berangere: (jomon doki)
  La plupart des gens voient le Jōmon comme une espèce de civilisation new-age égalitaire où les hommes vivaient en harmonie avec la Nature. La plupart des gens qui ont un jour entendu parler du Jōmon, je veux dire.
  C'est à mettre en parallèle avec la civilisation suivante, agricole, hiérarchisée, qui invente les journées de travail de 16 heures, la guerre, la peur, les taxes, la royauté... On sent quand même un très léger parti pris dans ces concepts et la traditionnelle existence de la nostalgie d'un Âge d'Or...

Et bien... non.

Non, les Jōmons n'étaient pas des hédonistes qui gambadaient joyeusement dans les forêts en parlant aux cerfs et aux sangliers.
Non, les Jōmons ne se contentaient pas de prélever dans la Nature ce dont ils avaient besoin pour vivre.
Et non, la société jōmon n'était pas égalitaire.

blabla d'anthropologue sur la hirarchisation de la socit )

La société Jōmon est hiérarchisée. J'ai une preuve !
En fait, un faisceau de preuves, mais la dernière en date nous est fournie par les cercles de pierres du site de Imodasawada 4 (ville de Morioka, Tamayama-ku, préfecture de Iwate), datés de 2000 à 1500 BCE.



Le grand cercle mesure 8 mètres de diamètre, le petit 3. Bien moins impressionnants que les cercles de Ōyu, mais ce n'est pas la taille qui compte.
Le site comporte également le village contemporain du cercle de pierre, dont la fondation remonte à l'extrême fin du Jōmon Moyen.

Bon, les cercles de pierres (ou de terre) (ou de troncs de châtaigniers) ont très très souvent une vocation funéraire, on s'attendait donc à trouver des tombes, ce n'est pas révolutionnaire.
Mais le fait qu'une tombe en particulier semble être la raison de la construction du cercle est intéressant : d'habitude, les tombes sont disposées en cercle, et aucune ne semble plus importante qu'une autre.
On a retrouvé une fosse de 130 par 90 cm au centre du petit cercle de pierres, avec du mobilier funéraire, dont 5 armatures de flèche en pierre. Il y avait également trois autres tombes autour, celles-ci sans mobilier. Les tombes sont datées de la fin du Jōmon Moyen ou du début du Jōmon Récent.

Kumagai Tsunemasa, de la section 「archéologie de la préhistoire japonaise」 du département de littérature de l'Université de Morioka (les facs d'archéo sont toujours dans les départements de littérature au Japon, c'est assez déroutant au départ) pense que le mobilier funéraire induit qu'il s'agit de la tombe d'un membre important du village (et que les tombes autour sont probablement celles de membres de sa famille). Les cercles de pierres de Imodasawada pourraient être les précurseurs des nombreux cercles doubles qu'on retrouve dans le nord du Japon, des études pour déterminer la date de fondation du cercle sont en cours.

On a également trouvé à proximité des cercles de pierres (en haut à gauche sur la photo) 6 trous de poteaux alignés en deux rangées parallèles, qui correspondent à un bâtiment, peut-être en rapport avec les rites funéraires. Il y a des traces de foyers à l'intérieur (ainsi qu'à l'intérieur des cercles de pierres). Ce bâtiment est daté du début du Jōmon Récent.




 

L'article du Yomiuri )

 


berangere: (dogu)
Le centre des artefacts archéologiques de la préfecture d'Iwate a publié le 13 février un rapport concernant plusieurs campagnes de fouilles, dont celles qui ont été menées sur le site de Kawame A (ville de Morioka).

Le site a livré plus de 700 dogus (entières ou partielles, dont la plus grande mesure 20 centimètres de haut), entraînant immédiatement l'évocation de sites comme Sannai Maruyama ou Shakado.
Rappelons que le "score" s'élève à plus de 1500 dogus (entières ou fragmentaires) pour Sannai Maruyama et plus de 1000 dogus (toutes brisées) pour Shakado. Mais il est habituel (rituel ?) de citer Sannai maruyama dès que l'on veut insister sur le côté exceptionnel d'un site. Cependant, que mon antipathie pour le tapage médiatique dont bénéficie Sannai Maruyama ne nous fasse pas douter du caractère remarquable de Kawame A.


Une infime partie des dogus de Kawame A

Cinq campagnes de fouilles, de 2006 à 2009, ont permis la découverte de ce corpus impressionnant de figurines en argile. Le site est daté du Jomon Récent et du Jomon Final, son occupation s'étendant de 2000 à 500 BCE environ. Il a également livré plus de 60.000 outils en pierre et plus de 10 tonnes de céramique.
Il s'agit d'un site probablement à vocation uniquement rituelle, où l'on a trouvé de nombreux cercles de pierres et des outils lithiques dont la fonction nous est inconnue.
Deux habitations ont été retrouvées à proximité, mais l'ampleur du site laisse penser qu'il n'était pas réservé à l'usage exclusif de la population d'un habitat si réduit.

Parmi les nombreuses dogus retrouvées à Kawame A, la sensation a été créée par une figurine clairement masculine. Elle est incomplète, mais le fragment retrouvé, de 7 centimètres, s'étend de la taille aux genoux, ne laissant planer aucun doute quand au sexe de la figurine.
La plupart des (environ) 10.000 dogus retrouvées sur l'archipel japonais présentent des caractères féminins plus ou moins marqués (poitrine, ventre laissant supposer une grossesse...). Cependant, cette découverte de dogu masculine n'est pas unique. Si elles sont minoritaires, on en connaît tout de même plusieurs, dont une par exemple provenant du site de Ishihatooka (ville de Hanamaki, Iwate-ken), ou bien une autre provenant du site de Usakumai (ville de Chitose, Hokkaido).


La dogu masculine de Kawame A


Les sites cités dans l'article :



Une des sources : http://www.yomiuri.co.jp/e-japan/iwate/news/20100214-OYT8T00166.htm
(toutes les sources reprennent presque mot pour mot les mêmes informations)

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