berangere: (jomon doki)
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  Aucune actualité sur le Jōmon ou le Yayoi ces derniers jours, présentons un site dans notre série 「Le Jōmon, ça n'est pas que Sannai Maruyama」, sponsorisée par le mouvement de résistance contre le monopole de Sannai-Maruyama dans les médias occidentaux.


  L'amas coquillier de Nakazato (Tōkyō-to, Kita-ku, Kaminakazato) a été classé Site Historique National en 2000, parce qu'il le vaut bien.

 

Nakazato est situé sur la côte à l'intérieur de la baie de Tōkyō, et il est remarquable par le fait qu'il n'est pas le résultat de l'accumulation des coquillages rejetés autour d'un lieu d'habitation, comme c'est généralement le cas des autres amas coquilliers.
  Le site s'étend (probablement*) sur un kilomètre du nord au sud, pour une largeur d'environ 40 mètres**, sur un banc de sable long et étroit sous le plateau de Asukayama et a été utilisé du Jōmon Moyen au Jōmon Récent comme un atelier de traitement des ressources aquatique de grande ampleur : il s'agit d'un atelier utilisé par les groupes humains installés à proximité, qui n'a jamais donné lieu à l'installation d'un groupe sur place.
  Il a été mentionné pour la première fois devant la communauté scientifique en 1886, soit 9 ans après la première fouille d'un amas coquillier au Japon à Ōmori.
  Les fouilles ont commencé en 1958, menées par Washima Seiichi, qui a découvert une très faible quantité de tessons du Jōmon Moyen dans les couches de coquillages. Une nouvelle campagne a eu lieu en 1996 et une autre en 1999.
 
  L'amas coquillier est composé d'huîtres (Crassostrea gigas) et de palourdes (Meretrix lusoria). Les huîtres sont des coquillages récoltés au début du printemps et les palourdes au début de l'été. Les coquilles sont présentes en couches alternées sur une hauteur de 4,5 mètres. La couche inférieure a livré de la céramique du milieu du Jōmon Moyen, la couche intermédiaire de la deuxième moitié du Jōmon Moyen et la couche la plus haute du tout début du Jōmon Récent.
  Le mobilier, très peu fourni, comporte, en plus des tessons de céramique, quelques outils en pierre, des os de poissons et d'animaux terrestres.




  Une autre caractéristique particulière du site réside dans la présence de long piquets alignés, enfoncés dans le sol à un endroit qui était alors immergé à marée haute : il s'agit probablement des restes d'une structure destinée à stocker les coquillages, permettant de prolonger leur période de consommation.


La trace en négatif d'un des piquets enfoncés dans le sol

Cette possible conchyliculture semble avoir influé sur la taille des coquillages : la plupart des huîtres retrouvées mesurent plus de 10 centimètres de long, et les plus grandes vont jusqu'à 12 centimètres.
 
  Le sol du site présente des dépressions en forme d'assiettes : le sable était creusé sur une trentaine de centimètres et la fosse créée tapissée d'argile. Le tour de la fosse était délimité par des branches d'arbre. On retrouve au fond de ces fosses des coquillages, des pierres ayant été chauffées et des restes de végétaux carbonisés, qui laissent penser qu'il s'agissait de foyers dans lesquels les coquillages étaient cuits.

  Deux techniques de cuisson semblent coexister, présentées dans cet article, dont je reprends éhontément les illustrations (après avoir demandé poliment, hein) :



  Méthode A : après avoir disposé des pierres chauffées au fond de la fosse, on place les coquillages, que l'on recouvre d'eau bouillante puis de végétaux pour les cuire à la vapeur.
  Méthode B : les coquillages sont placés au fond de la fosse, recouverts d'eau bouillante, dans laquelle on plonge des pierres chauffées pour la maintenir à ébullition.

   Le site est considéré comme un lieu de cuisson des coquillages utilisé probablement par plusieurs groupes humains installés alentours, soit pour leur consommation personnelle, soit dans le but de redistribuer les coquillages une fois séchés à l'intérieur des terres.
  Un calcul disponible toujours dans le même article, semble indiquer qu'il s'agirait d'une production dans le but d'une consommation domestique :
- en considérant qu'il y a 200.000 tonnes de coquilles, sur une durée d'occupation de 700 ans, cela représente 286 tonnes de coquilles par an.
- en tenant compte de la durée pendant laquelle les coquillages sont disponibles (du début du printemps au début de l'été), à laquelle on ajoute le temps pendant lequel on peut les conserver dans l'eau de mer, on remarque que ces 286 tonnes ne sont pas produites sur 1 an mais sur 8 mois tout au plus.
- cela représente 1,2 tonnes par jour.
- sachant qu'un coquillage pèse environ 200 grammes, on arrive à 6000 coquillages par jour.
- si l'on considère qu'un groupe humain devait comprendre une trentaine d'individus, et que l'on multiplie par une vingtaine de groupes humains installés dans les environs, on atteint 600 personnes
⇒ cela représente 10 coquillages par personne et par jour.

La question est "pourquoi vingt groupes ?". Le débat sur la destination finale des coquillages préparés sur ce site reste donc ouvert.


  On peut noter qu'à proximité de 「l'amas coquillier de Nakazato」, on trouve 「le site de Nakazato」, qui a été un établissement de bord de mer au maximum de la transgression jōmon vers 4000 BCE quand la mer montait jusqu'à Akabane et Ueno. Le site a continué à être occupé ensuite malgré le retrait de la mer, jusqu'au milieu du Jōmon Récent.
  Le mobilier comporte des poids de filets en tessons de céramique et une pirogue monoxyle qui laissent supposer une activité centrée sur la pêche. La pirogue monoxyle est pour le moment la seule qui ait été retrouvée à Tōkyō. Elle est en bois de mukunoki (Aphananthe aspera) et mesure 5,79 mètres de long. Elle fait 72 centimètres dans sa plus grande largeur, 42 centimètres dans sa plus grand profondeur intérieure. Le bois mesure 2 centimètres d'épaisseur sur les côtés et 5 centimètres au fond. Elle est datée de 2700 BCE environ, dans la deuxième partie de Jōmon Moyen.


pirogue \(^o^)/



*pas encore fouillé dans son intégralité.
** il s'agit de dimensions très importantes pour un amas coquillier.

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