berangere: (jomon doki)
  Onze habitations avaient été découvertes en 2010 sur le site de Shigareyama-nishi, situé sur une terrasse au bord de la rivière Tate (然山西遺跡, Uchinoyama, ville de Bando, préfecture de Ibaraki). Une nouvelle campagne de fouilles est en cours depuis octobre 2011 sur une zone de 12.000 m² (entre 12 et 16 mètres d'altitude). Elle a permis de dégager vingt-trois habitations du Jōmon Ancien, deux du Kofun Récent et cinq du début de la civilisation Heian.

   Les habitations du Jōmon sont rectangulaires à ovales, de 6 par 5 mètres environ. Elles sont creusées dans le sol jusqu'à 70 centimètres de profondeur et certaines comportent plusieurs foyers. L'occupation est datée des alentours de 3.500 BCE, sur une longue durée : toutes les habitations ne sont pas contemporaines.
   Le site comporte également trois amas coquilliers distincts qui occupent l'empreinte négative laissée par certaines habitations abandonnées, plusieurs foyers extérieurs, une centaine de fosses, plusieurs fossés et une voie de circulation.

   Les coquillages qui constituent les amas coquilliers sont essentiellement des palourdes : plus de cent quarante mille spécimens de yamato shijimi (Corbicula japonaica). On trouve également des sarubō (Anadura broughtoni) et des hamaguri (Meretrix lusoria). Tous ces coquillages sont caractéristiques des zones d'estuaires : au moment du réchauffement climatique du Jōmon Ancien, la mer (située actuellement à plus de 90 kilomètres en aval du site) se trouvait à proximité immédiate de Shigareyama-nishi, et les populations jōmons exploitaient les ressources de l'estuaire de la rivière Tate.
  Des pointes de flèches, des poids de filets et des pierres à moudre retrouvés sur le site indiquent que la chasse, la pêche et la cueillette leur permettaient de compléter leur régime alimentaire.


Une habitation pleine de coquillages
A dwelling full of shells



Pierre à moudre et vaisselles en céramique
Grinding stone and ceramic vessels


   En complément du mobilier lithique, le mobilier céramique mérite d'être mentionné. Très abondant, il est essentiellement composé de bols profonds (fukabachi) et de bols peu profonds (asabachi). Les marques d'utilisation relevées sur les bols profonds indiquent qu'ils servaient à la cuisson des aliments et au stockage des denrées.
   Trois anses à décor figuratif animal (獣面把手, jūmentotte) ont été trouvées sur le site. Elles représentent des sangliers et un lapin. Ce type d'anses est assez fréquent dans l'ouest du Kantō à l'époque.


Nombreuses vaisselles en céramique en place dans l'habitation 32
Many ceramic vessels in dwelling number 32


English Translation )



Les sources )

Oui, je sais... tellement d'articles et pas une seule photo des jūmentotte...
berangere: (Default)
   Jusqu'à présent il était communément admis que l'arbre à laque (Toxicodendron vernicifluum, précédemment nommé Rhus verniciflua) était une espèce allogène au Japon, importée (très tôt il est vrai) probablement de la Chine continentale.

   L'analyse de plus de 5.000 échantillons de branches, brindilles, éclats et d'objets laqués découverts dans l'amas coquillier de Torihama (dont on entend décidément beaucoup parler ces derniers temps...) par l'équipe du professeur Suzuki Mitsuo de l'Université du Tōhoku tendrait à prouver qu'il aurait existé à l'état sauvage sur l'archipel dès le Proto-Jōmon.
   Parmi ces restes végétaux se trouvait une branche d'arbre trouvée pendant la campagne de fouilles de 1984, mesurant 17 cm de long pour un diamètre de 1 cm environ.

   Une observation au microscope d'une coupe de cette branche, réalisée avec le concours de l'Institut de Recherche Multidisciplinaire sur les Forêts de Tsukuba (préfecture de Ibaraki) a permis de déterminer qu'il s'agissait d'une branche d'arbre à laque (Toxicodendron vernicifluum).


L'identification est évidente.
(Je n'en ai en fait aucune idée, mes connaissances en botanique sont proches du zéro. J'ai déjà du mal à distinguer la plupart des pollens entre eux, alors les coupes d'arbres...)

   Une datation au carbone 14 par le Musée National d'Histoire et d'Ethnologie de Sakura (préfecture de Chiba) a situé l'âge de l'échantillon entre 12.700 et 12.600 ans, ce qui correspond bien à la couche Proto-Jōmon du site de Torihama dans laquelle il a été découvert.

  Précédemment, les plus anciens spécimens d'arbre à laque au Japon étaient datés de 6.000 BP (trouvés sur les sites de Sannai Maruyama dans la préfecture d'Aomori et Ondashi dans la préfecture de Yamagata). En ce qui concerne les objets laqués, ceux du site de Kahodo en Chine (notez qu'il s'agit de la prononciation japonaise du nom du site), datés de 7.000 BP ont longtemps été les plus anciens retrouvés au monde. En 2001 toutefois, la découverte d'objets laqués datés de 9.000 BP sur le site de Kakinoshima B sur Hokkaidō a fait tomber ce record. À cette époque déjà la théorie d'une origine indigène de l'arbre à laque avait été avancée.

  Selon Okamura Michio, du Centre de Recherche sur les Propriétés Culturelles de Nara, il est peu vraisemblable que l'arbre ait été importé et cultivé si tôt dans la chronologie Jōmon. Ockham aurait tendance à nous indiquer qu'il est plus probable que l'espèce ait été indigène.

  La NHK a un reportage en ligne ! (pour un temps indéterminé) Le spécimen présenté est beaucoup plus petit que celui dont parlent les articles...

Les sources )



 



berangere: (Default)
  Il y a quelques jours semaines, je rapportais la découverte d'une habitation sur le site de Yuri (ユリ遺跡, préfecture de Fukui, groupement de Mikatakaminaka, ville de Wakasa, Torihama). 
  Je précisai alors que Yuri faisait partie d'un groupement de sites dont le plus connu était l'amas coquillier de Torihama (鳥浜貝塚). Cet amas coquillier est occupé de 10.000 à 3.000 BCE. Il est surnommé "la capsule temporelle jōmon" car la nature humide du terrain a permis la conservation d'un mobilier en matériaux périssables (peignes en laque, paniers, tissus... en tout 1376 pièces de mobilier assez exceptionnelles pour avoir toutes été classées Importantes Propriétés Culturelles Nationales). L'habitat est soudain déserté vers 3.000 BCE et on ne retrouve pratiquement aucun mobilier pour les périodes suivant le Jōmon Ancien.

  Le site de Yuri, situé à peine à 500 mètres à l'ouest de celui de Torihama, prend la relève temporelle puisqu'il a livré des traces d'occupation à partir du Jōmon Moyen. Il semblerait que les habitants de Torihama aient déplacé leur habitat vers Yuri à la suite d'un glissement de terrain, dont on a retrouvé la trace, matérialisée par une couche de plusieurs dizaines de centimètres de pierres de tailles diverses et de débris de bois. Selon Kojima Hideaki, qui a fouillé le site de Yuri en août et septembre pour le Musée Municipal Jōmon de Wakasa-Mikata, la population aurait "profité" de ce désastre pour déménager vers un endroit plus proche du lac, avec une bonne exposition au soleil, plus agréable.



Profitons-en pour proposer une photo plus récente de l'habitation de Yuri, maintenant que la fouille est terminée, ou presque :



La source )

 



berangere: (Default)
  C'est l'été ! Bon, d'accord, pour le moment, c'est tsuyu, mais dans quelques semaines on verra courir partout des enfants avec autour du cou leur cage à insectes grouillante de crissements qui donnent une envie irrémédiable de se gratter... Déjà, rien que d'écrire cet article ça me gratte de partout...

  Brefle, voici un article de circonstance sur la découverte d'un Nokogiri Kuwagata (Prosopocoilus inclinatus) entier sur un site du Jōmon Final (800 - 500 BCE).
  Le site de Akitsu (秋津遺跡, ville de Gose, préfecture de Nara) est surtout célèbre pour son occupation de la période des kofuns car on y a retrouvé des palissades en bois très bien conservées. Ce site a donc également une occupation jōmon, et les mêmes conditions qui ont permis la conservation des palissades kofuns ont fait qu'on a pu retrouver, au pied d'un chêne du Japon (Quercus acuta) au bord d'une rivière*, un coléoptère parfaitement conservé. Il s'agit de la première fois que l'on retrouve un insecte de ce type conservé dans son intégralité pour la civilisation Jōmon : les découvertes d'insectes plus petits sont plus fréquentes.

  L'insecte mesure 63,5 mm de long (dont 22,5 cm pour la mandibule : il s'agit d'un mâle) et ne présente pas de différence avec les insectes actuels.
  Il est exposé jusqu'au 12 juin au musée attaché au Kashikoken (橿原考古学研究所, Laboratoire de Recherches Archéologiques de Kashihara, qui doit être le laboratoire le plus actif du Japon OU le seul qui investit dans un service de presse, vu qu'il est cité dans 50% des articles de ce site, ou presque).



ça gratte ?
Une autre photo et une source )

* entendons-nous bien : le chêne et la rivière étaient là au Jōmon, pas actuellement.

berangere: (rizière)
  Oui, je fais dans le titre sensationnaliste, j'avais envie.

   Ikeshima-Fukumanji (villes de Higashi-Ōsaka et Hachio, préfecture de Ōsaka) est un ensemble archéologique complexe essentiellement connu pour ses nombreuses rizières datées du début du Yayoi à la période Kofun. Il a déjà été l'objet d'un article sur ce site l'année dernière.

  En 1996, une centaine d'empreintes de pattes d'oiseau avaient été découvertes dans une rizière datant de la deuxième moitié du Yayoi Ancien (vers 400 BCE). On peut noter qu'il y avait aussi des empreintes de pieds humains, mais pour une raison obscure, on en fait beaucoup moins cas que de celles découvertes à Itazuke.

  Les empreintes de pattes d'oiseaux mesurent 15 cm de long pour 12 cm de large, elles ont été conservées dnas le sol de la rizière grâce à une inondation qui a eu lieu juste après leur impression dans la boue et les a recouvertes de sable.





  L'année dernière, Matsui Shō, responsable de l'archéozoologie dans l'unité d'archéologie environnementale du centre de recherche sur les propriétés culturelles de Nara (dont on avait déjà parlé ici) a montré un moulage de ces empreintes aux vétérinaires d'un parc aux cigognes dans la préfecture de Hyōgo (県立コウノトリの郷公園), qui ont identifié plusieurs traits caractéristiques des empreintes de pattes des cigognes orientales (Ciconia boyciana), espèce vivant encore actuellement au Japon.
  Cette identification a été confirmée au mois de mars de cette année par les experts d'un centre de recherche ornithologique dans la préfecture de Chiba (山階鳥類研究所).
  Avant cela, la première trace de la présence de cigognes sur l'archipel japonais remontait seulement au VIè siècle CE (ville de Maebashi, préfecture de Gunma).










  Cette découverte permet d'inclure les cigognes parmi les modèles potentiels pour les échassiers représentés en nombre sur les dōtakus.
  Il y a par exemple un oiseau doté d'un long bec, d'un long cou et de longues pattes sur la dōtaku 5 de Sakuragaoka, datée du Yayoi Moyen (Je n'ai pas trouvé de meilleur relevé, et on ne voit rien sur les photos). Ces oiseaux sont souvent identifiés comme des grues, à cause de leur apparition dans les légendes traditionnelles liées à la riziculture.
  La représentation d'échassiers en train de manger des poissons sur d'autres dōtakus peut aussi laisser penser qu'il s'agit de hérons.
  Matsui Shō pense que les cigognes sont de bons candidats, car 「ce sont de grand oiseaux, avec les yeux et les pattes rouges, ce qui leur donne une aura divine」. Harunari Hideji, professeur émérite au Rekihaku (Muséum National d'Histoire 国立歴史民俗博物館) précise que les grues et les hérons ont également la même aura divine, et qu'il est donc impossible de conclure sur l'identification des oiseaux représentés sur les dōtakus avec les éléments actuellement en notre possession.


 

Source : Mainichi )

 



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