berangere: (itazuke)
Carte g�n�rale de l'archipel d'Okinawa montrant l'emplacement du site de Funakoshibaru 

  Écrire des articles et ne pas les publier pendant deux semaines ne va pas aider l'archéologie d'Okinawa à sortir de l'ombre…

 

  L'archéologie d'Okinawa existe, mais c'est une archéologie furtive, en fait. Prenez le site de Funakoshibaru par exemple. Selon des personnes plutôt bien informées (le Centre Archéologique Préfectoral d'Okinawa), il s'agit d'un site important de la préhistoire d'Okinawa. Pour une raison obscure, les pages web qui lui sont dédiées se comptent sur les doigts… d'un doigt. Il est bien mentionné deux ou trois fois en passant sur d'autres sites, mais essentiellement en tant que destination touristique…

De l'archéologie furtive, donc. Heureusement que le Centre Archéologique Préfectoral d'Okinawa fait des conférences.

 

Le site de Funakoshibaru (船越原遺跡, Village de Tokashiki, Île de Tokashiki, Archipel de Kerama, Préfecture d'Okinawa) a été découvert en 1975 à l'emplacement d'une carrière de sable. L'île de Tokashiki compte d'autres sites importants pour la préhistoire d'Okinawa, comme Aharen'ura qui est le site éponyme de la céramique Aharen'ura, datée du début de la Période Kaizuka Récent1. Le Centre Archéologique Préfectoral d'Okinawa mène actuellement un projet quinquennal de prospection archéologique sur les îles Kerama dans le but de recenser tous les sites de la préfecture. En 2012, dans le cadre de ce projet, ils ont conduit une étude sur la distribution des tombes antiques (Période Moderne et début de la Contemporaine) dans le village de Zamami (Île de Zamami), qui a été expédiée en environ trois (3) minutes au début de la présentation et une autre pour déterminer les limites du site de Funakoshibaru.

 

 

 

 

 

-->

 

berangere: (anthropo fun)
Carte et photos seront uploadées plus tard.

   Il est grand temps de commencer à parler un peu d'Okinawa. Malgré une activité archéologique assez importante, surtout compte tenu de la taille de l'île, la presse n'est pas terriblement prodigue en actualités. Mais ça ne peut pas faire de mal de parler de découvertes qui datent un peu, après tout, ceci est un site sur l'archéologie, nous sommes quelque part spécialisés dans les choses qui datent un peu. J'ai choisi un site avec des os jōmons*, parce que, c'est évident, tout le monde a envie de lire un article sur des os jōmons.

   Le site de Bugeidō (武芸洞遺跡, Teruda utaki baru, Maekawa-aza, Tamagusuku-ōaza**, ville de Nanjō et donc, préfecture d'Okinawa) est situé dans une grotte mesurant 25 m (Est-Ouest) par 30 m (Nord-Sud) et 4 m de haut au maximum. La grotte a deux accès, un à l'est et un à l'ouest et est située à proximité de plusieurs autres sites dont le plus célèbre est la fissure de Minatogawa dans laquelle on a retrouvé les restes d'hommes fossiles logiquement nommés "Hommes de Minatogawa" (ce sujet ne sera probablement jamais traîté sur ce site, compte tenu de l'âge des vestiges).
   Le site de Bugeidō a été l'objet de plusieurs campagnes de fouilles (toujours sur des secteurs très limités de quelques mètres carrés) entre 2007 et 2009.
   Il est (relativement) célèbre car il a été le premier site du Sud d'Okinawa dans lequel on a trouvé une unité stratigraphique contenant des tessons de vaisselle tsumegatamon, datée du Jōmon Ancien vers 4.000 BCE. Il comporte également les vestiges d'un foyer associé à de la vaisselle omonawazentei du Jōmon Moyen (2500-2000 BCE) et une sépulture avec coffrage en pierre associée à des tessons de vaisselle uzahama et nakabaru du Jōmon Final (500 BCE).

   Une centaine de tessons tsumegatamon ont été trouvés en relation avec plus de trois cents (300) fragments d'os d'animaux brûlés et divers éléments de mobilier lithique dont une hache avec le tranchant poli.

   Dans une autre zone de la grotte, les fouilles ont révélé la présence d'une sépulture avec coffrage en pierre. La sépulture tire partie du relief naturel de la grotte, qu'elle complète avec des blocs de calcaires afin de créer un coffrage complet de 240 x 115 cm. Elle était fermée grossièrement par des pierres de couverture plates et recouverte de terre.
   Le corps était déposé dans le coffrage en décubitus ventral***, la tête vers le Nord-Est, légèrement tournée vers la droite. Le squelette est parfaitement conservé malgré une notable dispersion des os des mains et des pieds. Il s'agit d'un homme d'une quarantaine d'années.
  Le mobilier funéraire (car il y en a) comporte un tridacnide (Tridacnidae) posé sur le corps à hauteur de la poitrine, un cellana mazatlandica percé d'un trou juste en dessous des cervicales et un autre près du pied gauche. Enfin, douze (12) perles qui constituaient probablement un bracelet ont été retrouvées autour de l'ulna et du radius gauche. Il s'agissait alors de la première découverte d'un bracelet de perles en place.
   Il semblerait que la sépulture ait été fermée une première fois, puis rouverte pour déposer des éléments du mobilier funéraire, ce qui expliquerait la dislocation des os des pieds et des mains, aux articulations particulièrement labiles
  À noter qu'en plus du squelette complet, la sépulture contenait aussi les restes épars et fragmentaires de deux autres. Il semble donc que le même coffrage ait été utilisé successivement pour plusieurs inhumations.

   Il existe d'autres exemples de sépultures dans des coffrages de pierres sur Okinawa : sur le site de Momenbaru (Toguchi, village de Yomitan), dans l'amas coquiller de Nakakawabaru (Tokeshi, village de Yomitan), sur le site de Ōkubobaru (Tokeshi, village de Yomitan), sur le site de Azamabaru (Mashiki, ville de Ginowan) ou sur le site de Kanikubaru (Ujidomari, ville de Ginowan). Il s'agit essentiellement de sites de bord de mer. La sépulture avec coffrage de pierres découverte à Bugeidō est la première à l'être en contexte troglodyte.

Source: 山崎真治 藤田祐樹 西秋良宏 2009 平成19・20年度南城武芸洞遺跡発掘調査の概要, 沖縄県立博物館美術館紀要 2: 5-18.

* la terminologie de la chronologie pour les périodes préhistoriques dans l'archipel des Ryūkyū sera probablement abordée plus tard sur ce site. Vraisemblablement à plusieurs reprises. Très certainement dans des articles rangés sous le tag "je râle".
** je me rends compte qu'il va également falloir un article sur les terminologies géographiques propres à Okinawa, qui n'aura peut-être pas droit au tag "je râle". Peut-être.
*** oui, ceci est un oxymore.



English translation )
berangere: (yajiri)
Photos et cartes seront uploadées plus tard.

   Le site de Hiraoka (平岡遺跡, Ikeda, ville de Toyama, préfecture de Toyama) est formidable. Et je ne prétends pas ça uniquement parce que j'ai participé aux fouilles.
   Hiraoka est un site du Jōmon Ancien (4000 – 3500 BCE) situé sur la partie sud de la colline de Kureha, colline qui a déjà fait l'objet de fouilles archéologiques puisque le désormais très célèbre amas coquillier de Odake (en bref : Jōmon Ancien, 71 corps, site de l'année 2010) est situé dans sa partie nord. Le site de Hiraoka a été fouillé de juin à novembre 2012 avant des travaux pour la construction d'une route départementale. Le chantier s'étendait sur 125 m du nord au sud et 18 m d'est en ouest, soit 2250 m².
   La campagne de fouilles a permis de dégager quatorze (14) habitations semi-enterrées, environ soixante-dix structures identifiées comme des tombes et une foultitude de fosses, silos et trous de poteaux, le tout correspondant aux vestiges d'un village annulaire d'environ 100 m de diamètre. Comme quoi, je n'exagérais pas l'importance du site dans mon introduction ! Il s'agit du deuxième site de la préfecture en nombre d'habitation pour le Jōmon Ancien, le premier étant Yoshimine (吉峰遺跡, ville de Tateyama) avec vingt-deux (22) habitations.

   Il s'agit donc d'un habitat annulaire avec les tombes regroupées au centre dans une aire funéraire d'environ 65 m de diamètre, entourées par l'aire domestique comprenant les habitations. Les habitats annulaires du Jōmon Ancien sont rares dans la préfecture (disons qu'avec les sites de Yoshimine et Hikaoka, on en est maintenant à deux…) mais il en existe quelques uns pour le Jōmon Moyen comme Kitadai (北代遺跡, ville de Toyama) ou Hayatsukiuwano (早月上野遺跡, ville de Uozu), ce qui permet d'espérer quelques études comparatives sur l'évolution de ce type d'habitat dans la région dans un proche futur.
  Les tombes ne contiennent malheureusement pas d'os, mais une grande quantité de mobilier céramique et lithique. De simples fosses en pleine terre ont été identifiées comme des tombes d'adultes, alors que plusieurs vaisselles en céramique enterrées (umegame) pourraient être des tombes d'enfants.
   Les habitations mesurent environ 6 m de diamètre et comportent invariablement un silo d'environ 80 cm de profondeur. La plus grande d'entre elle atteint les 30 m², avec trois (3) silos associés et un foyer clairement identifiable au centre. Les foyers et silos ont souvent livré des restes carbonisés de fruits à écales.

   Les structures fouillées sont donc déjà grandioses, mais elles sont également accompagnées d'un mobilier incroyablement abondant ! Environ trois cents (300) caisses de tessons de céramique du Jōmon Ancien, des haches et des houes en pierre, dont certaines tellement minuscules que *même moi* j'ai pensé le mot "rituel" (pas très fort) (pas longtemps) (et en regardant ailleurs), des pierres à moudre, à concasser,des armatures de flèches magnifiques (oui, j'aime les armatures de flèches : quiconque avec deux mains gauches qui s'est jamais essayé à la taille du silex comprend instinctivement la beauté intrinsèque de ces toutes petites choses), des boucles d'oreilles innombrables et dans un état de conservation pratiquement parfait, des perles tubulaires sublimes, et des centaines d'esquilles qui prouvent un travail local de l'outillage lithique.
   La céramique est un mélange de vaisselles du type Moroiso, de l'Est du Japon, et du type Kitashirakawa, de l'Ouest du Japon, ce qui fait de Hiraoka un point de rencontre de deux cultures. Les liens du site avec l'extérieur sont également suggérés par la provenance des matières premières pour l'outillage lithique : si les boucles d'oreilles sont principalement fabriquées avec des pierres de la ville voisine de Asahi, celles utilisées pour les armatures de flèches et autres armes et outils proviennent des préfectures de Nagano et Gifu (d'accord, c'est pas comme si ils avaient traversé la moitié du Japon, mais y'avait pas de Shinkansen à l'époque. Et Toyama est entouré de montagnes du plus bel effet sur les photos et les engelures).

   Nan, en toute objectivité, ce site mérite le bérangère award du site de l'année 2012.

English Translation... )
berangere: (jomon doki)
  Onze habitations avaient été découvertes en 2010 sur le site de Shigareyama-nishi, situé sur une terrasse au bord de la rivière Tate (然山西遺跡, Uchinoyama, ville de Bando, préfecture de Ibaraki). Une nouvelle campagne de fouilles est en cours depuis octobre 2011 sur une zone de 12.000 m² (entre 12 et 16 mètres d'altitude). Elle a permis de dégager vingt-trois habitations du Jōmon Ancien, deux du Kofun Récent et cinq du début de la civilisation Heian.

   Les habitations du Jōmon sont rectangulaires à ovales, de 6 par 5 mètres environ. Elles sont creusées dans le sol jusqu'à 70 centimètres de profondeur et certaines comportent plusieurs foyers. L'occupation est datée des alentours de 3.500 BCE, sur une longue durée : toutes les habitations ne sont pas contemporaines.
   Le site comporte également trois amas coquilliers distincts qui occupent l'empreinte négative laissée par certaines habitations abandonnées, plusieurs foyers extérieurs, une centaine de fosses, plusieurs fossés et une voie de circulation.

   Les coquillages qui constituent les amas coquilliers sont essentiellement des palourdes : plus de cent quarante mille spécimens de yamato shijimi (Corbicula japonaica). On trouve également des sarubō (Anadura broughtoni) et des hamaguri (Meretrix lusoria). Tous ces coquillages sont caractéristiques des zones d'estuaires : au moment du réchauffement climatique du Jōmon Ancien, la mer (située actuellement à plus de 90 kilomètres en aval du site) se trouvait à proximité immédiate de Shigareyama-nishi, et les populations jōmons exploitaient les ressources de l'estuaire de la rivière Tate.
  Des pointes de flèches, des poids de filets et des pierres à moudre retrouvés sur le site indiquent que la chasse, la pêche et la cueillette leur permettaient de compléter leur régime alimentaire.


Une habitation pleine de coquillages
A dwelling full of shells



Pierre à moudre et vaisselles en céramique
Grinding stone and ceramic vessels


   En complément du mobilier lithique, le mobilier céramique mérite d'être mentionné. Très abondant, il est essentiellement composé de bols profonds (fukabachi) et de bols peu profonds (asabachi). Les marques d'utilisation relevées sur les bols profonds indiquent qu'ils servaient à la cuisson des aliments et au stockage des denrées.
   Trois anses à décor figuratif animal (獣面把手, jūmentotte) ont été trouvées sur le site. Elles représentent des sangliers et un lapin. Ce type d'anses est assez fréquent dans l'ouest du Kantō à l'époque.


Nombreuses vaisselles en céramique en place dans l'habitation 32
Many ceramic vessels in dwelling number 32


English Translation )



Les sources )

Oui, je sais... tellement d'articles et pas une seule photo des jūmentotte...
berangere: (anthropo fun)
  Il y a un an presque jour pour jour, je parlai du site de Kitakogane 2 à l'occasion de la découverte d'une tombe (avec des os conservés).
  Kitakogane 2 est un site qui aime faire parler de lui vers la Toussaint, et il revient cette année dans les journaux suite à la découverte de deux crânes de cerfs entourés de nombreuses vaisselles en céramique enterrés dans l'amas coquillier.
  Le site (北黄金2遺跡, Hokkaidō, ville de Date, quartier de Kitakogane) est situé à proximité d'un célèbre amas coquillier (Kitakogane, sans le 2) du Jōmon Ancien qui est classé Site Historique National, et la ville et le Centre de Recherche de la Culture Funkawan, en charge des fouilles, espèrent faire subir le même sort à Kitakogane 2. C'est dans le but de prouver à quel point il est formidable et unique qu'il est l'objet de fouilles depuis l'année dernière.

  La campagne cette année avait pour but de confirmer l'emprise totale du site. Les crânes et les vaisselles ont été retrouvées à 1,7 m sous la surface de l'amas coquillier, les deux crânes alignés (mais si mes souvenirs de mathématiques ne sont pas trop rouillés, lorsqu'on n'a que deux points, il sont très souvent alignés) et les vaisselles disposées autour. Il s'agit de vestiges du Jōmon Ancien (4.000 BCE), peut-être liés à un culte animal afin de faciliter le passage dans l'autre monde des esprits des animaux chassés. Du moins c'est ce que dit Aono Tomoya (39 ans), responsable des fouilles pour le Centre de Recherches de la Culture Funkawan : moi, la pensée qui sous-tend le geste, ça fait bien longtemps que j'ai arrêté de tenter d'y avoir accès. Aono Tomoya (39 ans) pense qu'il sera possible de confirmer la vocation rituelle de ce dépôt grâce à une fouille complète des couches de coquillages l'entourant.

  L'équipe de fouilles a un blog.


Deer skulls and potteries found in Kitakogane 2, Hokkaido, possible remains of an animal cult.

Source )
 

 

berangere: (dogu)

   Une gangū, c'est comme une dogū, mais en pierre.

土偶 dogū : figurine en céramique
          土 = terre ; 偶 = de forme humaine (mais le terme est utilisé pour toute les figurines, mêmes animales)
          pour les exemples concrets, voir le tag consacré : dogus
岩偶 gangū : figurine en pierre
          岩 = pierre ; 偶 = de forme humaine.

   Fermons ici cette annexe de 「l'idiotisme japonais inutile du jour」 et revenons-en à l'actualité archéologique.

   Le Centre pour les Propriétés Culturelles Enterrées de Hokkaidō a annoncé la découverte sur le site de Tatesaki (館崎遺跡, Hokkaidō, district de Matsumae, ville de Fukushima) d'une gangū de la deuxième moitié du Jōmon Ancien (vers 3.000 BCE).







   Pour une fois, l'image est assez grande pour mériter de figurer sous un cut : par ici )

  La photo provient du pdf de présentation des fouilles du Centre pour les Propriétés Culturelles Enterrées de Hokkaidō pour cette année.
La tablette a été retrouvée en trois morceaux, la partie où figurait la tête a disparu. Le corps humain est figuré par des lignes gravées dans la pierre. Les membres ont été volontairement omis, signalant une représentation abstraite de l'être humain.
   Cette gangū mesure 37 centimètres de haut, 29 centimètres de large et environ 2 centimètres d'épaisseur, ce qui en fait probablement l'une des plus grande de l'archipel. Elle est en tuf volcanique (comme les Moais de l'île de Pâques. Merci de ne pas conclure à un lien entre les deux civilisations).
   Des gangūs sont retrouvées un peu partout sur l'archipel, mais en quantités beaucoup moins importantes que les dogūs. Elles sont produites à partie du Jōmon Ancien. Celle-ci a été trouvée dans la terre qui comblait une habitation semi-enterrée à la fin du mois d'août.

berangere: (toro)
  En très bref, même, juste pour garder une trace.
   Le site de Nikenzaike Harada (二軒在家原田遺跡, préfecture de Gunma, ville de Annaka, quartier de Matsuida) appartient au groupement de sites archéologiques de Nishiyokono Matsuyoshi Chūbu (西横野松義中部遺跡群). Il s'agit d'un habitat avec des vestiges d'occupation du Jōmon Ancien au Jōmon Récent, puis pendant les périodes Kofun, Nara et Heian.
   Les fouilles jusqu'à présent ont permis de dégager plus de 70 habitations du Jōmon Ancien au Jōmon Récent, et il est probable que le site en recèle plus. Certaines de ces habitations sont de taille conséquente, mesurant de 6 à 8 mètres de côté. Le site a également livré de nombreux tessons de céramique Jūmen (獣面土器) et des boucles d'oreilles ketsujō (玦状耳飾).

  J'avais prévenu que ce serait bref. Mais 70 habitations, il est toujours possible que nous obtenions plus d'informations dans l'avenir.
  La source est tout aussi concise :

Tokyo Shinbun
安中市教委が発掘調査している松井田町の西横野松義中部遺跡群の「発掘調査現地説明会」が二十三日午前十時から正午まで開かれる。説明会は五回目。今回は二軒在家原田遺跡が対象。

 松井田町二軒在家地区の土地改良事業に伴い、縄文前期から後期の住居跡七十軒以上が発掘され、さらに増える見込みという。中には縦横が約八メート ルと約六メートルの大型住居跡もある。多数の獣面土器や〓(けつ)状耳飾りなども出土している。問い合わせは、市教委学習の森文化財係=電 027(382)7622=へ。 (樋口聡)

※〓は、決の左が王へん



berangere: (Default)
  Il y a quelques jours semaines, je rapportais la découverte d'une habitation sur le site de Yuri (ユリ遺跡, préfecture de Fukui, groupement de Mikatakaminaka, ville de Wakasa, Torihama). 
  Je précisai alors que Yuri faisait partie d'un groupement de sites dont le plus connu était l'amas coquillier de Torihama (鳥浜貝塚). Cet amas coquillier est occupé de 10.000 à 3.000 BCE. Il est surnommé "la capsule temporelle jōmon" car la nature humide du terrain a permis la conservation d'un mobilier en matériaux périssables (peignes en laque, paniers, tissus... en tout 1376 pièces de mobilier assez exceptionnelles pour avoir toutes été classées Importantes Propriétés Culturelles Nationales). L'habitat est soudain déserté vers 3.000 BCE et on ne retrouve pratiquement aucun mobilier pour les périodes suivant le Jōmon Ancien.

  Le site de Yuri, situé à peine à 500 mètres à l'ouest de celui de Torihama, prend la relève temporelle puisqu'il a livré des traces d'occupation à partir du Jōmon Moyen. Il semblerait que les habitants de Torihama aient déplacé leur habitat vers Yuri à la suite d'un glissement de terrain, dont on a retrouvé la trace, matérialisée par une couche de plusieurs dizaines de centimètres de pierres de tailles diverses et de débris de bois. Selon Kojima Hideaki, qui a fouillé le site de Yuri en août et septembre pour le Musée Municipal Jōmon de Wakasa-Mikata, la population aurait "profité" de ce désastre pour déménager vers un endroit plus proche du lac, avec une bonne exposition au soleil, plus agréable.



Profitons-en pour proposer une photo plus récente de l'habitation de Yuri, maintenant que la fouille est terminée, ou presque :



La source )

 



berangere: (magatama)
  Décidément, le site de Odake (小竹貝塚, préfecture de Toyama, ville de Toyama, quartier de Kureha nord) n'a pas fini de nous émerveiller. Après avoir remporté le berangère award du site archéologique de l'année 2010, voici qu'il refait parler de lui grâce à l'analyse de son mobilier.
   Petit récapitulatif : Odake est un amas coquillier en forme de fer à cheval sur la baie de Toyama, formé au Jōmon Ancien entre 4.000 et 3.000 BCE. Malgré la proximité de la Mer du Japon, il est composé essentiellement de coquillages d'eau douce provenant de la rivière toute proche. On y a retrouvé 78 squelettes humains (et une pléthore d'os d'animaux, dont des squelettes de chiens ayant fait l'objet de sépultures), du mobilier en bois et en matières dures animales ; mon enthousiasme au sujet de ce site est détaillé dans les autres articles le concernant.

  Les fouilles se sont terminées en octobre de l'année dernière, mais le long travail d'analyse du mobilier et des données ne fait que commencer (Sans parler des squelettes. Ai-je mentionné qu'il y avait des squelettes ?). Le Centre pour les propriétés culturelles enterrées du Comité d'Éducation de la ville de Toyama a annoncé la découverte d'une cinquantaine de fragments de bracelets en coquillages. Il s'agit d'objets brisés et / ou en cours de fabrication : c'est la première fois que ce type de découverte est faite dans la région. Cela implique la fabrication de ces bracelets sur place. Ils sont façonnés dans de grands bivalves (Glycymeris albolineata, Scapharca Satowi et Scapharca Subcrenata), probablement apportés sur la plage toute proche lors des typhons. Ce type de bracelets est courant pendant la période Jōmon, mais ils sont particulièrement caractéristiques des sites de la baie de Sendai et des côtes de la Mer Intérieure. Dans la préfecture de Toyama, il en existe un exemplaire seulement, retrouvé dans la grotte de Ōzakai (ville de Himishi), occupée à partir du Jōmon Moyen. Ils sont simplement fabriqués en évidant l'intérieur de la coquille d'un grand bivalve afin de pouvoir y passer le bras.

  Comme nous n'avons pas encore de photos de ceux de Odake, j'illustre mon propos avec du mobilier de l'amas coquillier de Katsurashima, préfecture de Miyagi,  Jōmon Moyen, grand vainqueur de ma recherche google images:



  Certains fragments brisés en cours de production retrouvés à Odake ont été percés pour pouvoir servir de pendentifs.

  Une exposition présentant les différents coquillages et poissons retrouvés dans l'amas coquillier, qui inclura également ces fragments de bracelets, se tiendra au Toyama-shi Kitadai Jōmonkan du 21 août au 12 février 2012. on aura peut-être des photos après le 21.

Source )

 センターによると、破片などは海にいるベンケイガイやサトウガイなどの二枚貝で約五十点。縄文人は、海岸に打ち上げられた貝を持ち帰って貝輪を製作し、失敗した部分は穴を開けて首飾りにしたとみられ、おしゃれに装飾していた様子がうかがえるという。

 展示は、出土した貝殻を使って貝輪を作る過程の説明や、当時食べていたとされるサザエやオオタニシなど約百点。二十一日には展示解説会を開く。

 同センターは、貝塚に隣接する川の改修工事に合わせて二〇〇八年から土壌を調査。破片などは一〇年十月の調査の出土品から見つかった。

 問い合わせは北代縄文館=電076(436)3664=へ。 

berangere: (anthropo fun)
  La mairie de la ville de Toyama propose une courte exposition intitulée 「La capsule temporelle de l'Histoire」 pour présenter les résultats des fouilles de l'année 2010  sur sa commune, ce qui inclut les fouilles du (désormais) célèbre amas coquillier de Odake (小竹貝塚).
  Qui compte finalement 78 corps, on ne finit pas d'en découvrir dans tous les coins !

  L'expo se tient du 7 au 11 et on pourra notamment y admirer une réplique d'un crâne d'un individu féminin trouvé à Odake. C'est étrange cette manie de fabriquer des copies dès qu'il s'agit d'os humains... Je me souviens d'une étudiante québécoise en cours d'ostéologie qui nous avait demandé si les os qu'on utilisait étaient des vrais... Je me demande si les squelettes dans les salles d'anatomie à l'étranger sont en plastique...

  Brefle, l'exposition sera ensuite présentée du 19 avril au 15 mai au Musée du château de Yasuda, toujours à Toyama.


Le Mainichi )
berangere: (jomon doki)
  Les affaires reprennent.
  Le centre pour les propriétés culturelles enterrées de la préfecture de Tokushima a annoncé que le site de Fukase (ville de Anan, quartier de Fukase) présente une stratigraphie complète avec 5 niveaux d'occupation du Jōmon Ancien au Jōmon Final (plus une occupation du début du Yayoi au tout début du Kofun (300BCE - 200CE) et une occupation Heian - Kamakura (900 - 1200 CE) mais c'est accessoire).
  Les stratigraphies présentant des occupations de toutes les phases de la civilisation Jōmon sont rares (techniquement, il en manque deux, mais ne chipotons pas). Il s'agit de la première découverte dans la préfecture de Tokushima et il en existe seulement 7 dans toute l'île de Shikoku.






























berangere: (jomon doki)
  Le Musée National de Nara propose jusqu'au 13 février une exposition du matériel retrouvé à Ondashi (préfecture de Yamagata).

  Yamagata, ce n'est pas vraiment juste à côté de Nara.



  Mais le mobilier exposé est assez exceptionnel pour justifier une expo itinérante.
  Ondashi est un site d'habitat de la deuxième moitié du Jōmon Ancien (vers 3500 BCE), fouillé depuis 1985.
Il a livré les 「plus anciens artefacts laqués entiers au monde」 (oui, parce que des traces de laque on en a avant, mais là, les objets sont entiers) (on trouve toujours le moyen d'être le plus ancien quelque chose au monde, comme je le faisais déjà remarquer précédemment) (mais cessons là ces remarques ironiques, qui pourraient laisser penser que je remets en cause le caractère exceptionnel du mobilier découvert à Ondashi, ce qui n'est absolument pas le cas).

Une vingtaine de pots de type saishitsu sont exposés à Nara.



  Motifs noirs sur fond rouge, je compatis avec ceux à qui cela rappelle de douloureux souvenirs de cours sur la céramique grecque...
La plupart de ces pots ont le statut de 「propriété culturelle d'importance」 MAIS ! Malgré tout le poids que la typologie céramique peut avoir dans l'archéologie japonaise, l'exposition devra essentiellement sa popularité auprès du grand public à ça :




Des décors d'habitation ? Des masques rituels ?  Des fragments de dogū ? Que nenni !

Une autre image ?




Ça, ce sont les 「très célèbres biscuits jōmons de Ondashi」 !

Et on en a retrouvé un grand nombre :



(Ici dans leur vitrine dans la préfecture de Yamagata)

  Ils sont composés d'un mélange de farines de châtaigne et de noix, auxquelles on a ajouté du sang et de la viande de cerf ou/et de sanglier, ainsi que des œufs. Ces biscuits sont décorés de motifs curvilignes. On en vient à se demander s'il y avait des choses que les jōmons ne décoraient pas...

  Iwato Akiko, qui travaille au Musée National de Nara "veut faire ressentir aux gens qu'au
Jōmon, qui est envisagé comme une époque sauvage, existaient un art et une spiritualité de haut niveau".
  Dans un pays où 90% des émissions de télé sont totalement ou partiellement dédiés à l'appréciation la nourriture, nul doute qu'elle va atteindre son but.


Le Mainichi !  )

berangere: (jomon doki)
  お久しぶり・・・ですね (^_^;)

  C'est la morte saison, l'actualité archéologique n'est pas très fournie.

  Des restes de Arius leiotetocephalus*, un poisson-chat** qui vit dans les eaux tropicales à subtropicales ont été identifiés sur les amas coquilliers de Hikosaki (Okayama-ken, Okayama-shi) et de Higashimyō (Saga-ken, Saga-shi).


Les os du site de Hikosaki

  Il s'agit de la première fois que l'on retrouve des os de poissons tropicaux dans un amas coquillier japonais et cela tend à prouver que pendant la phase de réchauffement climatique qui a eu lieu au cours de la
civilisation Jōmon, la température des eaux qui baignaient le Japon était plus élevée.

  L'amas coquillier de Hikosaki a été fouillé de 2003 à 2008. Il s'agit d'un site du Jōmon Ancien (env. 4000 BCE). On y a trouvé les restes correspondants à une cinquantaine d'individus, les os mesurant de 3 à 10 centimètres de long.
  Le site de
Higashimyō date du Jōmon Initial, vers 5000 BCE. Il a été fouillé en 2007 et comportait les restes de deux poissons seulement, avec des os d'environ 5 centimètres.

  L'expertise de tous les os de poissons non-identifiés a été confiée à Matsui Sh
ō, responsable de l'archéozoologie dans l'unité d'archéologie environnementale du centre de recherche sur les propriétés culturelles de Nara, et les résultats ont été confirmés par Ooe Fumio, expert de la commission d'enquête sur l'environnement de la préfecture d'Aichi.

  Aujourd'hui, la limite septentrionale pour l'habitat de ce poisson se situe au nord de Taiwan, il s'agit d'un poisson comestible, qui a probablement été consommé par les populations jōmons. Ooe remarque qu'il y a de petits trous sur les os, qui ont pu servir pour aspirer l'intérieur. Il souligne en tous cas que ce poisson, particulièrement sensibles aux variations de températures, est une preuve directe des changements climatiques de cette période.
  Matsui quant à lui indique qu'il est possible que l'on retrouve à l'avenir d'autres os de mâchoirons parmi les os non-identifiés ramassés sur les amas coquilliers, et que leur nombre augmente.

source : Yomiuri )
 


* トウカイハマギギ (possiblement en kanjis 東海浜義義, je n'ai trouvé aucune source pour le nom complet, mais 義義 est confirmé), tōkaihamagigi, également classifié sous les noms de Arius nella et Plicofolli nella, parce que la classification des espèces, c'est tellement plus drôle quand on donne trouze noms à la même bestiole, n'est-ce pas ?
  La plupart des poissons du genre Arius sont appelés en français mâchoirons.



** ナマズ, en kanjis 鯰

berangere: (anthropo fun)
  On est vendredi... et je n'ai rien à proposer de nouveau pour le Follow Friday, voici donc un article sur des os à la place.

  La ville de Date sur Hokkaidō a été le théâtre de nombreuses fouilles archéologiques, parmi lesquelles celles ayant eu lieu sur le site de l'amas coquillier de Kitakogane.
Il s'agit d'un site couvrant une surface d'environ 87.500 m², occupé au
Jōmon Ancien. Une plaquette informative en anglais est disponible ici (pdf).
  Au nord de cet amas coquillier, il existe un autre site, Kitakogane 2, qui s'étend environ sur 50.000 m² et dont l'occupation couvre à la fois le Jōmon Initial et le Jōmon Ancien, de 5000 à 3000 BCE.
  À la fin du mois dernier, on a retrouvé sur ce site une tombe en fosse datant probablement d'avant le
Jōmon Ancien, et donc antérieure à toutes celles trouvées dans l'amas coquillier voisin (14 tombes ont été fouillées dans l'amas coquillier).
  Il s'agit toujours d'une victoire au Japon : la tombe contient des os. Il s'agit d'un adulte avec les membres inférieurs fléchis, dont la tête (avec plusieurs dents), la colonne vertébrale, les fémurs et les tibias ont été conservés. Le coxal en revanche ne nous est pas parvenu. Les os présentent des traces d'ocre rouge, dont le corps était probablement enduit.
  La fosse mesure 130 cm de long pour 85 cm de large. Elle est aujourd'hui profonde de 80 cm, mais à l'époque, le sol avait été creusé seulement de 60 cm.



  Aono Tomoya (38 ans), directeur de l'Établissement de recherche culturel municipal de Funkawan affirme que Kitakogane 2 est un site d'une importance culturelle équivalente à celle de l'amas coquillier de Kitakogane, et espère une inscription rapide sur la liste des sites historiques d'importance nationale.

  Il s'agit également de l'avis de Kobayashi Tatsuo (dont l'âge n'était pas précisé par l'article. Comme je conçois l'importance capitale de cette information*, j'ai fait une recherche : il a eu 73 ans il y a trois jours), ancien directeur du comité pour la conservation de l'amas coquillier de Kitakogane et professeur honoraire à l'Université Kokugauin, qui veut faire enregistrer tous les sites jōmons de Hokkaidō et du Tōhoku au patrimoine mondial de l'UNESCO (après tout, pourquoi se limiter à un niveau national ?).

  Il s'agit du premier corps découvert à l'extérieur de l'amas coquillier, et il pourrait correspondre à une modification des habitudes funéraires des populations dans le temps.






 


 

article du mainichi )


*La plupart des articles de journaux donnent, pour une raison inconnue, l'âge des archéologues.


berangere: (jomon doki)
  Le site de Nobiro (ville de Tsuwano, préfecture de Shimane) correspond à un ensemble de 18 bâtiments datés de la fin de la période Muromachi (au XVè siècle) (XVè siècle APRES), d'une taille conséquente, qui correspondent probablement à un habitat d'élite si on en croit le mobilier qui comporte des importations de porcelaine chinoise et... des vaisselles du Jōmon Ancien.
  Aucun article qui relate la découverte ne précise ce que cette vaisselle fait là... Ça n'intéresse donc personne ? Le fait de trouver du mobilier 5500 ans plus vieux sur un site ne semble pas incongru ? Les articles parlent juste de toponymie... Comment peut-on faire de la toponymie devant une découverte pareille ?

L'article du Yomiuri... )
 


berangere: (anthropo fun)
  Les fouilles du site de Odake sont enfin terminées.
Petit récapitulatif : Odake, amas coquillier du Jomon Ancien occupé entre 4000 et 3500 BCE, Kureha-machi Nord, ville de Toyama, préfecture de Toyama, habitat (d'où les coquilles, oui, forcément) accompagné d'un cimetière.

  Le décompte final pour les sépulture est de 71 corps ! Dont 2 immatures ! + 4 vaisselles qui ont probablement contenu des corps de périnatals.
L'espace funéraire est situé dans l'est de l'amas coquillier, les corps sont regroupés dans un cimetière d'environ 400 m².
44 des corps avaient les membres inférieurs fléchis (屈葬) et dans 10 des tombes le défunt tient dans ses bras une pierre, dont la taille varie de celle d'un poing à celle d'un crâne (抱石葬, car oui, les japonais ont un nom spécifique pour ce type de tombes).


Sépultures d'adultes dont un tient une pierre


Un immature


  Le cimetière contenait également 11 corps de chiens, ce qui fait de Odake le site du Japon où les associations entre des sépultures humaines et des sépultures canines sont les plus fréquentes.
Yamada Yasuhiro, professeur d'archéologie à l'Université de Shimane, y voit une preuve de la domestication du chien : s'il s'agissait de victimes de sacrifices rituels, il est probable que les chiens auraient été enterrés ailleurs ; il s'agit donc de chiens de chasse.
Sauf bien sûr si le sacrifice rituel avait un quelconque rapport avec le rite funéraire, dans ce cas là, pourquoi ne pas les enterrer dans le cimetière ? non ? Ah, l'éternelle question de la pensée qui sous-tend le geste...

  S'il s'agit de chiens de chasse, leur présence renseigne également sur l'importance (démographique) du village. En effet, avec l'adoption d'un système de chasse passive basé sur les fosses-pièges, l'utilité des chiens baisse. Si le pourcentage de personnes élevant un chien baisse, un grand nombre de chiens implique un très grand nombre de personnes.
Je n'y aurais pas pensé, mais c'est un raisonnement assez logique. Mais qui se base sur l'utilisation moderne que nous faisons des chiens dans la chasse. À l'état sauvage, le loup chasse en meute et poursuit sa proie, comportement qui serait tout à fait exploitable pour rabattre le gibier vers les pièges, comme il semble que ça ait été le cas dans la plupart des sites de chasse où les pièges sont disposés en un réseau serré, qui trompera l'animal qui fuit devant un prédateur, mais sera probablement évité par l'animal dans les autres cas : juste creuser le piège et attendre qu'un cerf maladroit tombe dedans, ce n'est plus de la chasse passive, c'est un optimisme démesuré.


  Dans un autre registre, mais tout aussi intéressant, le site a livré la première pirogue monoxyle jōmon de la préfecture de Toyama, d'une longueur de 2,6 m pour une largeur de 40 cm.


Cherchez la pirogue monoxyle dans ce tas de bois ? (je cherche une
meilleure photo) (ou au moins une avec une flèche indiquant où elle est...)

(si ça se trouve, elle n'est même pas dans ce tas de bois là)

  On a également trouvé des vaisselles en bois (qui portent des traces permettant de retracer les différentes étapes de production), qui laissent penser qu'il devait y avoir une spécialisation d'une partie de la population dans leur fabrication, et qu'elles étaient peut-être l'objet d'une exportation vers l'extérieur du village.
  La vaisselle en céramique, quant à elle, dénote d'une influence à la fois des vaisselles du Kansai et de celles du Kantō.

  Un cimetière important, des tombes de chiens, un amas coquillier énorme sur la côte de la Mer du Japon où ils sont généralement de taille modeste, une spécialisation d'une partie de la population, possibilité de commerce, influences de régions diverses et variées... je sens venir la publication qui présente le site comme exceptionnel et grandiose. Avec des mots comme 「centre économique」, 「plate-forme commerciale」 et 「carrefour culturel」. Vont-ils aller jusqu'à abandonner le projet immobilier pour faire un parc archéologique ?


 

La source (yomiuri) )

 

English translation )

Ichinosaka

Sep. 4th, 2010 01:53 pm
berangere: (toro)

  Dans le cadre du mouvement de résistance contre le monopole de Sannai-Maruyama dans les médias occidentaux (c’est pas non plus qu’on en parle tous les soirs au 20 heures, mais quand même), je présente aujourd'hui le site de Ichinosaka, qui comporte des habitations de grande ampleur plus longues que celles de Sannai-Maruyama !!

  Bon, d’accord, le site n’en compte que deux alors que Sannai-Maruyama doit bien en avoir une trouzaine.

  Mais 43,5 x 4 mètres ! Qui dit mieux ?

  Personne. En tous cas, personne dont j’aie entendu parler.

 

  Le site de Ichinosaka (Yamagata-ken, Yonezawa-shi, Yarai-chō) est situé dans le bassin de Yonezawa dans le sud de la préfecture de Yamagata. Il s’agit d’un village du Jōmon Ancien situé sur une terrasse de rivière, au sud-ouest du bassin, sur une pente qui s’incline de l’ouest vers l’est. La terrasse mesure 90 mètres d’est en ouest et 80 du nord au sud. Le site a été fouillé en 1989 par le Comité d’Éducation de la ville de Yonezawa, dans le cadre d’un plan de développement résidentiel, puis il a été l’objet de fouilles extensives de 1990 à 1994 au vu de l’importance des découvertes (le plan d’urbanisation a été abandonné).

 

  On y a trouvé une habitation de grande ampleur (traduction du terme officiel de 大型住居) de 43,5 x 4 mètres, pour une surface de 180 m², dont le grand axe est orienté est-ouest. Les trous de poteaux pour la charpente sont situés proches des parois. Elle comporte 6 foyers.

  La prospection laisse penser qu’il existe une autre habitation de grande ampleur, mesurant environ 50 mètres de long. Encore plus grande ! Aha !


Impressionnant hein ? 

 

  Le site comporte 24 habitations de taille « normale », dont 8 sont très proches les unes des autres et agencées en un arc de cercle. Elles sont contemporaines et se distribuent selon un axe nord-sud, avec des espaces entre les habitations de 30 à 50 centimètres seulement. Il est possible que certains bâtiments aient partagé des murs ou aient eu un toit commun. Le groupe de bâtiments s’étend sur environ 50 mètres. L’une de ces habitations est rectangulaire, avec un grand axe de 13 mètres de long. Les autres sont carrées ou légèrement rectangulaires, avec des côtés de 4 à 5 mètres de long.

  Après que ces habitations ont été abandonnées, d’autres habitations ont été construites, et on compte en tout 5 phases d’occupation du site.

  Le site comporte également 6 tombes avec des inhumations en pleine terre, situées à l’intérieur de l’aire délimitée pas les habitations, à l’est de la terrasse, vers le cours d’eau.

 

  Les huit habitations qui forment l’arc de cercle et les deux habitations de grande ampleur sont situées au nord du terrain et donnent au village la forme d’un fer à cheval assez caractéristique des habitats jōmons.

 

  Dans l’habitation de grande ampleur qui a été fouillée, on a retrouvé un important mobilier lithique comportant essentiellement des outils en cours de fabrication et des éclats. Le mobilier lithique est composé de pointes de flèches, de lames et de pointes de harpons en schiste, ainsi que de pierres à moudre.

  Le mobilier céramique est très fragmentaire, présentant seulement 1% de vaisselles entières.


 

  Les matières premières proviennent pour la plupart du bassin de Yonezawa, des sites de Ochidai, Joshima et Nakayama. On retrouve très peu de matières premières brutes ou même dégrossies sur le site : un premier travail devait être effectué sur le site d’extraction.

  Les outils fabriqués à Ichinosaka étaient distribués dans tout le sud du Tōhoku, le Kantō et le Chūbu.

  L’habitation de grande ampleur comportait également un très grand nombre de noix carbonisées.

 

  Il semble qu’il s’agissait d’un atelier de fabrication de mobilier lithique et d’un lieu de stockage pour les ressources.

 

  Le site est important d’abord à cause de sa datation haute au Jōmon Ancien. Mais il ne s’agit pas là des plus anciennes habitations de grande ampleur sur l’archipel, ce type de bâtiments apparaissant très tôt, dès le Jōmon Initial. Il s’agit cependant d’habitations de très grande taille dans la typologie des bâtiments de grande ampleur, les plus grandes trouvées à ce jour. Le mobilier qui y est associé permet de présumer de leur fonction, et l’importance du centre de production de mobilier lithique, ainsi que la distribution des produits finis, permet d’envisager les réseaux d’échanges de l’époque.

 

  Et malgré tout cela quand on tape « ichinosaka » dans un moteur de recherche, pas un seul des sites sur la première page ne fait référence au site archéologique. En tapant « ichinosaka site » un seul lien correspond au site jōmon. Si je tape « Sannai », sans même « Maruyama », le premier lien est le site officiel. Il y a encore du travail pour diversifier la documentation en langue occidentale…

berangere: (anthropo fun)
  Quand on sait que le sol volcanique acide du Japon dissout les os en quelques années, on comprend le titre enjoué de cet article.
  Encore faut-il aimer les os, bien entendu. Il se trouve que j'adore les os. humains. l'archéozoologie ne fait pas partie de mes passions secrètes.

  Brefle : "Sensationnel : Découverte de 60 corps datés du Jōmon Ancien !"

  En plus du Jōmon Ancien ! On n'en a presque pas ! ヾ(*~▽~)ノ

  Le site : amas coquillier de Odake, Kureha-machi Nord, Toyama-shi (Toyama-ken), daté du Jōmon Ancien, 4000 - 3500 BCE.

Odake kaizuka
(Pour vous y rendre)

  Il s'agit de fouilles de sauvetage dans le cadre de l'aménagement d'une zone résidentielle de 1000 m² environ, à proximité de la gare de Kureha, qui s'agrandit. Elles ont été menées par la Fondation pour la promotion des propriétés culturelles du mois d'avril à la fin du mois d'août, et sont prolongées pour la première quinzaine de septembre au vu de l'importance du site.

  L'amas coquillier (qui est, en gros, un tas de trucs en calcaire, qui contrebalancent l'acidité du sol encaissant) mesure 50 mètre d'est en ouest et 150 mètres du nord au sud, sur une hauteur de 8 mètres. Il a une forme en fer à cheval et est composé essentiellement de palourdes (Corbicula japonica), de gastéropodes (Viviparidae) et de coquillages de marais. Il comporte en fait 90% de coquillages d'eau douce, 5 sortes de reptiles et 18 sortes d'oiseaux et de mammifères, dont trois chiens entiers et des cerfs et des sangliers démembrés.

  Le mobilier comporte des vaisselles en céramique, des outils en pierre et (
\(^_^)/ ) des outils en matières dures animales !
Des hameçons, des aiguilles en os, des pointes de flèches en os, des épingles à cheveux (?), des bagues, des magatamas (perles en forme de griffe) en défenses de sanglier, des pendentifs en dents animales...


Du mobilier en os !

  Et, donc...  une soixantaine de squelettes
ヽ(*・ω・)人(・ω・*)ノ, pour la plupart complets o(^^o)(o^^)o !
La plupart des tombes sont des inhumations avec les membres inférieurs repliés, mais il existe également des inhumations avec les membres en extension, et dans certaines tombes, le défunt tient une pierre, de la taille d'un poing à celle d'un crâne.


Des os !

  Ce site est exceptionnel. Déjà, il n'y a pas des masses d'amas coquillers sur les rives de la mer du Japon : la plupart sont du côté Pacifique. Ensuite, la plupart des amas coquilliers avec des restes humains sont du
Jōmon Récent ou Final. On a bien l'amas coquillier de Ōta qui a *peut-être* une partie de son occupation qui remonte au Jōmon Ancien, mais il a été fouillé en 1926 et la concision des notes de fouilles rend le matériel peu exploitable d'un point de vue scientifique. On a également plusieurs sites sur Hokkaidō datés du Jōmon Ancien, mais l'état de conservation des os est tel qu'il est quasiment impossible d'en tirer quoi que ce soit de pertinent.
  Tant par le nombre de squelettes que par leur état de conservation ou la qualité des notes de fouilles, l'amas coquillier de Odake est un site de premier plan pour l'étude de la protohistoire japonaise. Il va rapidement devenir une référence pour qui veut se pencher sur les pratiques funéraires j
ōmons.

  En raison des traitements qu'il sera nécessaire de faire subir aux os pour éviter toute détérioration, les recherches sur le matériel osseux ne pourront pas débuter avant le printemps prochain. Entre les recherches sur la taille et la forme des os et des dents, les prises de mesures, les analyses ADN qui permettront de définir le sexe des individus et leurs liens de parenté
(qui déboucheront sur une étude spatiale de l'organisation de l'espace funéraire), les premiers résultats devraient être disponibles dans 3 ans, et exposé au Muséum  National de la Nature et de la Science à Tōkyō.

Les sources ! )





 

 

 


Profile

berangere: (Default)
bérangère

Custom Text

Syndicate

RSS Atom

February 2016

S M T W T F S
 123456
78910111213
1415 1617181920
21222324252627
2829     

Tags

Style Credit

Expand Cut Tags

No cut tags