berangere: (Default)


carte gnrale  Ce prétendu site d'actualités est en passe de devenir semestriel… Pour pallier ce dysfonctionnement flagrant, et dans le cadre de notre nouvelle série "L'archéologie d'Okinawa existe, parlez-en à vos amis (ce n'est pas sale)", j'aimerais attirer votre attention sur l'amas coquillier de Nagarabaru daisan.

   Nagarabaru daisan (ナガラ原第三, littéralement "Nagarabaru III") est un amas coquillier situé sur la côte sud de l'île d'Ie (Kawahira, Village de Ie, Préfecture d'Okinawa), environ à deux kilomètres du port d'Ie, dans une zone qui va prochainement être réaménagée pour contrer la pollution maritime due à l'érosion des terres agricoles.

Une récente campagne de fouilles par le Comité d'Éducation d'Ie, débutée en juillet et qui a duré jusqu'à la fin du mois dernier, a permis de dégager quatorze (14) foyers du Jōmon Récent qui ont été utilisés successivement sur une période d'environ mille (1000) ans (2000 – 1000 BCE), associés à une structure en creux avec pavement de pierres qui est interprétée comme une habitation semi-enterrée.

La zone de fouilles mesure 13 par 36 mètres et les vestiges jōmons ont été mis au jour à une profondeur variant entre 2 et 3 mètres en dessous du sol actuel.

Les foyers, situés autour de l'habitation et dans la zone orientale, présentent des aménagements de pierres pour maintenir les pots à cuire. Le village d'Ie compte d'autres sites qui ont livré des habitations semi-enterrées, mais il s'agit de la première fois que l'on trouve un site présentant autant de vestiges d'une activité domestique dans la préfecture pour cette période. Nagarabaru daisan était probablement un habitat permanent, ce qui  argue en faveur de la sédentarité des populations (la question de la sédentarité des populations jōmons sur Okinawa n'est pas encore parfaitement tranchée).

photo gnrale du site  Les vestiges jōmons ont été trouvés en association avec de la céramique Ogidō, ce qui a permis de les attribuer au Jōmon Récent. Le mobilier jōmon comporte également des éléments de parure en coquillage, du mobilier en matières dures animales (os de mammifères marins) et des épines d'oursin gravées, dont la fonction reste pour le moins obscure. Comparé aux autres sites de la même période, le mobilier lithique est limité, ce qui contraste avec l'abondant mobilier en coquillage. Il peut s'agir d'une adaptation de la culture matérielle au fait que l'habitat était situé en bord de mer, ou bien à l'absence de matières premières dans un environnement insulaire.

  

Le site comprend également un petit amas coquillier du Yayoi Récent et les restes de trois (3) individus (deux adultes et un immature) datés du Paléolithique (antérieur à 8000 – 7000 BCE, aucun mobilier n'a été trouvé en association pour confirmer cette datation).

L'amas coquillier yayoi a livré de la céramique yayoi et des concentrations d'imogai (Conidae) caractéristiques de cette période où ces coquillages étaient l'objet d'un commerce intense avec les lointaines îles de l'archipel japonais.

Le mobilier jomon






























 Mobilier jōmon. Les tessons sont de type Ogidō, la pièce de mobilier en bas à droite est en
os de mammifère marin et est décrit comme un kanzashi (pic à cheveux).
Jōmon artefacts. The sherds are from Ogidō pottery, the artefact in the down right corner is made
in sea mammal bones and is described as a kanzashi (hair ornament).
 

 

 

 

berangere: (anthropo fun)
Carte et photos seront uploadées plus tard.

   Il est grand temps de commencer à parler un peu d'Okinawa. Malgré une activité archéologique assez importante, surtout compte tenu de la taille de l'île, la presse n'est pas terriblement prodigue en actualités. Mais ça ne peut pas faire de mal de parler de découvertes qui datent un peu, après tout, ceci est un site sur l'archéologie, nous sommes quelque part spécialisés dans les choses qui datent un peu. J'ai choisi un site avec des os jōmons*, parce que, c'est évident, tout le monde a envie de lire un article sur des os jōmons.

   Le site de Bugeidō (武芸洞遺跡, Teruda utaki baru, Maekawa-aza, Tamagusuku-ōaza**, ville de Nanjō et donc, préfecture d'Okinawa) est situé dans une grotte mesurant 25 m (Est-Ouest) par 30 m (Nord-Sud) et 4 m de haut au maximum. La grotte a deux accès, un à l'est et un à l'ouest et est située à proximité de plusieurs autres sites dont le plus célèbre est la fissure de Minatogawa dans laquelle on a retrouvé les restes d'hommes fossiles logiquement nommés "Hommes de Minatogawa" (ce sujet ne sera probablement jamais traîté sur ce site, compte tenu de l'âge des vestiges).
   Le site de Bugeidō a été l'objet de plusieurs campagnes de fouilles (toujours sur des secteurs très limités de quelques mètres carrés) entre 2007 et 2009.
   Il est (relativement) célèbre car il a été le premier site du Sud d'Okinawa dans lequel on a trouvé une unité stratigraphique contenant des tessons de vaisselle tsumegatamon, datée du Jōmon Ancien vers 4.000 BCE. Il comporte également les vestiges d'un foyer associé à de la vaisselle omonawazentei du Jōmon Moyen (2500-2000 BCE) et une sépulture avec coffrage en pierre associée à des tessons de vaisselle uzahama et nakabaru du Jōmon Final (500 BCE).

   Une centaine de tessons tsumegatamon ont été trouvés en relation avec plus de trois cents (300) fragments d'os d'animaux brûlés et divers éléments de mobilier lithique dont une hache avec le tranchant poli.

   Dans une autre zone de la grotte, les fouilles ont révélé la présence d'une sépulture avec coffrage en pierre. La sépulture tire partie du relief naturel de la grotte, qu'elle complète avec des blocs de calcaires afin de créer un coffrage complet de 240 x 115 cm. Elle était fermée grossièrement par des pierres de couverture plates et recouverte de terre.
   Le corps était déposé dans le coffrage en décubitus ventral***, la tête vers le Nord-Est, légèrement tournée vers la droite. Le squelette est parfaitement conservé malgré une notable dispersion des os des mains et des pieds. Il s'agit d'un homme d'une quarantaine d'années.
  Le mobilier funéraire (car il y en a) comporte un tridacnide (Tridacnidae) posé sur le corps à hauteur de la poitrine, un cellana mazatlandica percé d'un trou juste en dessous des cervicales et un autre près du pied gauche. Enfin, douze (12) perles qui constituaient probablement un bracelet ont été retrouvées autour de l'ulna et du radius gauche. Il s'agissait alors de la première découverte d'un bracelet de perles en place.
   Il semblerait que la sépulture ait été fermée une première fois, puis rouverte pour déposer des éléments du mobilier funéraire, ce qui expliquerait la dislocation des os des pieds et des mains, aux articulations particulièrement labiles
  À noter qu'en plus du squelette complet, la sépulture contenait aussi les restes épars et fragmentaires de deux autres. Il semble donc que le même coffrage ait été utilisé successivement pour plusieurs inhumations.

   Il existe d'autres exemples de sépultures dans des coffrages de pierres sur Okinawa : sur le site de Momenbaru (Toguchi, village de Yomitan), dans l'amas coquiller de Nakakawabaru (Tokeshi, village de Yomitan), sur le site de Ōkubobaru (Tokeshi, village de Yomitan), sur le site de Azamabaru (Mashiki, ville de Ginowan) ou sur le site de Kanikubaru (Ujidomari, ville de Ginowan). Il s'agit essentiellement de sites de bord de mer. La sépulture avec coffrage de pierres découverte à Bugeidō est la première à l'être en contexte troglodyte.

Source: 山崎真治 藤田祐樹 西秋良宏 2009 平成19・20年度南城武芸洞遺跡発掘調査の概要, 沖縄県立博物館美術館紀要 2: 5-18.

* la terminologie de la chronologie pour les périodes préhistoriques dans l'archipel des Ryūkyū sera probablement abordée plus tard sur ce site. Vraisemblablement à plusieurs reprises. Très certainement dans des articles rangés sous le tag "je râle".
** je me rends compte qu'il va également falloir un article sur les terminologies géographiques propres à Okinawa, qui n'aura peut-être pas droit au tag "je râle". Peut-être.
*** oui, ceci est un oxymore.



English translation )
berangere: (yajiri)
Photos et cartes seront uploadées plus tard.

   Le site de Hiraoka (平岡遺跡, Ikeda, ville de Toyama, préfecture de Toyama) est formidable. Et je ne prétends pas ça uniquement parce que j'ai participé aux fouilles.
   Hiraoka est un site du Jōmon Ancien (4000 – 3500 BCE) situé sur la partie sud de la colline de Kureha, colline qui a déjà fait l'objet de fouilles archéologiques puisque le désormais très célèbre amas coquillier de Odake (en bref : Jōmon Ancien, 71 corps, site de l'année 2010) est situé dans sa partie nord. Le site de Hiraoka a été fouillé de juin à novembre 2012 avant des travaux pour la construction d'une route départementale. Le chantier s'étendait sur 125 m du nord au sud et 18 m d'est en ouest, soit 2250 m².
   La campagne de fouilles a permis de dégager quatorze (14) habitations semi-enterrées, environ soixante-dix structures identifiées comme des tombes et une foultitude de fosses, silos et trous de poteaux, le tout correspondant aux vestiges d'un village annulaire d'environ 100 m de diamètre. Comme quoi, je n'exagérais pas l'importance du site dans mon introduction ! Il s'agit du deuxième site de la préfecture en nombre d'habitation pour le Jōmon Ancien, le premier étant Yoshimine (吉峰遺跡, ville de Tateyama) avec vingt-deux (22) habitations.

   Il s'agit donc d'un habitat annulaire avec les tombes regroupées au centre dans une aire funéraire d'environ 65 m de diamètre, entourées par l'aire domestique comprenant les habitations. Les habitats annulaires du Jōmon Ancien sont rares dans la préfecture (disons qu'avec les sites de Yoshimine et Hikaoka, on en est maintenant à deux…) mais il en existe quelques uns pour le Jōmon Moyen comme Kitadai (北代遺跡, ville de Toyama) ou Hayatsukiuwano (早月上野遺跡, ville de Uozu), ce qui permet d'espérer quelques études comparatives sur l'évolution de ce type d'habitat dans la région dans un proche futur.
  Les tombes ne contiennent malheureusement pas d'os, mais une grande quantité de mobilier céramique et lithique. De simples fosses en pleine terre ont été identifiées comme des tombes d'adultes, alors que plusieurs vaisselles en céramique enterrées (umegame) pourraient être des tombes d'enfants.
   Les habitations mesurent environ 6 m de diamètre et comportent invariablement un silo d'environ 80 cm de profondeur. La plus grande d'entre elle atteint les 30 m², avec trois (3) silos associés et un foyer clairement identifiable au centre. Les foyers et silos ont souvent livré des restes carbonisés de fruits à écales.

   Les structures fouillées sont donc déjà grandioses, mais elles sont également accompagnées d'un mobilier incroyablement abondant ! Environ trois cents (300) caisses de tessons de céramique du Jōmon Ancien, des haches et des houes en pierre, dont certaines tellement minuscules que *même moi* j'ai pensé le mot "rituel" (pas très fort) (pas longtemps) (et en regardant ailleurs), des pierres à moudre, à concasser,des armatures de flèches magnifiques (oui, j'aime les armatures de flèches : quiconque avec deux mains gauches qui s'est jamais essayé à la taille du silex comprend instinctivement la beauté intrinsèque de ces toutes petites choses), des boucles d'oreilles innombrables et dans un état de conservation pratiquement parfait, des perles tubulaires sublimes, et des centaines d'esquilles qui prouvent un travail local de l'outillage lithique.
   La céramique est un mélange de vaisselles du type Moroiso, de l'Est du Japon, et du type Kitashirakawa, de l'Ouest du Japon, ce qui fait de Hiraoka un point de rencontre de deux cultures. Les liens du site avec l'extérieur sont également suggérés par la provenance des matières premières pour l'outillage lithique : si les boucles d'oreilles sont principalement fabriquées avec des pierres de la ville voisine de Asahi, celles utilisées pour les armatures de flèches et autres armes et outils proviennent des préfectures de Nagano et Gifu (d'accord, c'est pas comme si ils avaient traversé la moitié du Japon, mais y'avait pas de Shinkansen à l'époque. Et Toyama est entouré de montagnes du plus bel effet sur les photos et les engelures).

   Nan, en toute objectivité, ce site mérite le bérangère award du site de l'année 2012.

English Translation... )
berangere: (magatama)
  Sept perles en cristal ont été trouvées dans une tombe hōkeishūkōbo (tombe à tumulus entourée d'un fossé quadrangulaire) sur le site de Ōtaharatakasu (太田原高州遺跡, Ōta kamimachi, ville de Takamatsu, préfecture de Kagawa). Il s'agit des premières perles en cristal retrouvées sur Shikoku pour cette période.

   Le site de Ōtaharatakasu est fouillé depuis octobre 2011 dans le cadre de travaux réalisés sur une route préfectorale. Les unités stratigraphiques supérieures ont livré des tessons de céramique Sue de la civilisation Kofun, mais la plus grande partie des vestiges sont datés de la fin du Yayoi Moyen au début du Yayoi Récent entre le Ier siècle BCE et le Ier siècle CE. Le site comporte un grand nombre de fossés qui délimitent plusieurs hōkeishūkōbo (cinq jusqu'à présent). Les fossés mesurent environ 3 mètres de large pour 1 mètre de profondeur et ils sont remplis de pierres et de vaisselles en assez bon état. Il semblerait que les pierres étaient disposées comme parement sur la face interne des fossés. Les vases, en bon état et pour la plupart avec un trou à la base, étaient probablement des offrandes funéraires.
   On ne connaît pas d'autres tombes de ce type dans la préfecture de Kagawa pour cette période : elles sont plutôt caractéristiques du Kinki et, sur Shikoku, de la préfecture de Tokushima. Elles indiquent donc de probables contacts entre ces différentes régions.




Illustrations )

   Les perles en cristal retrouvées dans une des tombes reflètent probablement elles aussi les relations entre les différentes parties de l'archipel : on connaît en effet des ateliers de fabrication de mobilier en cristal dans la région de l'ancien Tango-no-kuni (dans le nord de la préfecture de Kyōto) ou la préfecture de Tottori, sur la côte de la Mer du Japon. Les perles de cristal étaient essentiellement exportées vers la péninsule coréenne, probablement échangées contre du mobilier métallique. Il est très rare d'en retrouver sur l'archipel en dehors des régions qui comportent des ateliers. Avant cette découverte à Kagawa, on en connaissais uniquement dans les préfectures de Fukuoka et de Okayama.
   Les perles trouvées à Ōtaharatakasu mesurent 7 mm de diamètre, elles sont en forme de toupies ou bien rondes, avec un trou de 1,5 mm en leur centre. Elles sont similaires à des perles produites dans l'atelier du site de Naguoka (ville de Kyōtango, préfecture de Kyōto). Ce site est situé à 180 km à vol d'oiseau, de l'autre côté de la Mer du Setouchi. Si les perles proviennent effectivement de cet atelier, cela fournira des indications précieuses sur les réseaux commerciaux dans l'archipel au yayoi Moyen.



   À noter que deux perles tubulaires en pierre verte ont également été retrouvées dans une autre tombe.



berangere: (anthropo fun)
  En raison du sol volcanique, les os sont rarement conservés sur les sites japonais. On les trouve presqu'exclusivement dans les amas coquilliers formés autour des habitats, essentiellement sur la côte pacifique de l'archipel. Les amas coquilliers sont beaucoup plus rares de l'autre côté, vers la Mer du Japon (mais ils existent, hello, Odake), nous avons donc peu d'ossements humains pour toute cette zone.
  Voila pourquoi le site de Sotomeyachi (五月女萢遺跡, préfecture d'Aomori, Goshogawara-shi) est assez exceptionnel : il a livré des sépultures contenant des os, et il n'est même pas un amas coquillier ! Bon, il est tellement près de la mer que des coquillages se sont mélangés au sable du sol pour former un milieu beaucoup moins acide, et beaucoup plus propice à la conservation des os et autres matières dures animales.

  Le site comporte 103 fosses, dont 80 sont probablement des tombes (on espère trouver d'autres ossements à l'avenir). Il est daté du Jōmon Récent et du Jōmon Final (occupation de 1000 à 300 BCE).
  Les ossements ont été retrouvés dans trois fosses : l'une d'elle contenait un adulte complet, dont le crâne montre des extractions volontaires de dents, une autre contenait le crâne d'un enfant d'une dizaine d'années et une troisième un adulte incomplet. Une autre fosse a livré des dents associées à un instrument en jade et des traces d'ocre : il s'agit probablement d'une sépulture avec mobilier funéraire.
En dehors de ces éléments funéraires, on a également retrouvé la trace d'une voie de circulation, des fragments de dogūs (figurines en terre cuite), de sekibōs (sceptres en pierre), des tessons de vaisselles en céramique, jetés dans ce qui semble être un dépotoir.

  Malgré la taille réduite de la collection, au vu du manque de données ostéologiques pour cette région, il s'agit d'une découverte importante et des analyses ADN sont prévues. Chaque squelette permettra un jour d'avoir une vision plus précise des populations jōmons.

Illustrations et sources )
berangere: (Default)
   En très bref, même, je n'ai pas grand chose à dire. Le net non plus d'ailleurs : même le Yomiuri (qui semble être le seul journal à avoir relaté la découverte) a retiré son article avant même que j'aie le temps de le lire.

   Iwaigaki-kamigahara (石井垣上河原遺跡, préfecture de Tottori, district de Saihaku, ville de Daisen) est un site qui date de la transition entre les civilisations Yayoi et Kofun (vers 250 CE), à l'extrême limite de la période abordée par ce journal. Il est fouillé depuis la fin du mois d'avril de cette année et on y a retrouvé quatre (4) tombes à tumulus, dont deux (2) du type yosumitosshutsugatafunkyūbo (四隅突出型墳丘墓), que l'on peut traduire par "tombe à tumulus avec des projections aux quatre coins".












  Comme un bon dessin vaut mieux que trois paragraphes de descriptions incompréhensibles, voici la première image qui m'est donnée par google :



  Un de ces deux tumuli comportait une sépulture avec coffrage en pierres de 2 m de long sur 0,7 m de large.


Vue générale du site pendant la conférence ouverte au public.
A large view of the site, during the public conference about the discoveries.


La tombe avec coffrage en pierres.
The tomb with stone shuttering



   Nous tenons probablement le vainqueur du prix du site avec le nom le plus long pour 2011.
berangere: (dogu)

   Une gangū, c'est comme une dogū, mais en pierre.

土偶 dogū : figurine en céramique
          土 = terre ; 偶 = de forme humaine (mais le terme est utilisé pour toute les figurines, mêmes animales)
          pour les exemples concrets, voir le tag consacré : dogus
岩偶 gangū : figurine en pierre
          岩 = pierre ; 偶 = de forme humaine.

   Fermons ici cette annexe de 「l'idiotisme japonais inutile du jour」 et revenons-en à l'actualité archéologique.

   Le Centre pour les Propriétés Culturelles Enterrées de Hokkaidō a annoncé la découverte sur le site de Tatesaki (館崎遺跡, Hokkaidō, district de Matsumae, ville de Fukushima) d'une gangū de la deuxième moitié du Jōmon Ancien (vers 3.000 BCE).







   Pour une fois, l'image est assez grande pour mériter de figurer sous un cut : par ici )

  La photo provient du pdf de présentation des fouilles du Centre pour les Propriétés Culturelles Enterrées de Hokkaidō pour cette année.
La tablette a été retrouvée en trois morceaux, la partie où figurait la tête a disparu. Le corps humain est figuré par des lignes gravées dans la pierre. Les membres ont été volontairement omis, signalant une représentation abstraite de l'être humain.
   Cette gangū mesure 37 centimètres de haut, 29 centimètres de large et environ 2 centimètres d'épaisseur, ce qui en fait probablement l'une des plus grande de l'archipel. Elle est en tuf volcanique (comme les Moais de l'île de Pâques. Merci de ne pas conclure à un lien entre les deux civilisations).
   Des gangūs sont retrouvées un peu partout sur l'archipel, mais en quantités beaucoup moins importantes que les dogūs. Elles sont produites à partie du Jōmon Ancien. Celle-ci a été trouvée dans la terre qui comblait une habitation semi-enterrée à la fin du mois d'août.

berangere: (kame)
Arao Minami refait parler de lui. Car ce blog sait repérer les sites prometteurs parmi les dizaines d'articles publiés chaque jour. Ou alors, c'est le hasard.

Arao Minami (荒尾南遺跡, préfecture de Gifu, ville de Ōgaki, quartiers de Arao et Hinoki), donc, est un site sur lequel circulent des informations contradictoires. Voici la source pour les informations de cet article. C'est le Le Centre Préfectoral pour la Protection des Propriétés Culturelles de Gifu, ils fouillent le site, je suppose donc que les informations ne sont pas passées par le filtre déformant d'un journaliste avant.
Arao Minami est un site fouillé depuis 2006 qui s'étend probablement sur environ 180.000 m² (les limites de l'occupation sont encore à déterminer exactement). Il est occupé du Yayoi au Kofun et comporte notamment un habitat du Yayoi Récent (qui perdure jusqu'au Kofun Ancien). 310 habitations semi-enterrées de cette période ont déjà été retrouvées. Il existe également une occupation funéraire avec 190 tombes retrouvées datées du Yayoi Moyen au tout début de la période Kofun. Il s'agit de tombes quadrangulaires entourées d'un fossé, assez caractéristiques de la civilisation Yayoi.
Comme signalé dans mon article précédent, le site a également livré plusieurs cercueils en bois datés du Yayoi Ancien, mais la découverte ne semble pas assez importante pour qu'on en fasse mention dans le résumé officiel des découvertes sur le site de la préfecture.





Alors, quoi de neuf Arao Minami ?  )
berangere: (Default)
... bien que j'aie du mal à comprendre comment on peut confondre les deux. Si on exclut les pratiques cannibales.

   Ōfuru II (大古Ⅱ遺跡, préfecture de Wakayama, district de Nishimuro, ville de Shirahama, Ōfuru) est un des sites fouillés dans le cadre de l'extension vers le sud de l'autoroute du Kinki, comme Tachino. Quatre zones de fouilles ont été ouvertes, sous les quatre futures piles d'un futur pont, sur une surface de 1100 m².
  On y a découvert une canalisation moderne de 4 x 20 mètres, un bâtiment antique sur pilotis, et quantité de vestiges du Yayoi Moyen (1000 BCE) : des trous de poteaux, des tessons, du mobilier lithique dont de nombreuses pointes de flèches, et ce qui nous intéresse dans le cadre de cet article : 20 à 30 fosses (qui doivent être comme le menhir qu'on ne peut pas compter, sinon, je ne vois pas pourquoi on n'en connaît pas le nombre exact...), accompagnées d'un mobilier identifié comme des ustensiles de cuisine. Le mobilier était à l'intérieur des fosses et disséminé autour.


des ptits trous des ptits trous, encore des ptits trous...

  Les fosses sont elliptiques et mesurent de 1 à 2,50 m de long pour 0,5 à 1 m de profondeur. Les "ustensiles de cuisine" comportent de grandes pierres plates probablement utilisées comme plan de travail, des marteaux pour écraser et broyer la nourriture et des plats en pierre pour récolter la farine obtenue. De très nombreux fragments d'os ont été retrouvés, probablement les restes des animaux consommés.


grande pierre plate et marteau/meule.

  Cela ressemble donc terriblement à une cuisine, probablement une cuisine commune pour un groupe humain étendu, avec de nombreuses fosses-dépotoirs...

  Mais il semble que l'équipe en charge du site ne se satisfasse pas de cette explication, et considère qu'il existe une possibilité pour qu'il s'agisse d'un cimetière, compte tenu du grand nombre de fosses... Un examen approfondi des os et des tessons sera nécessaire pour déterminer avec précision la nature du site.
...
  Les os doivent être vraiment dans un sale état pour qu'il ne soit pas possible de déterminer immédiatement si il s'agit d'os humains ou animaux... Mais il ne faut exclure aucune possibilité : nous sommes peut-être en présence d'un nouveau type de pratiques funéraires inédit, consistant à broyer les morts pour les réduire en poudre avant de les enterrer avec les instruments ayant servi à la cérémonie.
  J'ironise, mais je vais avoir l'air ridicule si ils prouvent que c'est un cimetière...

Une carte et la source )
berangere: (anthropo fun)
  Oh ! Un article sur l'archéo jap qui a réussi à faire son chemin jusque sur les sites d'actu anglophones ! Il n'y a pas de raison que les sites francophones soient en reste, même si, pour ma part, je trouve cette découverte bien moins passionnante que, par exemple, celle du site de Odake... Voici donc une présentation de l'événement archéologique japonais interplanétaire de l'année :

   Le site de Mabuni Hantabaru (摩文仁ハンタ原遺跡, préfecture d'Okinawa, île d'Okinawa, ville de Itoman) est en lui-même un site funéraire intéressant du Jōmon Récent (2000 - 1000 BCE) avec une stratigraphie complexe : sépulture collective secondaire avec réductions de corps, tout ce que j'adore. Pour le moment, le NMI* est de 85 individus mais les restes osseux sont toujours en cours d'analyse.
   Il y a plusieurs phases d'utilisation du site. Dans les unités stratigraphiques supérieures, les individus sont enterrés avec des pierres autour de la tête, dans les unités stratigraphiques inférieures, la mode est aux réductions de corps. 80% du mobilier retrouvé (232 pièces en 2009, je n'ai pas trouvé de chiffres plus récent, mais les fouilles se sont poursuivies en 2010) est en os décoré de ciselures.


Non, je n'ai pas d'illustration plus grande...



  Mais ce qui émeut nos amis anglophones (et les journalistes japonais aussi, ne le nions pas !), ce n'est pas la grande quantité d'os retrouvée, ou la qualité du mobilier mais un ulna droit (os de l'avant bras) qui mesure 28 centimètres de long. De la longueur de cet os, on a déduit la taille de l'individu auquel il a appartenu, et il se trouve qu'il devait mesurer 169 centimètres. Taille tout à fait respectable quand on sait qu'à l'époque la taille moyenne des individus mâles est estimée à 158 centimètres. Et voilà donc ce pourquoi le site fait une apparition sur le net anglophone (le net japonais est en émoi également, hein).
  Il est vrai qu'il s'agit du plus grand ulna retrouvé pour les zones de Kyūshū et Okinawa pour cette période, et qu'il est accompagné d'un autre ulna, ayant appartenu à un individu ayant mesuré 164 centimètres. Même en dehors de Kyūshū et d'Okinawa, les os de cette taille restent rares.


"le corps du délit". à droite. à gauche c'est un radius.

  Donc, sur 85 individus, on a deux grands. Je pense que c'est un peu mince pour conclure à l'existence d'un groupe ethnique allogène sur Okinawa à l'époque (si, si, cette théorie circule). Pour information la taille moyenne des hommes français est de 177 centimètres. Comptez le nombre de français que vous connaissez mesurant plus de 187 centimètres et vous verrez que les individus dépassant la moyenne de 10 centimètres ne sont pas monnaie rare.
  Mais on ne peut pas empêcher les gens de s'enflammer. Certains sites parlent même d'une évolution locale depuis l'Homme de Minatogawa, qui correspond aux plus anciens spécimens humains découverts au Japon (à Okinawa), datés de 16.000 BCE. [La population dite jōmon serait arrivée plus tard, en provenance du nord].14.000 ans sans squelettes intermédiaires, c'est un peu léger pour développer une théorie solide. Surtout si on considère que les squelettes de l'homme de Minatogawa retrouvés appartenaient à des individus mesurant entre 150 et 155 centimètres, et donc plus petits que la moyenne des Jōmons... Si vous voulez faire de cet ulna de 28 centimètres le fer de lance d'une théorie concernant l'implication d'un autre groupe ethnique, choisissez-en au moins un avec une taille moyenne plus importante...
  D'autres sites parlent de relations pacifiques et harmonieuses avec d'autres groupes humains étrangers à une époque où les sociétés humaines ne connaissaient pas la discrimination. Je ne vois aucune objection à cela pour la partie "relations avec d'autres groupes humains" : seule une analyse plus poussée des ossements nous permettra de conclure quant aux éventuels liens de parenté entre les différents individus. Mais pourquoi pacifiques et harmonieuses ? Pourquoi pas, remarque. 

  Ce qui me rassure, c'est que les gens en charge du site sont beaucoup plus rationnels. Matsushita Takayuki, qui est directeur du Musée Anthropologique du site de Doigahama (préfecture de Yamaguchi sur Honshū, un autre site paradisiaque pour anthropologues funéraires, que je vous recommande), si il admet le caractère exceptionnel de la taille de ces os, dit qu'elle peut très bien s'expliquer par des variations individuelles. De même il peut s'agir de deux individus venus de l'extérieur, mais il va falloir trouver un nombre conséquent de squelettes présentant les mêmes caractéristiques avant de pouvoir conclure à la présence significative d'une population allogène complète.
  Les résultats des analyses des os du site de Mabuni Hantabaru (de tous les os et pas seulement deux ulnas) seront présentés le 3 septembre au Musée de Doigahama au cours d'un symposium.


NMI : Nombre Minimal d'Individus = On sait qu'ils étaient au moins 85, mais il est très possible qu'ils aient été plus, c'est juste qu'on ne peut pas le prouver.
berangere: (anthropo fun)
   Ikenobō (préfecture de Hiroshima, ville de Fukuyama, quartier de Kannabe) est un site funéraire sur lequel ont été retrouvées depuis mai 69 tombes datées du Yayoi Moyen au Kofun Ancien.

  Parmi ces tombes on compte 4 tombes avec coffrage de pierres (voir photo) et 65 tombes en fosse. Certaines des tombes en fosse comportent des traces laissant penser qu'elles ont pu contenir un cercueil en bois.
  Dans les tombes ont été retrouvées notamment trois pièces de mobilier en fer dont une (ou des, merci la non-déclinaison des noms en japonais...) faucille(s), et de nombreux tessons de poterie yayoi.

  Les tombes sont entourées d'un fossé circulaire qui correspond probablement aux premières étapes vers la construction des kofuns*. Trois kofuns (qui sont donc des tombes monumentales à tumulus caractéristiques de la civilisation suivant le Yayoi) ont d'ailleurs été retrouvées à proximité immédiate du site.

  * je promets un article sur la nomenclature des tombes japonaises dès que j'en aurai le temps.






Source )



quoi qu'en disent les dictionnaires de traduction, ceci n'est pas un sarcophage,
mais bien un coffrage
. j'accepte le terme de ciste.

berangere: (yajiri)
... le Yayoi n'existe toujours pas.

   Le Jōmon étant une civilisation bien sympathique, les habitants d'Hokkaidō n'ont pas cédé à l'effet de mode qui a conquis le reste de l'archipel et ont décidé de conserver leur mode de vie malgré la généralisation de la culture du riz chez leurs voisins. Le fait que le riz ne soit pas franchement adapté au climat d'Hokkaidō a peut-être joué un rôle dans ce choix, mais, une fois de plus, il ne nous sera pas possible d'accéder à la pensée qui sous-tend le geste, ou en l'occurrence, l'économie de subsistance.
   Quoi qu'il en soit au IIIè et IVè siècle de notre ère, à l'époque où le site de Takano 3 est occupé, ses habitants participent à une culture nommée Zoku-Jōmon 続縄文時代 en japonais et Épi-Jōmon ou Post-Jōmon dans la littérature en langue occidentale. Il s'agit indubitablement de Jōmon, ce site correspond donc bien à la période couverte par ce journal.

(Tout ça pour pouvoir parler de couteaux en obsidienne...)

  Le site de Takano 3 (高野3遺跡, Hokkaidō, district de Abashiri, ville de Bihoro, Takano), fouillé de mai à août cette année, s'étend sur 1000 m².  Dans une tombe, on a trouvé un mobilier funéraire assez exceptionnel comportant notamment une vaisselle en céramique intacte, deux couteaux en obsidienne et 22 pointes de flèches en obsidienne.



  La tombe est une fosse elliptique de 2 mètres de long par 1,2 mètre de large. Comme souvent, le squelette n'a pas été retrouvé.

  La vaisselle mesure 15 centimètres de haut et 14 centimètres de diamètre à l'ouverture. À quatre endroits sur le bord, elle présente des protubérances regroupées par deux ou trois. Le pot est décoré par l'application sur sa surface avant cuisson de cordes nouées qui donnent les motifs caractéristiques de la poterie jōmon (Jōmon signifiant "motifs de cordes").

  Les couteaux mesurent 13 centimètres et 8,5 centimètres de long. Les pointes de flèches sont triangulaires, avec une épaisseur de 1,5 millimètre seulement.

  Ce mobilier ne présente aucune trace d'utilisation : il a vraisemblablement été fabriqué uniquement dans le but de servir de mobilier funéraire.

  Bon. Je ne fais pas un article sur toutes les découvertes de tombes du Japon, alors pourquoi celle-ci ? Déjà, si la céramique jōmon est très bien caractérisée, représentée par des milliards de pots, ancrés dans une typologie précise, les découvertes de pots entiers, si elles ne sont pas incroyablement exceptionnelles, restent rares. Assez rares pour mériter des articles avec photos dans les journaux nationaux deux ou trois fois par an.
  Ensuite, il s'agit d'un mobilier particulier (et je ne parle pas de mon inclination déraisonnable pour l'obsidienne). Le mobilier funéraire jōmon est, la plupart du temps, un mobilier usagé. On enterre le mort avec des objets qu'il a utilisés de son vivant, ou bien que les personnes en deuil prélèvent sur leurs propres possession pour en faire cadeau au décédé. Les tombes comportant un mobilier neuf sont très rares au Jōmon, mais deviennent plus fréquentes dans les civilisations suivantes. Cela dénote d'un glissement dans la manière dont la population inhumante envisage le mobilier funéraire. Il s'agit au départ des possessions du mort et il est probablement naturel de les ensevelir avec lui. Inhumer du matériel neuf implique l'abandon de l'implication sentimentale, du lien qui unit le mort au mobilier présent dans sa tombe. Le mobilier revêt une signification symbolique, et l'on peut amorcer un glissement vers un mobilier funéraire à valeur rituelle, comportant des éléments non-fonctionnels comme on en trouve dans les tombes ultérieures.
  Les populations sont en général très attachées à leurs traditions funéraires. Une modification de celles-ci permet d'envisager une transition dans les mentalités bien plus certaine que celle impliquée par des changements dans les styles céramiques, par exemple.
(et je ne dis pas ça parce que l'anthropologie funéraire est une de mes spécialités !)

Source )

 



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   Une tombe à enceinte quandrangulaire (方形周溝墓 hōkeishūkōbo) a été découverte sur le site de Kitaoogi (北青木遺跡, préfecture de Hyōgo, ville de Kōbe, quartier de Higashinada, Kitaoogi), datée du Yayoi Moyen, au début de notre ère.
   Le site de Kitaoogi comporte des occupations du Jōmon Récent au Moyen-Âge. Il est situé le long d'une voie de chemin de fer et est fouillé régulièrement depuis 1984. La campagne actuelle est la septième et a déjà permis la mise au jour d'une dōtaku du Yayoi Moyen. Le fossé qui enclot la tombe mesure environ 7 mètres du nord au sud et 4 mètres de l'est à l'ouest. La tombe comportait quatre cercueils en bois de 40 centimètres de large pour 1 mètre de long. Leur taille laisse penser qu'il s'agit de tombes d'enfants (ou d'individus ayant subi une réduction de corps).
   Comme la tombe a été érigée sur une couche de sable impropre à l'agriculture, les chercheurs pensent qu'il s'agit peut-être là d'une utilisation raisonnée de l'espace : installer les zones funéraires sur des terres qui ne feront pas défaut pour l'économie de subsistance. Il s'agit de la première découverte de vestiges funéraires dans ce type de sol dans la ville de Kobe.

L'article de quelqu'un qui a assisté à la conférence sur site, avec des photos.
Un autre article avec plus de photos, des cercueils et de la dotaku notamment.




Source )



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  En fait, le plus grand cimetière Yayoi Ancien - Moyen de la préfecture de Tottori est Nagasetakahama dans la ville de Yurihama, avec 96 tombes, mais avec 73 tombes, celui-ci arrive juste derrière et méritait bien un titre sensationnaliste, non ?
  Un jour où le besoin de procrastiner se fera sentir, je créerai le tag "le plus...", sous lequel je regrouperai tous les articles parlant du "plus ancien quelque chose" ou du "plus grand quelque chose"...

  Brefle ! Le site de Sakaiyaishi (境矢石遺跡, ville de Nanbu, préfecture de Tottori) est fouillé dans le cadre des travaux d'entretien d'un échangeur autoroutier. Les fouilles s'étendent sur 6800 m², répartis en 5 secteurs distincts. L'année dernière, on avait déjà fouillé 40 tombes datées du Yayoi Ancien et du Yayoi Moyen. Cette année, dans une zone de 600 m² située à une centaine de mètres de la précédente, on a trouvé 33 tombes avec des traces de cercueil en bois.

  Les fosses mesurent toutes environ 1 mètre de profondeur et leurs dimensions vont de 0,8 à 2,9 mètres de long pour 0,5 à 1,7 mètres de large. Les petites dimensions concernent six tombes qui pourraient avoir été des tombes d'immatures. Le mobilier funéraire ne comporte que des tessons et offre peu de renseignements quant aux statuts sociaux des inhumés.
  Les tombes portent les marques en négatif des planches des cercueils. Certaines comportent un coffrage en pierres destiné à maintenir les planches sur l'extérieur du cercueil. Une seule tombe présente des pierres sur les quatre côtés.
  Les 40 tombes fouillées l'an dernier présentent peu de différences structurelles par rapport à celles de cette année, et sont datées de la même période : il est possible que nous ayons à faire au même espace funéraire (d'où l'emphase du titre : si tel est le cas, il est très probable que le nombre de 96 tombes soit largement dépassé).


   Une tombe avec le coffrage de pierre sur trois côtés.

  Dans le même site, sur la colline surplombant la zone fouillée, on a retrouvé un habitat daté du Yayoi Récent au Kofun Moyen, avec 5 habitations semi-enterrées, dont une relativement imposante, de 6 mètres de côté, comportant de très nombreux trous de poteaux. L'étude de cette structure a révélé que l'habitation avait été reconstruite / réaménagée au moins 4 fois. L'habitat comportait également trois silos de 1,5 mètre de profondeur, et on y a trouvé notamment un magatama (perle en forme de griffe) en jade.
  La précédente campagne de fouilles avait permis de dégager 30 habitations semi-enterrées et 12 bâtiments à plancher surélevé.

Sources )


berangere: (anthropo fun)
  Le site de Takaetsuji (高樋辻遺跡 préfecture de Fukuoka, groupe de Mii, ville de Tachiarai) est fouillé depuis mai 2009 sur une surface de 350 m². Il est situé sur une colline (altitude 18 mètres) sur la rive gauche de la rivière Tachiarai.
 
  Le site comporte à la fois des tombes en jarres, caractéristiques de l'ouest de la préfecture de Fukuoka et de la préfecture de Saga (oui, oui : Yo-shi-no-ga-ri), des tombes avec un coffrage en bois et des tombes en fosses.
  En 2009, on a trouvé 54 tombes en jarres, en formation très dense, et 62 tombes en fosses, avec ou sans coffrage en bois. Cette année, on a trouvé 26 tombes en jarres et 14 tombes en fosses, avec ou sans coffrage en bois.

  La plus grande fosse contenant une tombe en jarre mesure 3,5 m de long, 2 m de large et 1,4 m de profondeur. La structure funéraire est composée de deux jarres en céramique, jointes par l'ouverture (awase guchi kamekan), chacun de 80 cm de haut et 80 cm de diamètre. La plupart des jarres sur le site ont ces proportions. Il y a également des jarres plus petites, de 40 cm, qui ont probablement été utilisées pour l'enterrement d'enfants (comme d'habitude souvent, les os n'ont pas été conservés) (à l'exception d'une dent) (on se demande vraiment comment).
  On n'a trouvé aucun mobilier funéraire pour le moment : il s'agit probablement là d'un cimetière populaire. C'est, par la superficie et le nombre de sépultures, le plus grand cimetière du Yayoi Moyen retrouvé dans cette ville.




la source )

berangere: (anthropo fun)
  Le service de presse du Centre pour la Protection des Propriétés Culturelles de la préfecture de Gifu boit. Ou alors il s'est dit "rhaaaaa, nous n'avons qu'un seul article sur ce formidable et merveilleux webjournal français qui parle d'archéologie japonaise, vite, publions une actualité".
   Je ne vois pas d'autre explication.

   Le Centre Préfectoral pour la Protection des Propriétés Culturelles à annoncé hier la découverte d'un groupe de tombes présentant des cercueils en bois sur le site de Arao Minami (荒尾南遺跡, préfecture de Gifu, ville de Ogaki, quartier de Arao).
   Mais ce blog en parle déjà dans un billet daté du 16 novembre dernier... Distorsion temporelle ? **

   Les cercueils ont été retrouvés à proximité du lit d'une ancienne rivière qui coulait à cet endroit du Jōmon Final au début du Kofun. La nature très humide du terrain a permis une bonne conservation des matériaux périssables. Le groupe comporte neuf tombes, mais deux des cercueils seulement ont été conservés dans leur intégralité.
  Il s'agit de cercueils faits de planches de bois assemblées(組み合わせ式箱形木棺) : ils ont tous une planche au sol et une planche sur chaque côté. Deux des cercueils présentent de petites planches à la tête et aux pieds, un cercueil n'a qu'une seule de ces planches, et on n'en a retrouvé que des traces dans les six autres cas.

La suite, des illustrations et une source )
berangere: (anthropo fun)
  La mairie de la ville de Toyama propose une courte exposition intitulée 「La capsule temporelle de l'Histoire」 pour présenter les résultats des fouilles de l'année 2010  sur sa commune, ce qui inclut les fouilles du (désormais) célèbre amas coquillier de Odake (小竹貝塚).
  Qui compte finalement 78 corps, on ne finit pas d'en découvrir dans tous les coins !

  L'expo se tient du 7 au 11 et on pourra notamment y admirer une réplique d'un crâne d'un individu féminin trouvé à Odake. C'est étrange cette manie de fabriquer des copies dès qu'il s'agit d'os humains... Je me souviens d'une étudiante québécoise en cours d'ostéologie qui nous avait demandé si les os qu'on utilisait étaient des vrais... Je me demande si les squelettes dans les salles d'anatomie à l'étranger sont en plastique...

  Brefle, l'exposition sera ensuite présentée du 19 avril au 15 mai au Musée du château de Yasuda, toujours à Toyama.


Le Mainichi )
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  L'amas coquillier de Hobi (保美貝塚)(préfecture de Aichi, ville de Tahara) est célèbre car il comporte des sépultures collectives, et que ce n'est pas une pratique funéraire très courante au Jōmon, où la mode est plutôt à l'inhumation individuelle en pleine terre avec les membres inférieurs repliés. Ou éventuellement à l'inhumation (primaire ou secondaire) en jarre.
  En fait, Hobi comprend :
- deux sépultures collectives, l'une sur la zone 1 et l'autre sur la zone B (respectivement avec un NMI* de 14 et de 6, c'est pas non plus la Chaussée-Tirancourt**),
- 31 sépultures primaires individuelles,
- un mobilier riche avec des dogūs, des outils en pierre, en matières dures animales...

  Les fouilles qui ont permis de mettre au jour ces sépultures datent des années 1960, mais une nouvelle campagne de fouilles est en cours ; elle a commencé le 19 février et prendra fin le 18 mars. Elle est menée par une équipe de 20 chercheurs d'universités différentes (Université de Tōkyō, Université de Kyōto, Université de Nagoya...), archéologues ou anthropologues, sous la coordination de Yamada Yasuhiro, professeur à l'Université de Shimane.
  L'endroit fouillé se situe dans la zone "B", où on a déjà trouvé une sépulture collective précédemment. Le périmètre de fouilles mesure 4 mètres du nord au sud sur 6 mètres d'est en ouest. Dans la partie sud-ouest de cette zone, à une vingtaine de centimètres sous la surface du sol, on a trouvé une banjōshūkotsusō, à proximité immédiate d'une autre sépulture collective et d'une sépulture en jarre. La jarre contenait de nombreux os humains brûlés.
  Les trois sépultures ont été trouvées dans la même unité stratigraphiques et appartiennent probablement à la même période, datée par la typologie céramique du début du Jōmon Final vers 1000 BCE. C'est la première fois que l'on trouve ce type d'association de pratiques funéraires pour cette période.
  À noter qu'à 2 mètres environ au nord-est, on a également trouvé une sépulture individuelle primaire, avec les membres inférieurs repliés. Le mobilier funéraire comprenait une parure de hanches en os de cerfs et une épée en pierre.
  Le mobilier de la zone fouillée quant à lui comportait des pointes de flèches en pierre, des os de sangliers et des haches polies.

  La dernière découverte d'une banjōshūkotsusō remonte à 1984. C'était celle de l'amas coquillier de Ikawazu, dans la même ville. Avec cette découverte, le nombre de banjōshūkotsusōs sur l'archipel passe à onze (11). Toutes ces sépultures ont été trouvées dans la région de Mikawa (préfecture de Aichi).
  Le ministère de l'Éducation, de la Culture, des Sciences (...) va financer des recherches sur trois ans à compter de cette année pour analyser les restes humains récoltés au cours de cette campagne pour déterminer la période à laquelle les os ont été enterré et les opérations qu'ils ont subi, l'âge au décès des individus inhumés, leur sexe, les éventuelles relations familiales, leur régime alimentaire...
  Des fouilles sur une aire plus importante sont également prévues pour cet été.


*NMI : Nombre Minimum d'Individus. Par exemple si on a 4 humérus droits, 4 tibias droits et 6 tibias gauches, on est sûrs qu'il y avait au moins 6 individus au départ. Au moins. Il peut y en avoir eu plus, les 4 humérus n'appartiennent pas forcément aux mêmes types que les 4 tibias. Mais on ne le sait pas, donc on table sur 6.
** qui doit facilement atteindre les 400 individus.

La source )

Itazuke

Mar. 3rd, 2011 05:28 pm
berangere: (itazuke)
  La déferlante Kofun continuant de noyer les actualités archéologiques, voici une présentation de Itazuke, qui est peut-être mon site préféré. Il est dans le top 10 en tous cas.
  Itazuke (板付遺跡), site phare de la transition entre le Jōmon et le Yayoi, complètement inconnu des riverains*...

  Situé sur le plateau d'Itazuke (préfecture de Fukuoka, ville de Fukuoka, quartier de Hakata) sur une terrasse basse, le site d'Itazuke est un habitat à enceinte occupé du Jōmon Final au Yayoi Récent. Il est classé Site Historique National depuis 1976 car je ne suis pas la seule à penser qu'il est formidable.
  Le plateau d'Itazuke mesure 650 x 200 mètres environ et est bordé à l'est par la rivière Mikasa et à l'ouest par la rivière Morooka.
















Par ici )


* véridique : je connais plusieurs personnes dans la ville de Fukuoka qui n'en ont jamais entendu parler.
** fouilles de Hashimuregawa, préfecture de Kagoshima.
berangere: (Default)
  On ne peut pas dire qu'il n'y ait pas d'actualités archéologiques, mais...
  Je ne sais pas, le fait d'avoir eu le droit de fouler pendant 3 heures le sol d'une supposée tombe impériale a peut-être relancé l'intérêt du public (des journalistes) pour la période kofun. Il n'y en a que pour elle :


(tous les articles précédés d'une étoile traitent de la période kofun)
(les deux articles sur le Yayoi parlent 1- de
l'expo sur les tokushu kidais de Kashihara ; 2- du classement du site de Kanzaki. La pointe de l'actualité, donc)


  Donc, en cette période creuse, voici la présentation du site de Egenoyama, que nous évoquions ici.



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