Les fouilles du site de
Odake sont enfin terminées.
Petit récapitulatif : Odake, amas coquillier du Jomon Ancien occupé entre 4000 et 3500 BCE, Kureha-
machi Nord, ville de Toyama, préfecture de Toyama, habitat (d'où les coquilles, oui, forcément) accompagné d'un cimetière.
Le décompte final pour les sépulture est de 71 corps ! Dont 2 immatures ! + 4 vaisselles qui ont probablement contenu des corps de périnatals.
L'espace funéraire est situé dans l'est de l'amas coquillier, les corps sont regroupés dans un cimetière d'environ 400 m².
44 des corps avaient les membres inférieurs fléchis (屈葬) et dans 10 des tombes le défunt tient dans ses bras une pierre, dont la taille varie de celle d'un poing à celle d'un crâne (抱石葬, car oui, les japonais ont un nom spécifique pour ce type de tombes).
Sépultures d'adultes dont un tient une pierre

Un immature Le cimetière contenait également 11 corps de chiens, ce qui fait de Odake le site du Japon où les associations entre des sépultures humaines et des sépultures canines sont les plus fréquentes.
Yamada Yasuhiro, professeur d'archéologie à l'Université de Shimane, y voit une preuve de la domestication du chien : s'il s'agissait de victimes de sacrifices rituels, il est probable que les chiens auraient été enterrés ailleurs ; il s'agit donc de chiens de chasse.
Sauf bien sûr si le sacrifice rituel avait un quelconque rapport avec le rite funéraire, dans ce cas là, pourquoi ne pas les enterrer dans le cimetière ? non ? Ah, l'éternelle question de la pensée qui sous-tend le geste...
S'il s'agit de chiens de chasse, leur présence renseigne également sur l'importance (démographique) du village. En effet, avec l'adoption d'un système de chasse passive basé sur les fosses-pièges, l'utilité des chiens baisse. Si le pourcentage de personnes élevant un chien baisse, un grand nombre de chiens implique un très grand nombre de personnes.
Je n'y aurais pas pensé, mais c'est un raisonnement assez logique. Mais qui se base sur l'utilisation moderne que nous faisons des chiens dans la chasse. À l'état sauvage, le loup chasse en meute et poursuit sa proie, comportement qui serait tout à fait exploitable pour rabattre le gibier vers les pièges, comme il semble que ça ait été le cas dans la plupart des sites de chasse où les pièges sont disposés en un réseau serré, qui trompera l'animal qui fuit devant un prédateur, mais sera probablement évité par l'animal dans les autres cas : juste creuser le piège et attendre qu'un cerf maladroit tombe dedans, ce n'est plus de la chasse passive, c'est un optimisme démesuré.
Dans un autre registre, mais tout aussi intéressant, le site a livré la première pirogue monoxyle
jōmon de la préfecture de Toyama, d'une longueur de 2,6 m pour une largeur de 40 cm.
Cherchez la pirogue monoxyle dans ce tas de bois ? (je cherche une
meilleure photo) (ou au moins une avec une flèche indiquant où elle est...)(si ça se trouve, elle n'est même pas dans ce tas de bois là) On a également trouvé des vaisselles en bois (qui portent des traces permettant de retracer les différentes étapes de production), qui laissent penser qu'il devait y avoir une spécialisation d'une partie de la population dans leur fabrication, et qu'elles étaient peut-être l'objet d'une exportation vers l'extérieur du village.
La vaisselle en céramique, quant à elle, dénote d'une influence à la fois des vaisselles du Kansai et de celles du
Kantō.
Un cimetière important, des tombes de chiens, un amas coquillier énorme sur la côte de la Mer du Japon où ils sont généralement de taille modeste, une spécialisation d'une partie de la population, possibilité de commerce, influences de régions diverses et variées... je sens venir la publication qui présente le site comme exceptionnel et grandiose. Avec des mots comme 「centre économique」, 「plate-forme commerciale」 et 「carrefour culturel」. Vont-ils aller jusqu'à abandonner le projet immobilier pour faire un parc archéologique ?
( La source (yomiuri) )
( English translation )