berangere: (yajiri)
Photos et cartes seront uploadées plus tard.

   Le site de Hiraoka (平岡遺跡, Ikeda, ville de Toyama, préfecture de Toyama) est formidable. Et je ne prétends pas ça uniquement parce que j'ai participé aux fouilles.
   Hiraoka est un site du Jōmon Ancien (4000 – 3500 BCE) situé sur la partie sud de la colline de Kureha, colline qui a déjà fait l'objet de fouilles archéologiques puisque le désormais très célèbre amas coquillier de Odake (en bref : Jōmon Ancien, 71 corps, site de l'année 2010) est situé dans sa partie nord. Le site de Hiraoka a été fouillé de juin à novembre 2012 avant des travaux pour la construction d'une route départementale. Le chantier s'étendait sur 125 m du nord au sud et 18 m d'est en ouest, soit 2250 m².
   La campagne de fouilles a permis de dégager quatorze (14) habitations semi-enterrées, environ soixante-dix structures identifiées comme des tombes et une foultitude de fosses, silos et trous de poteaux, le tout correspondant aux vestiges d'un village annulaire d'environ 100 m de diamètre. Comme quoi, je n'exagérais pas l'importance du site dans mon introduction ! Il s'agit du deuxième site de la préfecture en nombre d'habitation pour le Jōmon Ancien, le premier étant Yoshimine (吉峰遺跡, ville de Tateyama) avec vingt-deux (22) habitations.

   Il s'agit donc d'un habitat annulaire avec les tombes regroupées au centre dans une aire funéraire d'environ 65 m de diamètre, entourées par l'aire domestique comprenant les habitations. Les habitats annulaires du Jōmon Ancien sont rares dans la préfecture (disons qu'avec les sites de Yoshimine et Hikaoka, on en est maintenant à deux…) mais il en existe quelques uns pour le Jōmon Moyen comme Kitadai (北代遺跡, ville de Toyama) ou Hayatsukiuwano (早月上野遺跡, ville de Uozu), ce qui permet d'espérer quelques études comparatives sur l'évolution de ce type d'habitat dans la région dans un proche futur.
  Les tombes ne contiennent malheureusement pas d'os, mais une grande quantité de mobilier céramique et lithique. De simples fosses en pleine terre ont été identifiées comme des tombes d'adultes, alors que plusieurs vaisselles en céramique enterrées (umegame) pourraient être des tombes d'enfants.
   Les habitations mesurent environ 6 m de diamètre et comportent invariablement un silo d'environ 80 cm de profondeur. La plus grande d'entre elle atteint les 30 m², avec trois (3) silos associés et un foyer clairement identifiable au centre. Les foyers et silos ont souvent livré des restes carbonisés de fruits à écales.

   Les structures fouillées sont donc déjà grandioses, mais elles sont également accompagnées d'un mobilier incroyablement abondant ! Environ trois cents (300) caisses de tessons de céramique du Jōmon Ancien, des haches et des houes en pierre, dont certaines tellement minuscules que *même moi* j'ai pensé le mot "rituel" (pas très fort) (pas longtemps) (et en regardant ailleurs), des pierres à moudre, à concasser,des armatures de flèches magnifiques (oui, j'aime les armatures de flèches : quiconque avec deux mains gauches qui s'est jamais essayé à la taille du silex comprend instinctivement la beauté intrinsèque de ces toutes petites choses), des boucles d'oreilles innombrables et dans un état de conservation pratiquement parfait, des perles tubulaires sublimes, et des centaines d'esquilles qui prouvent un travail local de l'outillage lithique.
   La céramique est un mélange de vaisselles du type Moroiso, de l'Est du Japon, et du type Kitashirakawa, de l'Ouest du Japon, ce qui fait de Hiraoka un point de rencontre de deux cultures. Les liens du site avec l'extérieur sont également suggérés par la provenance des matières premières pour l'outillage lithique : si les boucles d'oreilles sont principalement fabriquées avec des pierres de la ville voisine de Asahi, celles utilisées pour les armatures de flèches et autres armes et outils proviennent des préfectures de Nagano et Gifu (d'accord, c'est pas comme si ils avaient traversé la moitié du Japon, mais y'avait pas de Shinkansen à l'époque. Et Toyama est entouré de montagnes du plus bel effet sur les photos et les engelures).

   Nan, en toute objectivité, ce site mérite le bérangère award du site de l'année 2012.

English Translation... )
berangere: (anthropo fun)
  En raison du sol volcanique, les os sont rarement conservés sur les sites japonais. On les trouve presqu'exclusivement dans les amas coquilliers formés autour des habitats, essentiellement sur la côte pacifique de l'archipel. Les amas coquilliers sont beaucoup plus rares de l'autre côté, vers la Mer du Japon (mais ils existent, hello, Odake), nous avons donc peu d'ossements humains pour toute cette zone.
  Voila pourquoi le site de Sotomeyachi (五月女萢遺跡, préfecture d'Aomori, Goshogawara-shi) est assez exceptionnel : il a livré des sépultures contenant des os, et il n'est même pas un amas coquillier ! Bon, il est tellement près de la mer que des coquillages se sont mélangés au sable du sol pour former un milieu beaucoup moins acide, et beaucoup plus propice à la conservation des os et autres matières dures animales.

  Le site comporte 103 fosses, dont 80 sont probablement des tombes (on espère trouver d'autres ossements à l'avenir). Il est daté du Jōmon Récent et du Jōmon Final (occupation de 1000 à 300 BCE).
  Les ossements ont été retrouvés dans trois fosses : l'une d'elle contenait un adulte complet, dont le crâne montre des extractions volontaires de dents, une autre contenait le crâne d'un enfant d'une dizaine d'années et une troisième un adulte incomplet. Une autre fosse a livré des dents associées à un instrument en jade et des traces d'ocre : il s'agit probablement d'une sépulture avec mobilier funéraire.
En dehors de ces éléments funéraires, on a également retrouvé la trace d'une voie de circulation, des fragments de dogūs (figurines en terre cuite), de sekibōs (sceptres en pierre), des tessons de vaisselles en céramique, jetés dans ce qui semble être un dépotoir.

  Malgré la taille réduite de la collection, au vu du manque de données ostéologiques pour cette région, il s'agit d'une découverte importante et des analyses ADN sont prévues. Chaque squelette permettra un jour d'avoir une vision plus précise des populations jōmons.

Illustrations et sources )
berangere: (anthropo fun)
   Ikenobō (préfecture de Hiroshima, ville de Fukuyama, quartier de Kannabe) est un site funéraire sur lequel ont été retrouvées depuis mai 69 tombes datées du Yayoi Moyen au Kofun Ancien.

  Parmi ces tombes on compte 4 tombes avec coffrage de pierres (voir photo) et 65 tombes en fosse. Certaines des tombes en fosse comportent des traces laissant penser qu'elles ont pu contenir un cercueil en bois.
  Dans les tombes ont été retrouvées notamment trois pièces de mobilier en fer dont une (ou des, merci la non-déclinaison des noms en japonais...) faucille(s), et de nombreux tessons de poterie yayoi.

  Les tombes sont entourées d'un fossé circulaire qui correspond probablement aux premières étapes vers la construction des kofuns*. Trois kofuns (qui sont donc des tombes monumentales à tumulus caractéristiques de la civilisation suivant le Yayoi) ont d'ailleurs été retrouvées à proximité immédiate du site.

  * je promets un article sur la nomenclature des tombes japonaises dès que j'en aurai le temps.






Source )



quoi qu'en disent les dictionnaires de traduction, ceci n'est pas un sarcophage,
mais bien un coffrage
. j'accepte le terme de ciste.

berangere: (yajiri)
... le Yayoi n'existe toujours pas.

   Le Jōmon étant une civilisation bien sympathique, les habitants d'Hokkaidō n'ont pas cédé à l'effet de mode qui a conquis le reste de l'archipel et ont décidé de conserver leur mode de vie malgré la généralisation de la culture du riz chez leurs voisins. Le fait que le riz ne soit pas franchement adapté au climat d'Hokkaidō a peut-être joué un rôle dans ce choix, mais, une fois de plus, il ne nous sera pas possible d'accéder à la pensée qui sous-tend le geste, ou en l'occurrence, l'économie de subsistance.
   Quoi qu'il en soit au IIIè et IVè siècle de notre ère, à l'époque où le site de Takano 3 est occupé, ses habitants participent à une culture nommée Zoku-Jōmon 続縄文時代 en japonais et Épi-Jōmon ou Post-Jōmon dans la littérature en langue occidentale. Il s'agit indubitablement de Jōmon, ce site correspond donc bien à la période couverte par ce journal.

(Tout ça pour pouvoir parler de couteaux en obsidienne...)

  Le site de Takano 3 (高野3遺跡, Hokkaidō, district de Abashiri, ville de Bihoro, Takano), fouillé de mai à août cette année, s'étend sur 1000 m².  Dans une tombe, on a trouvé un mobilier funéraire assez exceptionnel comportant notamment une vaisselle en céramique intacte, deux couteaux en obsidienne et 22 pointes de flèches en obsidienne.



  La tombe est une fosse elliptique de 2 mètres de long par 1,2 mètre de large. Comme souvent, le squelette n'a pas été retrouvé.

  La vaisselle mesure 15 centimètres de haut et 14 centimètres de diamètre à l'ouverture. À quatre endroits sur le bord, elle présente des protubérances regroupées par deux ou trois. Le pot est décoré par l'application sur sa surface avant cuisson de cordes nouées qui donnent les motifs caractéristiques de la poterie jōmon (Jōmon signifiant "motifs de cordes").

  Les couteaux mesurent 13 centimètres et 8,5 centimètres de long. Les pointes de flèches sont triangulaires, avec une épaisseur de 1,5 millimètre seulement.

  Ce mobilier ne présente aucune trace d'utilisation : il a vraisemblablement été fabriqué uniquement dans le but de servir de mobilier funéraire.

  Bon. Je ne fais pas un article sur toutes les découvertes de tombes du Japon, alors pourquoi celle-ci ? Déjà, si la céramique jōmon est très bien caractérisée, représentée par des milliards de pots, ancrés dans une typologie précise, les découvertes de pots entiers, si elles ne sont pas incroyablement exceptionnelles, restent rares. Assez rares pour mériter des articles avec photos dans les journaux nationaux deux ou trois fois par an.
  Ensuite, il s'agit d'un mobilier particulier (et je ne parle pas de mon inclination déraisonnable pour l'obsidienne). Le mobilier funéraire jōmon est, la plupart du temps, un mobilier usagé. On enterre le mort avec des objets qu'il a utilisés de son vivant, ou bien que les personnes en deuil prélèvent sur leurs propres possession pour en faire cadeau au décédé. Les tombes comportant un mobilier neuf sont très rares au Jōmon, mais deviennent plus fréquentes dans les civilisations suivantes. Cela dénote d'un glissement dans la manière dont la population inhumante envisage le mobilier funéraire. Il s'agit au départ des possessions du mort et il est probablement naturel de les ensevelir avec lui. Inhumer du matériel neuf implique l'abandon de l'implication sentimentale, du lien qui unit le mort au mobilier présent dans sa tombe. Le mobilier revêt une signification symbolique, et l'on peut amorcer un glissement vers un mobilier funéraire à valeur rituelle, comportant des éléments non-fonctionnels comme on en trouve dans les tombes ultérieures.
  Les populations sont en général très attachées à leurs traditions funéraires. Une modification de celles-ci permet d'envisager une transition dans les mentalités bien plus certaine que celle impliquée par des changements dans les styles céramiques, par exemple.
(et je ne dis pas ça parce que l'anthropologie funéraire est une de mes spécialités !)

Source )

 



berangere: (anthropo fun)
  Le site de Takaetsuji (高樋辻遺跡 préfecture de Fukuoka, groupe de Mii, ville de Tachiarai) est fouillé depuis mai 2009 sur une surface de 350 m². Il est situé sur une colline (altitude 18 mètres) sur la rive gauche de la rivière Tachiarai.
 
  Le site comporte à la fois des tombes en jarres, caractéristiques de l'ouest de la préfecture de Fukuoka et de la préfecture de Saga (oui, oui : Yo-shi-no-ga-ri), des tombes avec un coffrage en bois et des tombes en fosses.
  En 2009, on a trouvé 54 tombes en jarres, en formation très dense, et 62 tombes en fosses, avec ou sans coffrage en bois. Cette année, on a trouvé 26 tombes en jarres et 14 tombes en fosses, avec ou sans coffrage en bois.

  La plus grande fosse contenant une tombe en jarre mesure 3,5 m de long, 2 m de large et 1,4 m de profondeur. La structure funéraire est composée de deux jarres en céramique, jointes par l'ouverture (awase guchi kamekan), chacun de 80 cm de haut et 80 cm de diamètre. La plupart des jarres sur le site ont ces proportions. Il y a également des jarres plus petites, de 40 cm, qui ont probablement été utilisées pour l'enterrement d'enfants (comme d'habitude souvent, les os n'ont pas été conservés) (à l'exception d'une dent) (on se demande vraiment comment).
  On n'a trouvé aucun mobilier funéraire pour le moment : il s'agit probablement là d'un cimetière populaire. C'est, par la superficie et le nombre de sépultures, le plus grand cimetière du Yayoi Moyen retrouvé dans cette ville.




la source )

berangere: (Default)
  L'amas coquillier de Hobi (保美貝塚)(préfecture de Aichi, ville de Tahara) est célèbre car il comporte des sépultures collectives, et que ce n'est pas une pratique funéraire très courante au Jōmon, où la mode est plutôt à l'inhumation individuelle en pleine terre avec les membres inférieurs repliés. Ou éventuellement à l'inhumation (primaire ou secondaire) en jarre.
  En fait, Hobi comprend :
- deux sépultures collectives, l'une sur la zone 1 et l'autre sur la zone B (respectivement avec un NMI* de 14 et de 6, c'est pas non plus la Chaussée-Tirancourt**),
- 31 sépultures primaires individuelles,
- un mobilier riche avec des dogūs, des outils en pierre, en matières dures animales...

  Les fouilles qui ont permis de mettre au jour ces sépultures datent des années 1960, mais une nouvelle campagne de fouilles est en cours ; elle a commencé le 19 février et prendra fin le 18 mars. Elle est menée par une équipe de 20 chercheurs d'universités différentes (Université de Tōkyō, Université de Kyōto, Université de Nagoya...), archéologues ou anthropologues, sous la coordination de Yamada Yasuhiro, professeur à l'Université de Shimane.
  L'endroit fouillé se situe dans la zone "B", où on a déjà trouvé une sépulture collective précédemment. Le périmètre de fouilles mesure 4 mètres du nord au sud sur 6 mètres d'est en ouest. Dans la partie sud-ouest de cette zone, à une vingtaine de centimètres sous la surface du sol, on a trouvé une banjōshūkotsusō, à proximité immédiate d'une autre sépulture collective et d'une sépulture en jarre. La jarre contenait de nombreux os humains brûlés.
  Les trois sépultures ont été trouvées dans la même unité stratigraphiques et appartiennent probablement à la même période, datée par la typologie céramique du début du Jōmon Final vers 1000 BCE. C'est la première fois que l'on trouve ce type d'association de pratiques funéraires pour cette période.
  À noter qu'à 2 mètres environ au nord-est, on a également trouvé une sépulture individuelle primaire, avec les membres inférieurs repliés. Le mobilier funéraire comprenait une parure de hanches en os de cerfs et une épée en pierre.
  Le mobilier de la zone fouillée quant à lui comportait des pointes de flèches en pierre, des os de sangliers et des haches polies.

  La dernière découverte d'une banjōshūkotsusō remonte à 1984. C'était celle de l'amas coquillier de Ikawazu, dans la même ville. Avec cette découverte, le nombre de banjōshūkotsusōs sur l'archipel passe à onze (11). Toutes ces sépultures ont été trouvées dans la région de Mikawa (préfecture de Aichi).
  Le ministère de l'Éducation, de la Culture, des Sciences (...) va financer des recherches sur trois ans à compter de cette année pour analyser les restes humains récoltés au cours de cette campagne pour déterminer la période à laquelle les os ont été enterré et les opérations qu'ils ont subi, l'âge au décès des individus inhumés, leur sexe, les éventuelles relations familiales, leur régime alimentaire...
  Des fouilles sur une aire plus importante sont également prévues pour cet été.


*NMI : Nombre Minimum d'Individus. Par exemple si on a 4 humérus droits, 4 tibias droits et 6 tibias gauches, on est sûrs qu'il y avait au moins 6 individus au départ. Au moins. Il peut y en avoir eu plus, les 4 humérus n'appartiennent pas forcément aux mêmes types que les 4 tibias. Mais on ne le sait pas, donc on table sur 6.
** qui doit facilement atteindre les 400 individus.

La source )

berangere: (Default)
  On ne peut pas dire qu'il n'y ait pas d'actualités archéologiques, mais...
  Je ne sais pas, le fait d'avoir eu le droit de fouler pendant 3 heures le sol d'une supposée tombe impériale a peut-être relancé l'intérêt du public (des journalistes) pour la période kofun. Il n'y en a que pour elle :


(tous les articles précédés d'une étoile traitent de la période kofun)
(les deux articles sur le Yayoi parlent 1- de
l'expo sur les tokushu kidais de Kashihara ; 2- du classement du site de Kanzaki. La pointe de l'actualité, donc)


  Donc, en cette période creuse, voici la présentation du site de Egenoyama, que nous évoquions ici.



berangere: (yoshinogari)
  Contrairement à ce qu'affirment un bon nombre d'article sur le sujet, ça n'est pas la première fois qu'on en trouve, mais ça reste assez rare pour en parler.

  Donc parlons-en.

  Des fouilles sont conduites depuis l'année dernière sur le site de Shimohaneda (préfecture de Shiga, ville de Higashiomi) et on y a déjà trouvé des vestiges de la période kofun.
  Cette fois-ci, il s'agit d'un habitat de la fin du Jōmon Final (500 - 400 BCE environ) qui s'étend sur une zone de 400 m x 400 m environ et comporte des habitations semi-enterrées, des bâtiments à plancher surélevé, des tombes en fosses et des tombes en jarres.
  La plupart des articles de journaux indiquent que c'est la première fois que l'on trouve des habitations semi-enterrées et des bâtiments à plancher surélevé sur le même site du Jōmon Final dans le Kinki alors qu'il y en a à Kannonji Honma (préfecture de Nara, ville de Gose). Mais avec deux sites pour toute une région, on peut tout de même considérer que c'est une configuration rare. De même la cohabitation d'habitations semi-enterrées avec des tombes en fosses et des tombes en jarres ne se retrouve dans le Kinki que sur le site de Kamisato (ville de Kyōto, Nishikyō). En revanche, l'association habitations semi-enterrées + bâtiments à planchers surélevés + tombes en jarres + tombes en fosses, ça, c'est une première pour le Kinki au Jōmon Final (oui, on trouve toujours une configuration pour laquelle on a "le premier", "le seul" ou "le plus vieux" site).



Les tres nombreuses sources et leurs informations contradictoires )
berangere: (anthropo fun)
  Je voulais juste faire une brève sur le fait que le terrain autour de l'amas coquillier de Hazawa a été classé Site Historique Préfectoral, et ça a fini en article complet sur le site...

  L'amas coquillier de Hazawa (préfecture de Gifu, ville de Kaizu, quartier de Nanno) est un site d'habitat occupé de la fin du Jōmon Moyen jusqu'au Jōmon Final, mais ce sont les occupations du Jōmon Récent et Final qui ont fourni le plus de mobilier.
  Le site est exceptionnel car on connaît actuellement seulement deux amas coquilliers dans la préfecture de Gifu : celui-ci et celui de Niwada, situé à deux kilomètres au nord en remontant la rivière Ibi.

  Le site a été découvert en 1910 et le centre de l'amas coquillier (39 m²) a été déclaré Site Historique Préfectoral en 1957. L'ancienne municipalité de Nanno* a acheté les terrains qui se situent autour de l'amas coquillier et a mené des campagnes de fouilles en 1996 et 1997 pour confirmer l'étendue du site (environ 500 m²). L'année dernière, un espace de 3832 m² a été classé Site Historique Municipal. C'est ce terrain qui a accédé au titre de Site Historique Préfectoral cette semaine.


 


* La municipalité de Nanno a disparu en 2005 au cours d'un de ces remaniements administratifs dont le Japon raffole. Plusieurs municipalités adjacentes ont été regroupées pour former la ville de Kaizu.

berangere: (anthropo fun)
  On est vendredi... et je n'ai rien à proposer de nouveau pour le Follow Friday, voici donc un article sur des os à la place.

  La ville de Date sur Hokkaidō a été le théâtre de nombreuses fouilles archéologiques, parmi lesquelles celles ayant eu lieu sur le site de l'amas coquillier de Kitakogane.
Il s'agit d'un site couvrant une surface d'environ 87.500 m², occupé au
Jōmon Ancien. Une plaquette informative en anglais est disponible ici (pdf).
  Au nord de cet amas coquillier, il existe un autre site, Kitakogane 2, qui s'étend environ sur 50.000 m² et dont l'occupation couvre à la fois le Jōmon Initial et le Jōmon Ancien, de 5000 à 3000 BCE.
  À la fin du mois dernier, on a retrouvé sur ce site une tombe en fosse datant probablement d'avant le
Jōmon Ancien, et donc antérieure à toutes celles trouvées dans l'amas coquillier voisin (14 tombes ont été fouillées dans l'amas coquillier).
  Il s'agit toujours d'une victoire au Japon : la tombe contient des os. Il s'agit d'un adulte avec les membres inférieurs fléchis, dont la tête (avec plusieurs dents), la colonne vertébrale, les fémurs et les tibias ont été conservés. Le coxal en revanche ne nous est pas parvenu. Les os présentent des traces d'ocre rouge, dont le corps était probablement enduit.
  La fosse mesure 130 cm de long pour 85 cm de large. Elle est aujourd'hui profonde de 80 cm, mais à l'époque, le sol avait été creusé seulement de 60 cm.



  Aono Tomoya (38 ans), directeur de l'Établissement de recherche culturel municipal de Funkawan affirme que Kitakogane 2 est un site d'une importance culturelle équivalente à celle de l'amas coquillier de Kitakogane, et espère une inscription rapide sur la liste des sites historiques d'importance nationale.

  Il s'agit également de l'avis de Kobayashi Tatsuo (dont l'âge n'était pas précisé par l'article. Comme je conçois l'importance capitale de cette information*, j'ai fait une recherche : il a eu 73 ans il y a trois jours), ancien directeur du comité pour la conservation de l'amas coquillier de Kitakogane et professeur honoraire à l'Université Kokugauin, qui veut faire enregistrer tous les sites jōmons de Hokkaidō et du Tōhoku au patrimoine mondial de l'UNESCO (après tout, pourquoi se limiter à un niveau national ?).

  Il s'agit du premier corps découvert à l'extérieur de l'amas coquillier, et il pourrait correspondre à une modification des habitudes funéraires des populations dans le temps.






 


 

article du mainichi )


*La plupart des articles de journaux donnent, pour une raison inconnue, l'âge des archéologues.


berangere: (anthropo fun)
  Les fouilles du site de Odake sont enfin terminées.
Petit récapitulatif : Odake, amas coquillier du Jomon Ancien occupé entre 4000 et 3500 BCE, Kureha-machi Nord, ville de Toyama, préfecture de Toyama, habitat (d'où les coquilles, oui, forcément) accompagné d'un cimetière.

  Le décompte final pour les sépulture est de 71 corps ! Dont 2 immatures ! + 4 vaisselles qui ont probablement contenu des corps de périnatals.
L'espace funéraire est situé dans l'est de l'amas coquillier, les corps sont regroupés dans un cimetière d'environ 400 m².
44 des corps avaient les membres inférieurs fléchis (屈葬) et dans 10 des tombes le défunt tient dans ses bras une pierre, dont la taille varie de celle d'un poing à celle d'un crâne (抱石葬, car oui, les japonais ont un nom spécifique pour ce type de tombes).


Sépultures d'adultes dont un tient une pierre


Un immature


  Le cimetière contenait également 11 corps de chiens, ce qui fait de Odake le site du Japon où les associations entre des sépultures humaines et des sépultures canines sont les plus fréquentes.
Yamada Yasuhiro, professeur d'archéologie à l'Université de Shimane, y voit une preuve de la domestication du chien : s'il s'agissait de victimes de sacrifices rituels, il est probable que les chiens auraient été enterrés ailleurs ; il s'agit donc de chiens de chasse.
Sauf bien sûr si le sacrifice rituel avait un quelconque rapport avec le rite funéraire, dans ce cas là, pourquoi ne pas les enterrer dans le cimetière ? non ? Ah, l'éternelle question de la pensée qui sous-tend le geste...

  S'il s'agit de chiens de chasse, leur présence renseigne également sur l'importance (démographique) du village. En effet, avec l'adoption d'un système de chasse passive basé sur les fosses-pièges, l'utilité des chiens baisse. Si le pourcentage de personnes élevant un chien baisse, un grand nombre de chiens implique un très grand nombre de personnes.
Je n'y aurais pas pensé, mais c'est un raisonnement assez logique. Mais qui se base sur l'utilisation moderne que nous faisons des chiens dans la chasse. À l'état sauvage, le loup chasse en meute et poursuit sa proie, comportement qui serait tout à fait exploitable pour rabattre le gibier vers les pièges, comme il semble que ça ait été le cas dans la plupart des sites de chasse où les pièges sont disposés en un réseau serré, qui trompera l'animal qui fuit devant un prédateur, mais sera probablement évité par l'animal dans les autres cas : juste creuser le piège et attendre qu'un cerf maladroit tombe dedans, ce n'est plus de la chasse passive, c'est un optimisme démesuré.


  Dans un autre registre, mais tout aussi intéressant, le site a livré la première pirogue monoxyle jōmon de la préfecture de Toyama, d'une longueur de 2,6 m pour une largeur de 40 cm.


Cherchez la pirogue monoxyle dans ce tas de bois ? (je cherche une
meilleure photo) (ou au moins une avec une flèche indiquant où elle est...)

(si ça se trouve, elle n'est même pas dans ce tas de bois là)

  On a également trouvé des vaisselles en bois (qui portent des traces permettant de retracer les différentes étapes de production), qui laissent penser qu'il devait y avoir une spécialisation d'une partie de la population dans leur fabrication, et qu'elles étaient peut-être l'objet d'une exportation vers l'extérieur du village.
  La vaisselle en céramique, quant à elle, dénote d'une influence à la fois des vaisselles du Kansai et de celles du Kantō.

  Un cimetière important, des tombes de chiens, un amas coquillier énorme sur la côte de la Mer du Japon où ils sont généralement de taille modeste, une spécialisation d'une partie de la population, possibilité de commerce, influences de régions diverses et variées... je sens venir la publication qui présente le site comme exceptionnel et grandiose. Avec des mots comme 「centre économique」, 「plate-forme commerciale」 et 「carrefour culturel」. Vont-ils aller jusqu'à abandonner le projet immobilier pour faire un parc archéologique ?


 

La source (yomiuri) )

 

English translation )

Ichinosaka

Sep. 4th, 2010 01:53 pm
berangere: (toro)

  Dans le cadre du mouvement de résistance contre le monopole de Sannai-Maruyama dans les médias occidentaux (c’est pas non plus qu’on en parle tous les soirs au 20 heures, mais quand même), je présente aujourd'hui le site de Ichinosaka, qui comporte des habitations de grande ampleur plus longues que celles de Sannai-Maruyama !!

  Bon, d’accord, le site n’en compte que deux alors que Sannai-Maruyama doit bien en avoir une trouzaine.

  Mais 43,5 x 4 mètres ! Qui dit mieux ?

  Personne. En tous cas, personne dont j’aie entendu parler.

 

  Le site de Ichinosaka (Yamagata-ken, Yonezawa-shi, Yarai-chō) est situé dans le bassin de Yonezawa dans le sud de la préfecture de Yamagata. Il s’agit d’un village du Jōmon Ancien situé sur une terrasse de rivière, au sud-ouest du bassin, sur une pente qui s’incline de l’ouest vers l’est. La terrasse mesure 90 mètres d’est en ouest et 80 du nord au sud. Le site a été fouillé en 1989 par le Comité d’Éducation de la ville de Yonezawa, dans le cadre d’un plan de développement résidentiel, puis il a été l’objet de fouilles extensives de 1990 à 1994 au vu de l’importance des découvertes (le plan d’urbanisation a été abandonné).

 

  On y a trouvé une habitation de grande ampleur (traduction du terme officiel de 大型住居) de 43,5 x 4 mètres, pour une surface de 180 m², dont le grand axe est orienté est-ouest. Les trous de poteaux pour la charpente sont situés proches des parois. Elle comporte 6 foyers.

  La prospection laisse penser qu’il existe une autre habitation de grande ampleur, mesurant environ 50 mètres de long. Encore plus grande ! Aha !


Impressionnant hein ? 

 

  Le site comporte 24 habitations de taille « normale », dont 8 sont très proches les unes des autres et agencées en un arc de cercle. Elles sont contemporaines et se distribuent selon un axe nord-sud, avec des espaces entre les habitations de 30 à 50 centimètres seulement. Il est possible que certains bâtiments aient partagé des murs ou aient eu un toit commun. Le groupe de bâtiments s’étend sur environ 50 mètres. L’une de ces habitations est rectangulaire, avec un grand axe de 13 mètres de long. Les autres sont carrées ou légèrement rectangulaires, avec des côtés de 4 à 5 mètres de long.

  Après que ces habitations ont été abandonnées, d’autres habitations ont été construites, et on compte en tout 5 phases d’occupation du site.

  Le site comporte également 6 tombes avec des inhumations en pleine terre, situées à l’intérieur de l’aire délimitée pas les habitations, à l’est de la terrasse, vers le cours d’eau.

 

  Les huit habitations qui forment l’arc de cercle et les deux habitations de grande ampleur sont situées au nord du terrain et donnent au village la forme d’un fer à cheval assez caractéristique des habitats jōmons.

 

  Dans l’habitation de grande ampleur qui a été fouillée, on a retrouvé un important mobilier lithique comportant essentiellement des outils en cours de fabrication et des éclats. Le mobilier lithique est composé de pointes de flèches, de lames et de pointes de harpons en schiste, ainsi que de pierres à moudre.

  Le mobilier céramique est très fragmentaire, présentant seulement 1% de vaisselles entières.


 

  Les matières premières proviennent pour la plupart du bassin de Yonezawa, des sites de Ochidai, Joshima et Nakayama. On retrouve très peu de matières premières brutes ou même dégrossies sur le site : un premier travail devait être effectué sur le site d’extraction.

  Les outils fabriqués à Ichinosaka étaient distribués dans tout le sud du Tōhoku, le Kantō et le Chūbu.

  L’habitation de grande ampleur comportait également un très grand nombre de noix carbonisées.

 

  Il semble qu’il s’agissait d’un atelier de fabrication de mobilier lithique et d’un lieu de stockage pour les ressources.

 

  Le site est important d’abord à cause de sa datation haute au Jōmon Ancien. Mais il ne s’agit pas là des plus anciennes habitations de grande ampleur sur l’archipel, ce type de bâtiments apparaissant très tôt, dès le Jōmon Initial. Il s’agit cependant d’habitations de très grande taille dans la typologie des bâtiments de grande ampleur, les plus grandes trouvées à ce jour. Le mobilier qui y est associé permet de présumer de leur fonction, et l’importance du centre de production de mobilier lithique, ainsi que la distribution des produits finis, permet d’envisager les réseaux d’échanges de l’époque.

 

  Et malgré tout cela quand on tape « ichinosaka » dans un moteur de recherche, pas un seul des sites sur la première page ne fait référence au site archéologique. En tapant « ichinosaka site » un seul lien correspond au site jōmon. Si je tape « Sannai », sans même « Maruyama », le premier lien est le site officiel. Il y a encore du travail pour diversifier la documentation en langue occidentale…

berangere: (anthropo fun)
  Quand on sait que le sol volcanique acide du Japon dissout les os en quelques années, on comprend le titre enjoué de cet article.
  Encore faut-il aimer les os, bien entendu. Il se trouve que j'adore les os. humains. l'archéozoologie ne fait pas partie de mes passions secrètes.

  Brefle : "Sensationnel : Découverte de 60 corps datés du Jōmon Ancien !"

  En plus du Jōmon Ancien ! On n'en a presque pas ! ヾ(*~▽~)ノ

  Le site : amas coquillier de Odake, Kureha-machi Nord, Toyama-shi (Toyama-ken), daté du Jōmon Ancien, 4000 - 3500 BCE.

Odake kaizuka
(Pour vous y rendre)

  Il s'agit de fouilles de sauvetage dans le cadre de l'aménagement d'une zone résidentielle de 1000 m² environ, à proximité de la gare de Kureha, qui s'agrandit. Elles ont été menées par la Fondation pour la promotion des propriétés culturelles du mois d'avril à la fin du mois d'août, et sont prolongées pour la première quinzaine de septembre au vu de l'importance du site.

  L'amas coquillier (qui est, en gros, un tas de trucs en calcaire, qui contrebalancent l'acidité du sol encaissant) mesure 50 mètre d'est en ouest et 150 mètres du nord au sud, sur une hauteur de 8 mètres. Il a une forme en fer à cheval et est composé essentiellement de palourdes (Corbicula japonica), de gastéropodes (Viviparidae) et de coquillages de marais. Il comporte en fait 90% de coquillages d'eau douce, 5 sortes de reptiles et 18 sortes d'oiseaux et de mammifères, dont trois chiens entiers et des cerfs et des sangliers démembrés.

  Le mobilier comporte des vaisselles en céramique, des outils en pierre et (
\(^_^)/ ) des outils en matières dures animales !
Des hameçons, des aiguilles en os, des pointes de flèches en os, des épingles à cheveux (?), des bagues, des magatamas (perles en forme de griffe) en défenses de sanglier, des pendentifs en dents animales...


Du mobilier en os !

  Et, donc...  une soixantaine de squelettes
ヽ(*・ω・)人(・ω・*)ノ, pour la plupart complets o(^^o)(o^^)o !
La plupart des tombes sont des inhumations avec les membres inférieurs repliés, mais il existe également des inhumations avec les membres en extension, et dans certaines tombes, le défunt tient une pierre, de la taille d'un poing à celle d'un crâne.


Des os !

  Ce site est exceptionnel. Déjà, il n'y a pas des masses d'amas coquillers sur les rives de la mer du Japon : la plupart sont du côté Pacifique. Ensuite, la plupart des amas coquilliers avec des restes humains sont du
Jōmon Récent ou Final. On a bien l'amas coquillier de Ōta qui a *peut-être* une partie de son occupation qui remonte au Jōmon Ancien, mais il a été fouillé en 1926 et la concision des notes de fouilles rend le matériel peu exploitable d'un point de vue scientifique. On a également plusieurs sites sur Hokkaidō datés du Jōmon Ancien, mais l'état de conservation des os est tel qu'il est quasiment impossible d'en tirer quoi que ce soit de pertinent.
  Tant par le nombre de squelettes que par leur état de conservation ou la qualité des notes de fouilles, l'amas coquillier de Odake est un site de premier plan pour l'étude de la protohistoire japonaise. Il va rapidement devenir une référence pour qui veut se pencher sur les pratiques funéraires j
ōmons.

  En raison des traitements qu'il sera nécessaire de faire subir aux os pour éviter toute détérioration, les recherches sur le matériel osseux ne pourront pas débuter avant le printemps prochain. Entre les recherches sur la taille et la forme des os et des dents, les prises de mesures, les analyses ADN qui permettront de définir le sexe des individus et leurs liens de parenté
(qui déboucheront sur une étude spatiale de l'organisation de l'espace funéraire), les premiers résultats devraient être disponibles dans 3 ans, et exposé au Muséum  National de la Nature et de la Science à Tōkyō.

Les sources ! )





 

 

 


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