il nous est impossible de conclure sur la cyclicité de ces catastrophes avec aussi peu d'éléments. Il est important de noter que la région connaît d'important raz-de-marée espacés de quelques siècles (comme par exemple en 1611, pendant l'ère Keichō) et que leur ampleur n'est pas toujours bien documentée.

La source )

  En juin 2008, une campagne de recherche géologique dans la ville de Minami Sanriku avait permis de retrouver les traces de deux raz-de-marées très important, l'un daté du Yayoi il y a 2000 ans (probablement le même qu'à Sendai) et l'autre daté du Jōmon il y a 3000 ans. Encore une distance de 1000 ans entre les deux événements (ne vous méprenez pas sur le ton de cette phrase, je suis parfaitement d'accord avec Matsumoto Hideaki sur le fait qu'on ne peut pas conclure sur la cyclicité des raz-de-marée).

berangere: (anthropo fun)
  La mairie de la ville de Toyama propose une courte exposition intitulée 「La capsule temporelle de l'Histoire」 pour présenter les résultats des fouilles de l'année 2010  sur sa commune, ce qui inclut les fouilles du (désormais) célèbre amas coquillier de Odake (小竹貝塚).
  Qui compte finalement 78 corps, on ne finit pas d'en découvrir dans tous les coins !

  L'expo se tient du 7 au 11 et on pourra notamment y admirer une réplique d'un crâne d'un individu féminin trouvé à Odake. C'est étrange cette manie de fabriquer des copies dès qu'il s'agit d'os humains... Je me souviens d'une étudiante québécoise en cours d'ostéologie qui nous avait demandé si les os qu'on utilisait étaient des vrais... Je me demande si les squelettes dans les salles d'anatomie à l'étranger sont en plastique...

  Brefle, l'exposition sera ensuite présentée du 19 avril au 15 mai au Musée du château de Yasuda, toujours à Toyama.


Le Mainichi )
berangere: (anthropo fun)
  Je voulais juste faire une brève sur le fait que le terrain autour de l'amas coquillier de Hazawa a été classé Site Historique Préfectoral, et ça a fini en article complet sur le site...

  L'amas coquillier de Hazawa (préfecture de Gifu, ville de Kaizu, quartier de Nanno) est un site d'habitat occupé de la fin du Jōmon Moyen jusqu'au Jōmon Final, mais ce sont les occupations du Jōmon Récent et Final qui ont fourni le plus de mobilier.
  Le site est exceptionnel car on connaît actuellement seulement deux amas coquilliers dans la préfecture de Gifu : celui-ci et celui de Niwada, situé à deux kilomètres au nord en remontant la rivière Ibi.

  Le site a été découvert en 1910 et le centre de l'amas coquillier (39 m²) a été déclaré Site Historique Préfectoral en 1957. L'ancienne municipalité de Nanno* a acheté les terrains qui se situent autour de l'amas coquillier et a mené des campagnes de fouilles en 1996 et 1997 pour confirmer l'étendue du site (environ 500 m²). L'année dernière, un espace de 3832 m² a été classé Site Historique Municipal. C'est ce terrain qui a accédé au titre de Site Historique Préfectoral cette semaine.


 


* La municipalité de Nanno a disparu en 2005 au cours d'un de ces remaniements administratifs dont le Japon raffole. Plusieurs municipalités adjacentes ont été regroupées pour former la ville de Kaizu.

berangere: (jomon doki)
  Aucune actualité sur le Jōmon ou le Yayoi ces derniers jours, présentons un site dans notre série 「Le Jōmon, ça n'est pas que Sannai Maruyama」, sponsorisée par le mouvement de résistance contre le monopole de Sannai-Maruyama dans les médias occidentaux.


  L'amas coquillier de Nakazato (Tōkyō-to, Kita-ku, Kaminakazato) a été classé Site Historique National en 2000, parce qu'il le vaut bien.


berangere: (jomon doki)
  お久しぶり・・・ですね (^_^;)

  C'est la morte saison, l'actualité archéologique n'est pas très fournie.

  Des restes de Arius leiotetocephalus*, un poisson-chat** qui vit dans les eaux tropicales à subtropicales ont été identifiés sur les amas coquilliers de Hikosaki (Okayama-ken, Okayama-shi) et de Higashimyō (Saga-ken, Saga-shi).


Les os du site de Hikosaki

  Il s'agit de la première fois que l'on retrouve des os de poissons tropicaux dans un amas coquillier japonais et cela tend à prouver que pendant la phase de réchauffement climatique qui a eu lieu au cours de la
civilisation Jōmon, la température des eaux qui baignaient le Japon était plus élevée.

  L'amas coquillier de Hikosaki a été fouillé de 2003 à 2008. Il s'agit d'un site du Jōmon Ancien (env. 4000 BCE). On y a trouvé les restes correspondants à une cinquantaine d'individus, les os mesurant de 3 à 10 centimètres de long.
  Le site de
Higashimyō date du Jōmon Initial, vers 5000 BCE. Il a été fouillé en 2007 et comportait les restes de deux poissons seulement, avec des os d'environ 5 centimètres.

  L'expertise de tous les os de poissons non-identifiés a été confiée à Matsui Sh
ō, responsable de l'archéozoologie dans l'unité d'archéologie environnementale du centre de recherche sur les propriétés culturelles de Nara, et les résultats ont été confirmés par Ooe Fumio, expert de la commission d'enquête sur l'environnement de la préfecture d'Aichi.

  Aujourd'hui, la limite septentrionale pour l'habitat de ce poisson se situe au nord de Taiwan, il s'agit d'un poisson comestible, qui a probablement été consommé par les populations jōmons. Ooe remarque qu'il y a de petits trous sur les os, qui ont pu servir pour aspirer l'intérieur. Il souligne en tous cas que ce poisson, particulièrement sensibles aux variations de températures, est une preuve directe des changements climatiques de cette période.
  Matsui quant à lui indique qu'il est possible que l'on retrouve à l'avenir d'autres os de mâchoirons parmi les os non-identifiés ramassés sur les amas coquilliers, et que leur nombre augmente.

source : Yomiuri )
 


* トウカイハマギギ (possiblement en kanjis 東海浜義義, je n'ai trouvé aucune source pour le nom complet, mais 義義 est confirmé), tōkaihamagigi, également classifié sous les noms de Arius nella et Plicofolli nella, parce que la classification des espèces, c'est tellement plus drôle quand on donne trouze noms à la même bestiole, n'est-ce pas ?
  La plupart des poissons du genre Arius sont appelés en français mâchoirons.



** ナマズ, en kanjis 鯰

berangere: (anthropo fun)
  Les fouilles du site de Odake sont enfin terminées.
Petit récapitulatif : Odake, amas coquillier du Jomon Ancien occupé entre 4000 et 3500 BCE, Kureha-machi Nord, ville de Toyama, préfecture de Toyama, habitat (d'où les coquilles, oui, forcément) accompagné d'un cimetière.

  Le décompte final pour les sépulture est de 71 corps ! Dont 2 immatures ! + 4 vaisselles qui ont probablement contenu des corps de périnatals.
L'espace funéraire est situé dans l'est de l'amas coquillier, les corps sont regroupés dans un cimetière d'environ 400 m².
44 des corps avaient les membres inférieurs fléchis (屈葬) et dans 10 des tombes le défunt tient dans ses bras une pierre, dont la taille varie de celle d'un poing à celle d'un crâne (抱石葬, car oui, les japonais ont un nom spécifique pour ce type de tombes).


Sépultures d'adultes dont un tient une pierre


Un immature


  Le cimetière contenait également 11 corps de chiens, ce qui fait de Odake le site du Japon où les associations entre des sépultures humaines et des sépultures canines sont les plus fréquentes.
Yamada Yasuhiro, professeur d'archéologie à l'Université de Shimane, y voit une preuve de la domestication du chien : s'il s'agissait de victimes de sacrifices rituels, il est probable que les chiens auraient été enterrés ailleurs ; il s'agit donc de chiens de chasse.
Sauf bien sûr si le sacrifice rituel avait un quelconque rapport avec le rite funéraire, dans ce cas là, pourquoi ne pas les enterrer dans le cimetière ? non ? Ah, l'éternelle question de la pensée qui sous-tend le geste...

  S'il s'agit de chiens de chasse, leur présence renseigne également sur l'importance (démographique) du village. En effet, avec l'adoption d'un système de chasse passive basé sur les fosses-pièges, l'utilité des chiens baisse. Si le pourcentage de personnes élevant un chien baisse, un grand nombre de chiens implique un très grand nombre de personnes.
Je n'y aurais pas pensé, mais c'est un raisonnement assez logique. Mais qui se base sur l'utilisation moderne que nous faisons des chiens dans la chasse. À l'état sauvage, le loup chasse en meute et poursuit sa proie, comportement qui serait tout à fait exploitable pour rabattre le gibier vers les pièges, comme il semble que ça ait été le cas dans la plupart des sites de chasse où les pièges sont disposés en un réseau serré, qui trompera l'animal qui fuit devant un prédateur, mais sera probablement évité par l'animal dans les autres cas : juste creuser le piège et attendre qu'un cerf maladroit tombe dedans, ce n'est plus de la chasse passive, c'est un optimisme démesuré.


  Dans un autre registre, mais tout aussi intéressant, le site a livré la première pirogue monoxyle jōmon de la préfecture de Toyama, d'une longueur de 2,6 m pour une largeur de 40 cm.


Cherchez la pirogue monoxyle dans ce tas de bois ? (je cherche une
meilleure photo) (ou au moins une avec une flèche indiquant où elle est...)

(si ça se trouve, elle n'est même pas dans ce tas de bois là)

  On a également trouvé des vaisselles en bois (qui portent des traces permettant de retracer les différentes étapes de production), qui laissent penser qu'il devait y avoir une spécialisation d'une partie de la population dans leur fabrication, et qu'elles étaient peut-être l'objet d'une exportation vers l'extérieur du village.
  La vaisselle en céramique, quant à elle, dénote d'une influence à la fois des vaisselles du Kansai et de celles du Kantō.

  Un cimetière important, des tombes de chiens, un amas coquillier énorme sur la côte de la Mer du Japon où ils sont généralement de taille modeste, une spécialisation d'une partie de la population, possibilité de commerce, influences de régions diverses et variées... je sens venir la publication qui présente le site comme exceptionnel et grandiose. Avec des mots comme 「centre économique」, 「plate-forme commerciale」 et 「carrefour culturel」. Vont-ils aller jusqu'à abandonner le projet immobilier pour faire un parc archéologique ?


 

La source (yomiuri) )

 

English translation )

berangere: (Default)
  Onbe Shin, professeur assistant au laboratoire de recherche sur les propriétés culturelles enterrées d'importance de Tokushima, est heureux de vous faire part de la naissance de la Mer Intérieure, vers 9800 - 9500 BP.

  Les fouilles de l'année dernière sur l'amas coquillier de Inujima sur l'île de Jitakenoko (Okayama-ken, ville de Okayama, Higashi-ku), dont les résultats ont été présentés le 18 au musée digital de la ville de Okayama, ont montré que c'est vers 9800 - 9500 BP que les premiers coquillages marins apparaissent.
Bon, il s'agit de 10 coquilles de Cardiidae, pas non plus de quoi faire un repas convenable, mais avant ça, on trouve uniquement des coquillages de marécages saumâtres. Le VIIIè millénaire (avant) est un millénaire de changement, il faut nous y préparer...

divagations existentielles sur les toponymes japonais... )


La source : Yomiuri )
 
 
berangere: (anthropo fun)
  Quand on sait que le sol volcanique acide du Japon dissout les os en quelques années, on comprend le titre enjoué de cet article.
  Encore faut-il aimer les os, bien entendu. Il se trouve que j'adore les os. humains. l'archéozoologie ne fait pas partie de mes passions secrètes.

  Brefle : "Sensationnel : Découverte de 60 corps datés du Jōmon Ancien !"

  En plus du Jōmon Ancien ! On n'en a presque pas ! ヾ(*~▽~)ノ

  Le site : amas coquillier de Odake, Kureha-machi Nord, Toyama-shi (Toyama-ken), daté du Jōmon Ancien, 4000 - 3500 BCE.

Odake kaizuka
(Pour vous y rendre)

  Il s'agit de fouilles de sauvetage dans le cadre de l'aménagement d'une zone résidentielle de 1000 m² environ, à proximité de la gare de Kureha, qui s'agrandit. Elles ont été menées par la Fondation pour la promotion des propriétés culturelles du mois d'avril à la fin du mois d'août, et sont prolongées pour la première quinzaine de septembre au vu de l'importance du site.

  L'amas coquillier (qui est, en gros, un tas de trucs en calcaire, qui contrebalancent l'acidité du sol encaissant) mesure 50 mètre d'est en ouest et 150 mètres du nord au sud, sur une hauteur de 8 mètres. Il a une forme en fer à cheval et est composé essentiellement de palourdes (Corbicula japonica), de gastéropodes (Viviparidae) et de coquillages de marais. Il comporte en fait 90% de coquillages d'eau douce, 5 sortes de reptiles et 18 sortes d'oiseaux et de mammifères, dont trois chiens entiers et des cerfs et des sangliers démembrés.

  Le mobilier comporte des vaisselles en céramique, des outils en pierre et (
\(^_^)/ ) des outils en matières dures animales !
Des hameçons, des aiguilles en os, des pointes de flèches en os, des épingles à cheveux (?), des bagues, des magatamas (perles en forme de griffe) en défenses de sanglier, des pendentifs en dents animales...


Du mobilier en os !

  Et, donc...  une soixantaine de squelettes
ヽ(*・ω・)人(・ω・*)ノ, pour la plupart complets o(^^o)(o^^)o !
La plupart des tombes sont des inhumations avec les membres inférieurs repliés, mais il existe également des inhumations avec les membres en extension, et dans certaines tombes, le défunt tient une pierre, de la taille d'un poing à celle d'un crâne.


Des os !

  Ce site est exceptionnel. Déjà, il n'y a pas des masses d'amas coquillers sur les rives de la mer du Japon : la plupart sont du côté Pacifique. Ensuite, la plupart des amas coquilliers avec des restes humains sont du
Jōmon Récent ou Final. On a bien l'amas coquillier de Ōta qui a *peut-être* une partie de son occupation qui remonte au Jōmon Ancien, mais il a été fouillé en 1926 et la concision des notes de fouilles rend le matériel peu exploitable d'un point de vue scientifique. On a également plusieurs sites sur Hokkaidō datés du Jōmon Ancien, mais l'état de conservation des os est tel qu'il est quasiment impossible d'en tirer quoi que ce soit de pertinent.
  Tant par le nombre de squelettes que par leur état de conservation ou la qualité des notes de fouilles, l'amas coquillier de Odake est un site de premier plan pour l'étude de la protohistoire japonaise. Il va rapidement devenir une référence pour qui veut se pencher sur les pratiques funéraires j
ōmons.

  En raison des traitements qu'il sera nécessaire de faire subir aux os pour éviter toute détérioration, les recherches sur le matériel osseux ne pourront pas débuter avant le printemps prochain. Entre les recherches sur la taille et la forme des os et des dents, les prises de mesures, les analyses ADN qui permettront de définir le sexe des individus et leurs liens de parenté
(qui déboucheront sur une étude spatiale de l'organisation de l'espace funéraire), les premiers résultats devraient être disponibles dans 3 ans, et exposé au Muséum  National de la Nature et de la Science à Tōkyō.

Les sources ! )





 

 

 


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