berangere: (toro)
  Tentons de rattraper le retard accumulé cette semaine...
  J'avais déjà traité du site de Kamabuta ((釜蓋遺跡, ville de Jōetsu, préfecture de Niigata) en août, à l'occasion d'un article consacré à la découverte d'un très grand bâtiment semi-enterré qui était vraisemblablement un grenier à riz. Le site est daté de la fin du Yayoi Récent et du Kofun Ancien, soit une occupation vers 200 CE.
  La poursuite des fouilles a permis de dégager la base des quatre piliers conservés dans les trous de poteaux du bâtiment (le bâtiment a brûlé, le bois a été conservé car carbonisé). Les piliers mesurent 25 cm de diamètre, et ils portent des marques qui permettent de conclure qu'ils ont été taillés par des haches en fer.

  Les trous de poteaux mesurent 80 cm de diamètre et ils sont équipés au fond d'un système de soutènement qui rappelle celui déjà observé à Zanmochi.
Des poutres ont été disposées horizontalement en forme de キ ou de 井 pour soutenir le poteau, l'empêcher de glisser ou de s'enfoncer dans le sol meuble (Kamabuta, comme Zanmochi, est situé dans une zone marécageuse).








Vue de la structure de soutènement au fond d'un trou de poteau
Wooden structure at the bottom of a posthole, rice granary, Kamabuta site.



Une source )


berangere: (wadai)
  Si les japonais ont adopté de longue date le calendrier grégorien (oui enfin, ils ont quand même des noms d'ères qui correspondent à leurs empereurs et attribuent à chaque année le signe zodiacal chinois qui lui correspond dans le calendrier lunaire chinois), le mois d'avril reste le "début de l'année" dans bien des domaines. il s'agit du début de l'année administrative pour le gouvernement, du début de l'année fiscale pour les entreprises, du mois de la rentrée scolaire, du mois des mutations, du mois où commencent à travailler ceux qui rentrent dans la vie active...
  Nous sommes donc quelque part en fin d'année actuellement. Ce qui explique la multiplication des expositions pour présenter les résultats des fouilles entreprises au cours de l'année dernière. Ça veut peut-être aussi simplement dire "hey, regardez, on a fait des trucs bien : accordez-nous des financements l'année prochaine aussi !"

  Les Centres pour les Propriétés Culturelles Enterrées des préfectures de Shimane et Tottori présentent les résultats des fouilles effectuées sur dix sites (cinq par préfecture) au Musée de la Forêt Yayoi de Izumo du 7 au 13 février. L'exposition concerne environ 300 pièces de mobilier.

  La préfecture de Shimane présente notamment les résultats des fouilles de Zanmochi (dont nous avons parlé cet été, nous sommes à la pointe de l'actualité en permanence), dont la couche d'occupation datée du Ier siècle avant au Ier siècle après a livré une vaisselle (jarre de type tsubo) fabriqué dans le nord de la péninsule coréenne, dans la commanderie chinoise de Lelang (d'accord, l'article de cet été ne portait pas du tout sur cette découverte là). La (relativement) célèbre vaisselle en bois en forme de chope retrouvée sur le site est également exposée.
illustration )

  Pour ce qui est de la préfecture de Tottori, des hameçons en os et divers objets en matières dures animales du site de Aoya Kamijichi (un habitué de ce blog) sont présentés dans les vitrines.

  On peut également admirer (entre autres) le plus ancien plateau de shogi du Japon (mais comme il n'a que 500 ans, il ne rentre pas dans le thème du blog) et la céramique retrouvée dans le plus ancien zenpōkōenfun (tumulus littérallement "avec l'avant carré et le derrière rond") de la région du San'in, qui se situe dans le groupement de kofuns (tumuli) de Motodaka (ville de Tottori), et qui n'est pas assez vieux non plus.

Sankei shinbun )

berangere: (yoshinogari)
  Le site de Zanmochi (Nishihayashigi-chō, Izumo-shi, Shimane-ken) est situé sur le tracé de la route nationale 431, et est l'objet de fouilles préventives lors des travaux de réfection de cette route, depuis 2002.
Le terrain est gorgé d'eau, au bord de la rivière Ibi, l'enfer à fouiller mais le rêve pour la préservation des matériaux périssables, les fouilles ont donc livré... des matériaux périssables ヽ(*・ω・)人(・ω・*)ノ

  La découverte concerne une partie du site datée de la toute fin du Yayoi, au IIIè siècle CE. La dernière campagne de fouilles a concerné deux bâtiments dont un avec la base de six poteaux encore en place. Sous les poteaux on a retrouvé un système de soutènement pour empêcher le bâtiment de s'enfoncer dans le sol instable du site : il s'agit de la première fois que l'on retrouve un tel système dans la préfecture de Shimane, mais on connaît des structures similaires (pour la même époque) dans la préfecture de Saga, sur le site de Kawayori Yoshiwara.

zanmochi3

  Le bâtiment mesure 5,2 x 2,5 mètres et comporte une rangée de trois poteaux sur chaque côté. Il s'agit d'un bâtiment de type nunobori (布掘建物) : un fossé est d'abord creusé et les piliers sont placés dans ce fossé pour construire la structure du bâtiment. Les poteaux mesurent 30 centimètres de diamètre et sont conservés sur une longueur de 1 mètre. En dessous sont disposées des cales en bois à l'horizontale : quatre d'entre elles forment un H et deux autres sont placées en travers.

zanmochi1

zanmochi2

  La taille des poteaux et le fait qu'ils soient renforcés par la structure de calage ont mené les responsables du site à penser que le bâtiment était peut-être destiné à accueillir de lourdes charges : il servait peut-être de grenier.
Dans les bâtiments avec plancher surélevé classiques, tous les poteaux sont légèrement inclinés vers l'intérieur. Dans ce bâtiment, seuls deux des poteaux le sont.
  Les archéologues pensent que la structure conservée correspond aux fondations du bâtiment : elle soutenait un plancher surélevé au-dessus duquel d'autres poteaux, plus légers, portaient les murs et le toit. Ce type d'architecture est classique pour la période des kofuns, mais reste rare au Yayoi.

  L'autre bâtiment semble être du même type, mais seul le fossé de fondation est conservé, sur une longueur de 7,7 mètres.

  Compte tenue de la nature du terrain, il était nécessaire de prendre des mesures contre l'enlisement des bâtiments.
Higashiyama Shinji (37 ans) (j'aime la manière dont les articles de journaux japonais indiquent toujours l'âge des gens, ils devraient ajouter "marié, 2 enfants, 4è année de primaire, 2è année de collège"...), responsable des fouilles pour le centre pour l'examen des propriétés culturelles enterrées de la préfecture (de Shimane) s'étonne de la complexité du système de calage employé, et s'émerveille des capacités architecturales des hommes de l'époque, qui ont apporté beaucoup de soin à la construction de ce bâtiment, en s'adaptant aux conditions naturelles.

  Le ton légèrement condescendant avec lequel la plupart d'entre nous considère le travail des Hommes du Néolithique (ou du Paléolithique, ou du Moyen-Âge...) me fait toujours un peu grincer des dents. On a toujours un peu l'impression que les hommes adultes du passé devaient avoir la capacité intellectuelle d'un enfant de 5 ans, chaque réalisation un tant soit peu ingénieuse déclenchant des cris de surprise de la part des adultes pourvus de lois physiques ayant permis de maîtriser la fission nucléaire que nous sommes...

Shimanada Toshio, chef de labo du Laboratoire de recherche sur l'architecture de l'établissement de recherche sur les propriétés culturelles de Nara (Section Histoire de l'Architecture du Japon), se demande quant à lui *pourquoi* ces hommes ont délibérément décidé de construire à cet endroit précis un bâtiment aussi grand, en étant complètement au fait de la qualité du sol. Même en étant conscient que nous ne pourrons jamais répondre qu'au "comment ?", nous continuerons toujours à nous demander "pourquoi ?". Le drame de la vie de tous les scientifiques.

Les sources... )


Profile

berangere: (Default)
bérangère

Custom Text

Syndicate

RSS Atom

February 2016

S M T W T F S
 123456
78910111213
1415 1617181920
21222324252627
2829     

Tags

Style Credit

Expand Cut Tags

No cut tags