berangere: (jomon doki)
  Au début du mois, le musée du site de Mawaki (真脇遺跡, préfecture d'Ishikawa, ville de Noto) inaugurait la reconstitution du cercle de troncs de châtaigniers dont je parlai déjà l'année dernière. Le cercle, trouvé en 1982 et classé depuis Site Historique d'Importance Nationale, est daté de 800 BCE (Jōmon Final).
  Les troncs mesurent 8 mètres de haut, entre 80 et 100 centimètres de diamètre, ils sont coupés en deux dans le sens de la longueur : l'équipe du musée, associée à des charpentiers de marine de la région, a testé diverses mises en œuvre avec les moyens de l'époque.
  Petite photo pour fêter ça.














Classe hein ? Je veux le même dans mon jardin. Quand j'aurai un jardin.
En fait, si ça se trouve, les troncs mesuraient 50 centimètres et servaient de sièges lors des réunions syndicales de l'époque...
Mais 8 mètres, ça en jette quand même un peu plus.
Reconstitution of Mawaki's Chestnut trees Pilars Circle, Final Jomon (800 BCE)



  Mais en fait, ceci n'est qu'une information annexe. Juste à côté de ce nouveau cercle de troncs de châtaigniers, une nouvelle zone de fouilles a été ouverte depuis l'année dernière, dans laquelle on a trouvé trente-deux (32) bases de poteaux en bois : vingt-et-un (21) en châtaignier et onze (11) en ate no ki (nom du Asunaro en dialecte régional : Thujopsis dolobrata, une espèce de cyprès).
  La plupart de ces poteaux correspondent à la structure de bâtiments (dont certains probablement contemporains du cercle de troncs de châtaigniers retrouvé en 1982) mais sept (7) d'entre eux ont une section semi circulaire et semblent former un cercle d'un peu moins de 5 mètres de diamètre, daté du tout début du Jōmon Final, vers 1.300 - 1.200 BCE. "Semblent" seulement car il manque trois (3) poteaux pour fermer le cercle : ils sont situés en dehors de la zone de fouilles, et l'équipe n'a pas l'air décidée à avancer des théories audacieuses sans avoir toutes les cartes en mains.

  Oui, des cercles de troncs d'arbres, on en connaît une vingtaine, ça n'est pas un de plus qui va révolutionner la vision que nous en avons. Et bien, si l'existence de ce cercle est confirmée par les fouilles de l'année prochaine, il sera en fait le premier cercle de troncs de ate no ki du Japon. Pour être exacte, il serait le premier cercle de troncs d'arbres qui ne soit pas en châtaignier. Comme je viens de le dire, une vingtaine de cercles de troncs d'arbres ont été retrouvés dans l'archipel, essentiellement dans la région du Hokuriku (la zone autour de Mawaki, justement) et, quels que soient leur emplacement, leur taille, leur datation, tous les cercles de troncs d'arbres du Japon sont en châtaigniers. Sauf un, donc.
Illustrations et sources )
berangere: (Default)
  Il y a quelques jours je tombai sur un entrefilet "trois habitations semi-enterrées fouillées à Imawaka", sur l'intérêt duquel je m'interrogeai. En fait, le journaliste avait tellement peu de choses à dire sur le sujet qu'il détaillait les découvertes plus ou moins récentes faites sur les sites majeurs alentours...
  Mais ce matin, un nouvel article plus consistant est venu m'éclairer sur ce qui avait valu au site de faire l'objet des attentions de la presse.

  Imawaka (今若遺跡, préfecture de Ehime, ville de Imabari, Asakura Kita) est une site fouillé depuis 2009 dans le cadre de travaux sur la voirie. Il correspond à un habitat ayant livré pour le moment 18 habitations : 6 du Yayoi Moyen, 4 du Yayoi Récent et 8 du Kofun Moyen, pour une occupation du début de notre ère à 400 CE environ.
  L'un de ces bâtiments, de la fin du Yayoi Moyen, a été incendié, et il est possible que cet incendie ait été volontaire, avec un caractère rituel. La raison de l'attribution d'un caractère rituel à cet incendie n'est pas détaillée, mais il est précisé que l'on a également retrouvé un noyau de pêche sur place, qui pourrait être une offrande (syndrome de Makimuku ?). Je ne me prononcerai pas sur la vocation rituelle de l'incendie sans plus d'éléments, mais je trouve tout de même qu'une seule pêche, c'est un peu léger, comme offrande, au cours d'une cérémonie pendant laquelle on en vient quand même à brûler un bâtiment complet...




  En ce qui concerne les conclusions plus pragmatiques de l'étude du bâtiment, la conservation par carbonisation de la charpente a permis de déterminer que l'entrée se situait vers l'ouest, à l'endroit où le fossé entourant l'habitation s'interrompait.
  Les autres bâtiments du site ont livré une quantité importante de vaisselle, mobilier domestique (jarres kame) ou de prestige (plats sur piédestal takatsuki).
  Il est également intéressant de mettre cet habitat en relation avec les nombreux sites du Yayoi dénombrés dans la plaine de Imabari.



Source )
berangere: (Default)
  On ne peut pas dire qu'il n'y ait pas d'actualités archéologiques, mais...
  Je ne sais pas, le fait d'avoir eu le droit de fouler pendant 3 heures le sol d'une supposée tombe impériale a peut-être relancé l'intérêt du public (des journalistes) pour la période kofun. Il n'y en a que pour elle :


(tous les articles précédés d'une étoile traitent de la période kofun)
(les deux articles sur le Yayoi parlent 1- de
l'expo sur les tokushu kidais de Kashihara ; 2- du classement du site de Kanzaki. La pointe de l'actualité, donc)


  Donc, en cette période creuse, voici la présentation du site de Egenoyama, que nous évoquions ici.



berangere: (rizière)
  À croire que Mainichi a des actions dans le site de Makimuku (peut-on coter un site en bourse ?).
  L'article d'aujourd'hui reprend presque mot pour mot ceux de la semaine dernière et relate de nouveau la découverte du trou plein d'offrandes à proximité d'un bâtiment, offrandes probablement venues de l'intégralité du (grand) royaume d'un souverain contemporain de Himiko (l'article précisant dès le départ que Makimuku est très probablement la capitale du Yamatai, cette phrase peut être lue "oui, on voudrait pas trop se mouiller, mais merci de comprendre que ce souverain est clairement Himiko elle-même")
  Mais il semblerait que les résultats annoncés la semaine dernière n'aient pas été complets car la liste des espèces retrouvées est un peu plus longue :


berangere: (tateana)
  Voilà que j'ouvre une section "petites annonces", maintenant...
  La ville de Fukushima recherche des volontaires pour accueillir le public sur son parc historique 「Jo-mopia Miyahata」.
Jo-mopia, contraction hasardeuse de Jōmon et utopia est un parc archéologique situé à l'emplacement du site de Miyahata (qui a été fouillé avant l'installation du parc, bien entendu).


(oui, ils n'ont pas fait les choses à moitié)

  La parc comporte donc, si on en croit le schéma,
[1] une forêt jōmon (縄文の森)
[2] un village jōmon (縄文のむら*)
[3] une pelouse (芝生広場)
[4] des fleurs le long des chemins du parc (園路沿いの花)
[5] un marais (湿地)
[6] une zone multi-activités (多目的広場) (en haut à droite là où il y a le gros point avec un trait qui part vers l'extérieur du dessin)
[7] une station d'accueil (ガイダンス)

  La ville recherche des hommes et des femmes âgés de plus de 18 ans avec un intérêt pour l'histoire. Les candidatures sont à adresser par courrier ou par fax à la section culturelle du Comité d'Éducation de la ville de Fukushima avant le 28 février. La formation commence en mars, et les activités en mai.
 

 

Mainichi )

 




*pour une raison inconnue, 「mura」 (village) est très souvent écrit en hiragana ou en katakana (むら ou ムラ) dans les parcs archéologiques alors que le kanji (村) fait partie de ceux qu'on apprend en première année d'école primaire...
** je rappelle que les os sont rarement conservés sur les sites japonais.

berangere: (Default)
  L'exposition qui a ouvert hier pour présenter les résultats des recherches sur le site de Makimuku a dû réussir l'exploit de ne pas mentionner une seule fois les mots "Yamatai" et "Himiko"*, parce qu'aucun des articles qui la relatent n'y fait allusion.
  On parle même d'un "roi" et non d'une reine, pour évoquer la taille du territoire contrôlé par cette personne, que l'on peut déduire des provenances géographiques diverses des offrandes retrouvées dans la fosse.
  Complément d'information sur les données d'hier : 80% des os d'animaux retrouvés étaient des os de poissons, et 70% de ces os de poissons étaient des os de poissons d'origine marine. Le site est à une petite quarantaine de kilomètre de la mer, ce qui représentait à l'époque une distance assez importante en ce qui concerne l'acquisition de nourriture.
  On apprend également que le mobilier en bois retrouvé était essentiellement fabriqué en cyprès hinoki, qui est un bois très dur, difficile à travailler et peu utilisé pendant la période Yayoi, pendant laquelle le fer, s'il est connu, reste peu répandu. L'utilisation de ce bois suppose l'utilisation d'outils en fer, qui sont une preuve de plus de l'importance du site.

Les sources )

* contrairement au documentaire de ce soir sur la NHK qui présentait clairement le site comme la capitale du Yamatai, même s'il se gardait de conclure sur l'emplacement de ce pays hypothétique.

berangere: (Default)
  Dire qu'on peut passer des jours sans une ligne sur l'archéologie*... Les journaux se rattrapent ce soir. Ou alors c'est le département des relations publiques du Comité d'Éducation de la préfecture de Nara qui rentre de vacances.



  Makimuku (préfecture de Nara, ville de Sakurai), un candidat sérieux pour le titre de capitale du Yamatai. On en avait déjà parlé au sujet de cette quantité astronomique de noyaux de pêche retrouvés dans un trou (et d'autres petites choses accessoires).
  La fosse mesure 4,3 mètre du nord au sud, 2,2 mètres de l'est à l'ouest, pour une profondeur de 80 centimètres. Elle a été retrouvée à 5 mètres au sud d'un bâtiment de grande ampleur daté de la première moitié du IIIè siècle (après) (Yayoi Récent) et l'hypothèse a été avancée qu'elle était liée à un rituel pratiqué lors de l'abandon du bâtiment, vers le milieu du IIIè sicèle.

  Quatre mois plus tard, les 400 sacs de sable sortis de ce trou ont été tamisés et les restes retrouvés analysés : plus de 1000 fragments osseux (dents comprises) et 9760 restes végétaux (pollens compris) (et du mobilier en céramique et en bois qui n'intéresse absolument pas les auteurs des nombreux articles sur la question).



  Miyaji Atsuko, professeur associé à l'Université Féminine de Nara (archéologie environnementale) s'est chargé de l'analyse des os et des dents ;
  Kanehara Masaaki, professeur à l'Université d'Éducation de Nara (archéobotanique) s'est vu confié les graines et le pollen.


  Et nous avons enfin une réponse à cette question qui est sur toutes les lèvres "Mais que mangeait donc la reine Himiko ?"

Les os de poissons comprenaient de la dorade japonaise (Pagrus major), de la dorade royale (Sparus sarba), des carangidées (Carangidae), du maquereau espagnol (Scomber japonica - remarquez la formidable concordance entre le nom vernaculaire et le nom latin...) et des cyprinidées (Cyprinidae).
Les seuls mammifères représentés sont le cerf japonais (Cervus nippon), le sanglier (Sus scrofa) et la souris (Muridae, qui n'est peut être pas arrivée là par la volonté de l'homme...) (non, mais quand même "ô puissant dieu, veille sur moi, reçois en échange ce majestueux cerf, ce puissant sanglier et... cette souris" ? voilà...).
Pour les oiseaux, on trouve uniquement des anatides (des canards), et le règne animal est encore représenté par 10 variétés de grenouilles (finalement, oubliez ce que j'ai dit sur les souris, on ne sait jamais...)

73 sortes de végétaux ont été retrouvés, dont la moitié environ correspond à des espèces comestibles.
En plus des 2765 noyaux de pêche, nous avons également du riz (Oryza sativa), du chanvre (Cannabis), du mûrier (Broussonetica kazinoki x papyfera), du melon (Cucumis melo) de la gourde (Lagenaria sicenaria) et du millet des oiseaux (Setaria italica).
On retrouve également des végétaux utilisés dans la fabrication de la liqueur de fruits : le sureau (Sambucus sieboldiana) et le kiwai (ou kiwi de Sibérie, Actinidia arguta).
L'analyse des pollens indique la présence d'une grande quantité de pêchers à proximité.

  Selon Wada Atsumu, professeur émérite à l'Université d'Éducation de Kyōto, "il est nécessaire d'envisager que le tout ait été des offrandes de nourriture et de boisson faites aux dieux, et il est intéressant de remarquer que les produits ont des origines (géographiques) très variées. Cela conforte l'hypothèse selon laquelle Makimuku n'est pas un simple village agricole, mais se rapproche plus d'un centre urbain". (insérez ici le mot 「Yamatai」 en rouge qui clignote dans l'esprit de toutes les personnes qui entendent ou lisent cette remarque)

  Hashimoto Teruhiko, responsable (du centre) des propriétés culturelles parle d'une "découverte excessivement rare. Il n'existe pas à notre connaissance d'autre trou de ce genre, réunissant un mobilier aussi varié". Il ajoute qu'il s'agit "probablement d'un rituel en relation avec une personne possédant un très grand pouvoir". (insérez ici le mot 「Himiko」 en rouge qui clignote dans l'esprit de toutes les personnes qui entendent ou lisent cette remarque).

Les nombreuses sources + une photo supplmentaire )


*C'est inexact. Il y a des articles sur l'archéologie tous les jours. Mais qui traitent de périodes qui ne rentrent pas dans le thème défini pour ce blog.

berangere: (Default)
  Le service de presse du site de Makimuku (ville de Sakurai, préfecture de Nara) tente de rivaliser avec celui de Gossakaito et nous gratifie de deux articles en deux jours ! En plus plein de sensationnalisme, en relation avec le mythique Yamatai, la non-moins mythique Himiko, le tout saupoudré de pratiques rituelles.
  Car oui, la préfecture de Nara est un (des nombreux) candidats sérieux pour être le mythique royaume du Yamatai.

  On vient de retrouver sur le site de Makimuku un... trou (il n'y a pas d'autre mot) de taille conséquente (4,3 m du nord au sud, 2,2 m d'est en ouest et 80 cm de profondeur : peut-on encore appeler ça un silo ? en plus, il semble que ça n'en sois pas un) du milieu du IIIè siècle CE, qui contenait 2000 noyaux de pêche disposés dans des paniers en bambous.



2000 noyaux de pêche ! Est-il nécessaire de préciser que c'est la première fois que l'on retrouve autant de noyaux de pêche dans un même ... trou ?
  Les conditions de conservation sont telles que la chair a été préservée dans un cas et que l'on a pu établir la présence d'individus immatures (mince, je parle comme une anthropologue... une pêche pas mûre, donc), on peut ainsi raisonnablement penser qu'il ne s'agissait pas de déchets de consommation et donc, l'explication préférée des archéologues lorsqu'ils ne comprennent pas l'utilité d'un acte, artefact, bâtiment... a pu être avancée : il s'agit d'un dépôt rituel !
  Dans l'Antiquité chinoise (et donc également japonaise), la pensée Shenxian professait que les pêches avaient un pouvoir particulier procurant longue vie et protection contre les forces du mal. Le doute n'est donc plus permis !

  Ajoutons à cela le fait que nous sommes à Nara, un des possibles candidats au titre de Yamatai, dont la reine Himiko était une sorcière, et nous pouvons logiquement conclure qu'il s'agit là des pêches de Himiko elle-même ! Les dates correspondent ! Bon, le raccourci journalistique est excusable, il faut bien vendre...

  D'un point de vue un peu plus scientifique, on peut noter que le trou recoupe les restes d'un très grand bâtiment, qualifié de palais, et qu'il aurait donc été creusé après son abandon.

  Le lendemain, dans le même journal, le Comité d'Éducation de la ville de Sakurai annonçait la découverte d'un fragment de cloche en bronze (instrument rituel s'il en est, j'avoue que même moi, sur ce coup, je ne trouve pas grand chose à redire à ça...), daté du IIè siècle CE et d'une habitation d'une puissante famille de la fin du Vè siècle ou du début du VIè siècle CE (ce type de résidences semble assez rare dans la région de Nara pour cette période).
  Le fragment de cloche mesure 3,7 cm de long pour 3,2 cm de large et 3 mm d'épaisseur, mais la cloche dont il provient devait mesurer environ 1 mètre de haut (incroyable tout ce qu'on peut faire dire à un bout de bronze de 10 cm²...).



  Cette découverte peut être rapprochée de celle d'un autre fragment de cloche en bronze, trouvé en 1972 sur le même site, à environ 100 mètres. Des analyses doivent être effectuées avant de pouvoir affirmer qu'il s'agit de la même cloche.
Ishino Hironobu, conservateur du musée archéologique préfectoral de Hyogo et responsable des fouilles en 1972, parle de rituels liés à l'établissement et à l'abandon du palais : la cloche aurait été volontairement brisée lors de la fondation d'un palais, et les pêches enfouies lors de son abandon. D'autres fragments de cloches brisées ont été découverts dans la même ville, sur les sites de Wakimoto et de Daifuku, datés du début du IIIè siècle CE, ce qui pourrait être un indice d'une pratique récurrente : les cloches sont brisées et la majorité du métal est réutilisé par la suite.
  Le site de Makimuku a déjà livré un certain nombre d'artefacts qualifiés de rituel : des instruments en bois en forme d'épées, de la vaisselle en céramique miniature et même un arc recouvert de laque noire. Les instruments en bois et la vaisselle sont retrouvés brisés, et on pense qu'il s'agit d'une destruction volontaire pendant un rituel ou après sa réalisation.

  L'autre découverte, donc, est celle d'un fossé, pavé de pierres d'une largeur de 4,5 mètres. La profondeur conservée est de 80 cm. Il est interrompu sur 8 mètres pour donner accès à l'espace qu'il enclot et a été fouillé sur 16 mètres au nord de cette interruption et 6 mètres au sud. L'habitation se situe à l'est.





  On connaît, à proximité immédiate, un kofun (tombe en tumulus *très* spectaculaire) contemporain qui pourrait être la tombe du propriétaire de cette résidence (ce que l'on ne pourra bien évidemment jamais prouver, sauf si les experts las vegas viennent récupérer des cellules épithéliales fossiles sur la céramique à l'intérieur de l'habitation et comparent l'ADN à celui des os que l'on n'a certainement pas retrouvés dans le kofun compte tenu de l'acidité du sol japonais...) (mais ne sous-estimons pas les experts las vegas : ils ont déjà fait beaucoup plus fort, et avec beaucoup moins de matériel).

  Au moins, vu que l'habitation date du Vè siècle, on ne va pas parler de Himiko pour cette découverte ci. Enfin, il y a toujours la possibilité de parler de ses descendants... par son frère. Elle, elle n'en a pas eu.
  Voilà bien le travers de l'archéologie des périodes historiques : on court après les textes. On aurait pu penser qu'on serait relativement tranquilles au Japon, vu que l'écriture n'a pas été introduite avant l'adoption du bouddhisme au VIè siècle, mais c'était sans compter sur les voisins chinois, très forts en écriture, vu qu'ils l'ont inventée (avec l'état, le moyen-âge, l'administration...) à une époque où certains d'entre nous n'avaient même pas encore entendu parler du concept d'agriculture. Voisins chinois, donc, qui ont fourbement laissé trainer une référence à un "pays des wa" dans une chronique du IIIè siècle.

「Going south by water for twenty days, one comes to the country of Toma, where the official is called mimi and his lieutenant, miminari. Here there are about fifty thousand households. Then going toward the south, one arrives at the country of Yamadai, where a Queen holds her court. [This journey] takes ten days by water and one month by land. Among the officials there are the ikima and, next in rank, the mimasho; then the mimagushi, then the nakato. There are probably more than seventy thousands households. (115, tr. Tsunoda 1951:9)」

  Donc, le Yamatai, là, c'est au Japon.
邪馬台 veut dire 「le pays des chevaux maléfiques」, c'est vrai que les chevaux maléfiques sont une spécialité bien connue du Japon. (on peut toujours avancer que les chinois ont pris des caractères au hasard pour retranscrire les sons d'un nom étranger... )

C'est la même chronique du Wei Zhi qui parle aussi de la reine Himiko.

「The country formerly had a man as ruler. For some seventy or eighty years after that there were disturbances and warfare. Thereupon the people agreed upon a woman for their ruler. Her name was Himiko [卑彌呼]. She occupied herself with magic and sorcery, bewitching the people. Though mature in age, she remained unmarried. She had a younger brother who assisted her in ruling the country. After she became the ruler, there were few who saw her. She had one thousand women as attendants, but only one man. He served her food and drink and acted as a medium of communication. She resided in a palace surrounded by towers and stockades, with armed guards in a state of constant vigilance. (tr. Tsunoda 1951:13)」

卑彌呼 peut être traduit par "cri complètement vulgaire". Alors là aussi on peut dire "oui, le chroniqueur pas très sympa a choisi des caractères pour retranscrire un nom étranger". Après tout, ce ne serait pas la première fois que quelque chose de non-chinois serait dévalué dans une chronique chinoise. Elle étaient écrites dans ce but. Le même chroniqueur (ou un autre) un peu plus loin appelle un roi coréen Himikuku 卑彌弓呼. La même chose, sauf qu'on rajoute un arc 弓 au milieu... Troublant quand même non ?

  Et nous voilà avec un pays localisé très vaguement et une reine-sorcière sur les bras...
  En fait, le Yamatai et Himiko, ce sont un peu les Camelot et Arthur japonais. De très fortes présomptions d'une existence réelle, 98% de légendaire rajouté par dessus et aucune localisation possible.
  La polémique est pas près de s'arrêter, dommage que les gens du IIIè siècle aient pas pensé à faire des panneaux en pierre gravée avec écrit "Bienvenue au Yamatai" et "le Yamatai vous remercie de votre visite"...
Les sources... )


berangere: (dogu)
Le centre des artefacts archéologiques de la préfecture d'Iwate a publié le 13 février un rapport concernant plusieurs campagnes de fouilles, dont celles qui ont été menées sur le site de Kawame A (ville de Morioka).

Le site a livré plus de 700 dogus (entières ou partielles, dont la plus grande mesure 20 centimètres de haut), entraînant immédiatement l'évocation de sites comme Sannai Maruyama ou Shakado.
Rappelons que le "score" s'élève à plus de 1500 dogus (entières ou fragmentaires) pour Sannai Maruyama et plus de 1000 dogus (toutes brisées) pour Shakado. Mais il est habituel (rituel ?) de citer Sannai maruyama dès que l'on veut insister sur le côté exceptionnel d'un site. Cependant, que mon antipathie pour le tapage médiatique dont bénéficie Sannai Maruyama ne nous fasse pas douter du caractère remarquable de Kawame A.


Une infime partie des dogus de Kawame A

Cinq campagnes de fouilles, de 2006 à 2009, ont permis la découverte de ce corpus impressionnant de figurines en argile. Le site est daté du Jomon Récent et du Jomon Final, son occupation s'étendant de 2000 à 500 BCE environ. Il a également livré plus de 60.000 outils en pierre et plus de 10 tonnes de céramique.
Il s'agit d'un site probablement à vocation uniquement rituelle, où l'on a trouvé de nombreux cercles de pierres et des outils lithiques dont la fonction nous est inconnue.
Deux habitations ont été retrouvées à proximité, mais l'ampleur du site laisse penser qu'il n'était pas réservé à l'usage exclusif de la population d'un habitat si réduit.

Parmi les nombreuses dogus retrouvées à Kawame A, la sensation a été créée par une figurine clairement masculine. Elle est incomplète, mais le fragment retrouvé, de 7 centimètres, s'étend de la taille aux genoux, ne laissant planer aucun doute quand au sexe de la figurine.
La plupart des (environ) 10.000 dogus retrouvées sur l'archipel japonais présentent des caractères féminins plus ou moins marqués (poitrine, ventre laissant supposer une grossesse...). Cependant, cette découverte de dogu masculine n'est pas unique. Si elles sont minoritaires, on en connaît tout de même plusieurs, dont une par exemple provenant du site de Ishihatooka (ville de Hanamaki, Iwate-ken), ou bien une autre provenant du site de Usakumai (ville de Chitose, Hokkaido).


La dogu masculine de Kawame A


Les sites cités dans l'article :



Une des sources : http://www.yomiuri.co.jp/e-japan/iwate/news/20100214-OYT8T00166.htm
(toutes les sources reprennent presque mot pour mot les mêmes informations)
berangere: (Default)
Le musée du site de Mawaki (ville de Noto, préfecture de Ishikawa) a annoncé le 17 février le projet de reconstitution du cercle de troncs de châtaigniers daté du Jomon Final dont les vestiges ont été trouvés sur le site.
Il s'agit d'un cercle de 10 troncs de châtaigniers, mesurant 7 mètres de diamètre.

Dans le cadre de la mise en valeur du site, le musée avait déjà procédé à la reconstitution de quatre tombes en fosse avec sol en bois : il s'agit de tombes datées de la phase d'occupation Jomon Moyen du site. Une planche de bois était déposée au fond des fosses funéraires.
Ces reconstitutions seront accessibles au public à partir du mois de mars. Les responsables du chantier pour la reconstitution du cercle de châtaigniers ont prévu de le terminer en 2011.
Les châtaigniers ont déjà été abattus et des expériences ont été menées quant à la manière de les mettre en œuvre.

Actuellement, le musée expose les vestiges des troncs retrouvés en fouilles, ainsi que des répliques en trois dimensions de ces mêmes troncs.
Jusqu'au 22 mars, il est également possible d'y voir des reconstitutions de foyers ouverts du Jomon Moyen, accompagnés des pots en terre qu'ils ont permis de cuire.
Le musée propose des conférences tous les jours à 13h00, l'entrée est gratuite, sur réservation.


Il est possible de suivre l'évolution du chantier à cette adresse : http://mawakiisekijoumonkan.soycms.net/blog/

Profile

berangere: (Default)
bérangère

Custom Text

Syndicate

RSS Atom

February 2016

S M T W T F S
 123456
78910111213
1415 1617181920
21222324252627
2829     

Tags

Style Credit

Expand Cut Tags

No cut tags